Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Coups de coeur urbains

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 2 août 2004 7 commentaires

Note: De nombreuses photos de Bernard Bastien ont été ajoutées à ce billet

Québec regorge d’édifices, neufs ou restaurés, qui donnent à leur bout de rue, à leur quartier ou à la ville une beauté et un souffle inspirants. Dans la foulée de sa série Québec vu par… qui débute aujourd’hui, LE SOLEIL a demandé à trois amoureux de la ville de Québec, à trois hommes qui l’ont arpentée et qui connaissent ses recoins, ses trésors cachés et ses petits miracles, de désigner leurs trois bâtiments préférés. Pour établir leurs choix, nos experts devaient se baser sur des critères qui mettent en relief des réalisations urbaines et récentes. Vous constaterez que certains édifices sont loin de satisfaire à ces exigences. Qu’importe ! Après tout, le but de cet exercice était avant tout d’éveiller les gens de Québec à la beauté de leur ville. Le résultat est intéressant, surprenant, discutable parfois, mais ô combien révélateur de l’attachement que les membres de notre « jury » portent à leur ville.

MARTIN DUBOIS, CONSULTANT EN PATRIMOINE ET CHARGÉ DE COURS A L’ÉCOLE D’ARCHITECTURE

1: Le stationnement Odéon, rue de la Chapelle, quartier Saint-Roch.

[Photo par Jean Caze]

« Je ne pouvais pas ne pas choisir une réalisation du quartier Saint-Roch, quartier en pleine effervescence depuis une dizaine d’années. Le problème était de choisir laquelle. J’ai arrêté mon choix sur le stationnement Odéon, car j’estime que ce projet constituait un grand défi. Le vieux stationnement étagé était tellement délabré que certains, dont j’étais, l’estimaient irrécupérable. Les architectes ont non seulement réussi à le rénover, mais ils lui ont donné un nouveau look très intéressant en mariant des modules de maçonnerie d’argile et des parois de lamelles translucides. Des oeuvres du sculpteur Florent Cousineau, très actif dans le quartier, agrémentent les façades. Le soir venu, la lumière qui traverse différents filtres donne un aspect fort intéressant. Cette réalisation démontre qu’un stationnement, ce n’est pas nécessairement laid. »

Réalisation : Bernard et Cloutier, architectes, 2001-2002

2 : L’École de foresterie et de technologie du bois, Duchesnay

[Présentation du bâtiment sur le site de contracteur – EN]

« Ce centre de formation professionnelle, situé en pleine nature près de la station écotouristique de Duchesnay, est à plusieurs égards un projet bien intégré à son milieu. Les concepteurs ont tenté avec succès de créer un dialogue entre l’architecture et la nature environnante. D’abord, les matériaux choisis, le verre, le bois et la pierre, créent un lien organique avec le site. L’omniprésence du verre génère des jeux de réflexion et de transparence, et les murs revêtus de cèdre rouge rappellent à la fois la fonction du lieu et son implantation en pleine forêt. Malgré les références à l’environnement, les architectes ont voulu rappeler le caractère industriel de l’activité enseignée en laissant apparents la structure métallique et les équipements de mécaniques des bâtiments. »

Réalisation : Régis Côté et Associés, architectes / Onil Poulin, Jacques Villeneuve, architectes, 1999-2000

3 : L’École de cirque, 2e Avenue, Limoilou

[Photos (01 02) par Bernard Bastien]

« Il s’agit du recyclage de l’ancienne église Saint-Esprit de Limoilou en école de cirque. A première vue, cette fonction semble incompatible avec le caractère sacré d’un lieu de culte, mais cette reconversion s’est finalement avérée un choix judicieux, en raison du grand espace et surtout de la grande hauteur qu’offrait l’intérieur de l’église. Tout en intégrant des éléments contemporains aux couleurs ludiques, les concepteurs ont fait preuve d’une grande sensibilité quant au respect de l’architecture existante, en s’assurant de la réversibilité des interventions. [Advenant] le départ de l’école de cirque, l’église pourrait reprendre son aspect d’origine ou être reconvertie à d’autres fins. J’ai choisi cette réalisation car elle ouvre la porte à l’inventivité et à la créativité dans le recyclage des lieux de culte, principal défi de conservation architectural dans les prochaines années, étant donné la grande quantité d’églises qui seront disponibles et la difficulté de leur trouver de nouvelles vocations compatibles. »

Réalisation : ABCP, Architecture et Urbanisme, 2002

LOUIS-GUY LEMIEUX, JOURNALISTE ET ANCIEN CHRONIQUEUR URBAIN AU SOLEIL.

1: La galerie Rouje, rue Saint-Joseph, quartier Saint-Roch.

[Site web, Photo par Bernard Bastien]

« Prenez un édifice commercial à moitié abandonné dans un quartier clochardisé et faites-en une galerie d’art et un lieu de création ouvert à toutes les expressions artistiques. Grâce au jeu des couleurs, où domine le rouge vif, et à celui des matériaux (verre et aluminium), Marie-Chantale Croft et Éric Pelletier ont fait d’une façade désespérément étroite un lieu attirant. Le local tout en profondeur, sur deux étages, permet expositions, installations multiples, lancements de disques et de livres, spectacles, pièces de théâtre, etc. La galerie Rouje est devenue, en trois ans d’existence, un endroit hot à Québec. »

Réalisation : Croft et Pelletier, architectes

2 : Le théâtre Capitole, place D’Youville.

« Construit en 1903, le théâtre Capitole fait partie des meubles de la Cité. Tellement, qu’on le tient pour acquis. Un peu comme le Château Frontenac, dont il est un contemporain. On oublie qu’il a été laissé à l’abandon, ouvert aux itinérants et aux goélands, hiver comme été, durant 10 ans, entre 1982 et 1992, et ce, dans l’indifférence générale. C’est un des scandales locaux, dans une ville qui n’en manque pas au point de vue du patrimoine bâti. Les erreurs du passé sont oubliées devant les qualités de cette restauration exemplaire. Il faut souligner qu’il s’agit d’une réalisation conjointe du privé et du public. Aux yeux de

l’architecture et du design, ce théâtre a plus de valeur aujourd’hui qu’au moment de sa construction, il y a 100 ans. Un petit hôtel de 40 chambres et un restaurant-terrasse font partie intégrante de la restauration. De même que l’ajout d’une salle de type cabaret. Les chambres sont comme les loges du théâtre et les dîneurs ont l’impression de faire partie du spectacle. Il faut aussi voir le nouveau Capitole des hauteurs de la promenade des remparts : un mélange réussi d’architecture contemporaine et ancienne. »

Réalisation : Denis St-Louis et Associés, architectes; Bernard Serge Gagné et Jean-Gilles Lemieux, architectes

3 : Les laboratoires AEterna, parc technologique, Sainte-Foy.

[Présentation du bâtiment sur le site de contracteur]

« On aimerait spontanément habiter cet édifice, tant ses proportions sont équilibrées, ses formes et ses volumes, harmonieux, et les matériaux, riches par leurs couleurs et leur texture. Il s’agit pourtant bel et bien d’un centre de recherche pharmaceutique. Le bâtiment est constitué de trois volumes (ou modules) qui en délimitent les principales fonctions. Une publication de l’école d’architecture a déjà souligné qu’il s’agissait d’une architecture s’appuyant sur le mouvement. Le premier module, le plus impressionnant et imposant, est revêtu de bois de teinte orangée. Ses bandes de fenêtres donnent l’impression que le toit vole et que tout le bâtiment est en lévitation. Pourtant, l’ensemble est d’une solidité à toute épreuve et répond aux besoins spécialisés de l’entreprise. »

Réalisation : Pierre Thibault, architecte, avec la collaboration de De Montigny, Métivier, Hébert, Fortin, architectes

RÉJEAN LEMOINE, HISTORIEN ET CHRONIQUEUR A « QUÉBEC EXPRESS », A RADIO-CANADA

1 : Le théâtre Impérial, rue Saint-Joseph, quartier Saint-Roch.

[Photos (01 02) par Bernard Bastien]

« Mon premier coup de coeur va à la restauration du théâtre Impérial, de la rue Saint-Joseph. L’édifice construit en 1917 abritait l’un des premiers cinémas parlants de Québec. Au fil des ans, on a démoli le cinéma de Paris, ainsi que plusieurs cinémas dans le quartier Saint-Sauveur. Mais l’Impérial est toujours là, avec sa belle devanture en terracotta, même s’il a été négligé à l’époque où il s’appelait le Midi-Minuit. L’édifice est passé de salle de cinéma porno à quelque chose de très important qui, à mes yeux, symbolise la revitalisation du quartier Saint-Roch. »

Réalisation : Les architectes Plante et Julien

2: La coopérative d’habitation de la rue Saint-Ambroise, quartier Saint-Sauveur.

[Photos (01 02) par Bernard Bastien]

« Cet édifice situé sur la rue Saint-Ambroise à l’angle des Récollets, mérite d’être connu. Il a été construit en 1915 par un marchand de tabac. Il a été transformé en coopérative d’habitation à la fin des années 70. Le bâtiment a été entièrement conservé. Notamment, et surtout, le coin vitré de la maison, qu’on appelle aussi logette, qui est d’architecture oriel monumental. Dans les années 70-80, alors qu’on démolissait tout à Québec et que les gouvernements n’avaient de l’argent que pour construire des autoroutes, les coops d’habitation ont été les premières à faire du recyclage d’édifices. Dans leur cas, le recyclage a servi à loger des gens. C’est tout à leur honneur. »

3 : L’école de rang numéro deux, boulevard Saint-Jacques, quartier Neufchâtel, à Québec.

[Photos (01 02 03) par Bernard Bastien]

« Je vais vous surprendre avec ce choix. Mais c’est dans ce quartier que l’on retrouve les derniers paysages agricoles de Québec. Malheureusement, on a scrapé beaucoup de fermes et de maisons victoriennes, au nom de l’étalement urbain et de la construction d’autoroutes dans le secteur des Méandres. J’ai connu cette école il y a une trentaine d’années, elle avait des bardeaux de cèdre et une toiture à la canadienne, elle était typique des années 30. On l’a laissée aller, elle a été vandalisée par des jeunes, elle a été incendiée et elle est devenue un ramassis de vieux bois. Moi je dis qu’elle a été massacrée à cause de l’inertie de politiciens qui n’ont aucune notion de ce qu’est le patrimoine. J’estime que le même travail d’évangélisation devrait être fait pour la protection du patrimoine de la banlieue. Cette école de rang est située près de l’un des plus beaux parcs de la région, le parc Chauveau. C’est un atout dans le secteur et la Ville devrait travailler pour protéger cet ensemble. Mais elle ne pense qu’à rallonger l’autoroute Du Vallon. »


Michèle Laferrière 30 juillet 2004. Reproduit avec autorisation

Voir aussi : Message d'intérêt public.


7 commentaires

  1. Bernard Bastien

    2 août 2004 à 11 h 10

    Comme j’ai une maudite belle journée de vacances aujourdhui, je vais faire le tour et tout prendre ça en photo, j’espère que Francis voudra les publier…

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  2. Francis Vachon

    2 août 2004 à 11 h 17

    Oh que oui! En doutais-tu vraiment? ;)

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  3. jaco

    3 août 2004 à 02 h 13

    Mes coups de coeurs urbains sont nombreux; bien sur la revitalisation de st-roch est magique!

    La mise en valeur du parlement me plait assez!
    Daccord le style Versailles ne fait pas tres ‘maison du peuple » à premiere vue…mais comme même le pauvre de st-roch fleurit sa devanture …pourquoi pas?

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  4. Geneviève

    21 septembre 2005 à 14 h 21

    Contente de constater que je ne suis pas la seule à avoir remarqué cette école! Elle me fascine à chaque fois que je passe dans le coin. Je tourne autour, je cherche des artefacts (!) J’essaie de voir l’intérieur. Mais je sais bien qu’un jour elle n’y sera plus lorsque je passerai…J’en serai bien triste alors.

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