Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


L’orme des Dominicains

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 10 mai 2011 7 commentaires

Québec – le 10 mai 2011. Suite à des appels de citoyens inquiets, Québec Arbres a demandé à ses experts d’examiner le dossier de l’orme remarquable de 200 ans situé sur Grande-Allée à proximité du chantier de la future extension du Musée national des Beaux-Arts du Québec. Selon les plans disponibles sur internet et les relevés d’un expert sur le terrain, l’avancée de l’extension pénètrerait dans la cime de l’arbre.

«Ce qui est encore plus alarmant, ce sont les dommages sévères au système racinaire que la construction du parvis du côté ouest pourrait causer. C’est sûr que pour empêcher la mort à court terme de cet arbre, il faudrait commander un devis, faire un élagage compensatoire de la cime et assurer une protection et une surveillance constantes durant la construction. Mais cet arbre subira un grand stress qui réduira fort probablement sa longévité et le rendra plus sensible à la maladie hollandaise de l’orme», rapporte Jean Lamontagne, arboriculteur.

De par son ampleur exceptionnelle, son esthétisme parfait et sa situation stratégique, cet icône figure d’ailleurs sur la page couverture du livre de Suzanne Hardy, Nos champions les arbres remarquables de la capitale. «Cet orme vénérable, à la forme parfaite de parasol, constitue l’un des plus précieux trésors du patrimoine paysager urbain de la Grande-Allée. Les atteintes qu’il pourrait subir lors du chantier risquent de le défigurer en lui enlevant la symétrie de sa cime et, surtout, de réduire ses chances de survie», s’inquiète Suzanne Hardy.

«Malgré toute la science des arboriculteurs, ils ne pourront pas faire des miracles et cet orme, tout comme la rangée d’arbres du côté ouest, pourraient mal subir les multiples stress qui leur seront infligés. Sans changement significatif au projet, les mesures palliatives ne demeureront que des mesures palliatives», soutient Jean Bousquet, professeur titulaire en foresterie à l’Université Laval.

Contactée à ce sujet, Anne Guérette, conseillère du district du Vieux-Québec Montcalm déplore le manque d’intégration paysagère et patrimoniale du projet. «Dans les exigences du concours international d’architecture, on aurait dû donner des directives claires aux architectes quant à la conservation et la mise en valeur de ce symbole de la Grande-Allée. Au lieu de cela, on se retrouve aujourd’hui à essayer de réparer les pots cassés, avec très peu de chances de réussir, même avec tous les efforts et tout l’argent qu’on y investira. Cela est tellement déplorable!», affirme-t-elle.

« Dans ce dossier, on semble avoir procédé à l’envers. Il aurait fallu qu’une aire de protection soit déterminée avant le concours d’architecture et que des consignes strictes soient données aux architectes avant la soumission de leur projet. C’est la base même du développement durable. Ne veut-on pas faire de Québec une ville verte par excellence?», commente Johanne Elsener, présidente de Québec Arbres.

Source: QuébecArbres

* Je suis allé à la conférence de presse et ai demandé à Madame Guérette si ces prétentions avaient été communiquées au Musée National des Beaux-Arts afin que leur position nous soit connue. La réponse fut négative. Faut dire que cette conférence avait lieu en même temps qu’un autre évènement animé par John Porter. Une coïncidence sans doute

Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou.


7 commentaires

  1. Raymonde

    10 mai 2011 à 11 h 48

    C’est d’autant plus désolant que ce projet en est un d’un spécialiste en art donc supposément d’un esthète.
    On aurait dû procéder de la même façon que pour la bibliothèque Collège des Jésuites il y a quelques années où il était spécifié sur les devis que les arbres devaient être conservés. Architectes, ingénieurs, constructeurs, ont respecté ces devis et le tout est une merveille. Et ça s’est fait sous les administrations Pelletier puis L’Allier que certains qualifient aujourd’hui de périodes d’immobilismes parce que les plans se faisaient sans esclandre!

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  2. Ouhgo

    10 mai 2011 à 13 h 38

    Oui, magnifique, l’orme de 200ans. Et courte vue dans l’architecture.
    Cependant, quelle est son espérance de vie encore? Considérant surtout la disparition presque totale de l’espèce, par la hollandaise?…

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  3. Francis L Utilisateur de Québec Urbain

    10 mai 2011 à 22 h 52

    Ce n’est pas que je n’aime pas le projet du musée, mais il me semble qu’il y a un manque de transparence. Un projet peut-être pas assez ouvert aux critiques et trop égocentrique ?

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  4. Léonce Naud

    11 mai 2011 à 07 h 11

    S’il y avait eu débat public, ce projet d’agrandissement n’eût pas survécu à l’opération. C’est pourquoi ses promoteurs ont soigneusement empêché que la population du Québec dans son ensemble puisse dire ce qu’elle en pense.

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  5. Gérald Gobeil Utilisateur de Québec Urbain

    12 mai 2011 à 14 h 18

    Bonjour M. Gobeil,

    Vous trouverez ci-dessous un commentaire de la part du Musée national des beaux-arts du Québec à mettre en ligne sur Québec Urbain en lien avec le blogue intitulé L’Orme des Dominicains. Je vous remercie par avance pour votre collaboration et je vous transmets mes meilleures salutations.

    Contrairement à ce que peuvent croire certaines personnes, il était spécifié dans le Règlement du concours d’architecture pour le nouveau pavillon du MNBAQ que l’orme situé devant l’ancien couvent devait être protégé. Dans les plans d’architecture, actuellement en cours de finalisation, le grand orme est toujours protégé et il est clair que toutes les précautions nécessaires seront prises pour sa préservation. Il est depuis longtemps prévu que le Musée aura recours à des arboriculteurs spécialisés pour faire en sorte que le grand orme de la Grande Allée soit non seulement préservé, mais mis en valeur. En somme, il y a plus de deux ans qu’il est régulièrement question de l’orme et de sa protection. Encore récemment, et bien avant la sortie de Mme Guérette, des contacts avaient été établis auprès d’arboriculteurs familiers avec les grands ormes de manière à trouver les meilleures solutions qui soient pour protéger celui du Musée. Le patrimoine naturel tient à cœur au Musée, mais également son patrimoine artistique. Il est à espérer que tous les amoureux des grands ormes québécois auront pris le temps de profiter cet hiver et ce printemps de la grande exposition des œuvres de l’artiste Marc-Aurèle Fortin dans laquelle figurait le merveilleux tableau appartenant à la collection du Musée : L’Orme à Pont-Viau. Le Musée expose aussi, en permanence dans le pavillon de l’ancienne prison, la sculpture monumentale L’Orme de la rue Durocher d’Armand Vaillancourt. Quand Vaillancourt a sculpté cet arbre, il était malheureusement mort de la maladie que l’on sait, mais il lui a donné un nouveau souffle d’éternité auquel le Musée est toujours heureux de contribuer.

    Le Musée national des beaux-arts du Québec

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