Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Le Phare entouré d’un voile de mystère

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 30 avril 2015 12 commentaires

Isabelle Porter
Le Devoir

Plus de deux mois après le dévoilement du projet immobilier Le Phare et de sa tour de 65 étages, la Ville de Québec n’est pas encore en mesure de dire quand le changement de zonage sera évalué et exactement de quelle façon.

« Il y a différents véhicules et on n’est pas encore fixés », a expliqué la vice-présidente au comité exécutif Julie Lemieux jeudi. Le flou entoure les étapes précédant l’évaluation du changement de zonage par la Commission d’urbanisme et les délais.

Le jour du dévoilement du projet par le Groupe Dallaire, le maire Régis Labeaume avait indiqué que le changement de zonage réclamé par le promoteur serait évalué par la Commission d’urbanisme. Le Phare aurait 65 étages de hauteur, alors que le plan particulier d’urbanisme du secteur (2012) le limite à 29 étages.

À l’heure actuelle, la Commission d’urbanisme n’a pas encore été saisie du dossier et personne à la Ville n’est en mesure de donner une idée du moment où ce sera le cas. Rappelons que la Commission détient l’équivalent d’un droit de veto sur les changements de zonage avant qu’ils soient soumis à la consultation publique et aux élus.

Or Mme Lemieux est plutôt favorable à une autre approche. Elle souhaiterait que la Commission donne une « opinion » plutôt qu’une décision avant de soumettre le changement à une consultation publique sur le changement de zonage comme l’exige la Loi. La décision de la Commission surviendrait donc plus tard. La Ville doit aussi établir quand le plan d’urbanisme fera aussi l’objet d’une consultation.

Du côté du Groupe Dallaire, on a décliné notre demande d’entrevue sur le sujet. En attendant, le projet est entre les mains du Comité des grands projets de la Ville, qui est composé de fonctionnaires de tous les services touchés (aménagement du territoire, ingénierie, environnement, etc.).

« Le comité regarde quelles études sont nécessaires par rapport à l’ensoleillement, aux vents ou encore à la place publique, explique Mme Lemieux. Ils vont jeter un regard sur le projet et demander au promoteur de documenter ces aspects-là. Ça ne servira à rien d’aller à la Commission avant que toutes les études soient faites. »

Mme Lemieux insiste sur le fait qu’il ne s’agit en rien d’un privilège et que la Ville procède désormais comme cela pour tous les grands projets, par exemple les écoquartiers. Elle s’inspire en cela d’un modèle à succès développé à la Ville de Bordeaux, dit-elle. Cela permet d’éviter que les services travaillent « en silos » et fait en sorte que les projets soient bien documentés, poursuit-elle.

Citoyen mécontent

Au dernier conseil municipal, un citoyen du nom de Henri Jenkins s’était présenté au micro pour metre en doute les façons de faire de la Ville dans ce dossier. « Ce qui m’interpelle, c’est l’espèce de privilège qu’on accorde à une entreprise, à un promoteur en particulier au détriment de tous les autres. »

La question avait fait bondir le maire. « On est en train d’insinuer qu’il y a eu de la magouille et qu’on a donné un privilège. Il y a un problème d’éthique ici, c’est dangereux ce qui se passe. »

Invité à faire plus attention à son vocabulaire par la présidente du Conseil, M. Jenkins s’était repris. « On accorde une modification réglementaire à une entreprise en particulier […] Si c’est bon pour une tour, pourquoi pas une douzaine ? »

Lors de la même séance, l’opposition avait réclamé que la Ville réfléchisse au rôle de la Commission d’urbanisme, qu’elle juge mal adapté. La Commission d’urbanisme est une instance indépendante composée de sept experts et de trois élus. Ses rencontres hebdomadaires se tiennent à huis clos.

À l’heure actuelle, les membres de la Commission sont Monica Bittencourt Machado (architecte-paysagiste et aménagiste), France Laberge et Pierre Morel (architectes), Suzanne Bergeron et Érick Rivard (architectes et designers urbains), Guylaine Côté (évaluatrice agréée), Gino Gariépy (consultant en patrimoine) et les conseillères Suzanne Verreault, Anne Corriveau et Geneviève Hamelin (présidente de la Commission).

Un billet précédent

Voir aussi : Arrondissement Ste-Foy / Sillery / Cap-Rouge, Projet - Le Phare de Québec.


12 commentaires

  1. jac

    30 avril 2015 à 23 h 09

    « Or Mme Lemieux est plutôt favorable à une autre approche. Elle souhaiterait que la Commission donne une « opinion » plutôt qu’une décision… »

    Je suis tout a fait d’accord !
    Je remarque que les membres de la commission sont surtout formés d’architectes, designers, paysagistes et de consultant en patrimoine .
    J’ai aucun doute que l’esthétique du bâtiment et son aménagement seront fouillés …. mais les autres aspects ???
    Des architectes juges du bon gout dans la cité ? ?
    Un risque a ne pas prendre…
    Une opinion par contre , ça peut aller!

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  2. Insider

    1er mai 2015 à 08 h 57

    « Je remarque que les membres de la commission sont surtout formés d’architectes, designers, paysagistes et de consultant en patrimoine .
    J’ai aucun doute que l’esthétique du bâtiment et son aménagement seront fouillés …. mais les autres aspects ???
    Des architectes juges du bon gout dans la cité ? ? »

    Qui devrait y siéger pour juger du bon goût??? Pas un producteur de popcorn j’espère!!! ;-)

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  3. paradiso Utilisateur de Québec Urbain

    1er mai 2015 à 12 h 53

    «La Ville s’inspire en cela d’un modèle à succès développé à la Ville de Bordeaux»

    Pfffft… On cite Bordeaux pour nous passer un projet digne du Texas des années 80.

    Selon moi, le PPU a un statut quasi-réglementaire qui lie la Ville et les citoyens. Ce serait très intéressant de connaître 1) l’avis des tribunaux là-dessus; 2) combien cet exercice a coûté aux contribuables; 3) combien la ronde de consultations pour y déroger coûtera aux contribuables.

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  4. jac

    1er mai 2015 à 18 h 35

    A consulter; Francois Bourque: http://www.lapresse.ca/le-soleil/opinions/chroniqueurs/201502/20/01-4846103-un-concours-darchitecture-pour-essayer-de-faire-mieux.php?utm_categorieinterne=trafficdrivers&utm_contenuinterne=cyberpresse_B22_chroniqueurs_255095_section_POS1

    « Le rôle de la Commission d’urbanisme s’apparente à celui d’un tribunal administratif, évalue MmeHamelin.
    Si c’est le cas, la Commission a-t-elle la même indépendance qu’un tribunal?
    Ses membres ont-ils l’expertise, la crédibilité et l’autorité morale pour tenir tête au politique en cas de désaccord?
    Quelle sera la liberté de la Commission d’urbanisme pour juger d’un projet déjà généreusement louangé et soutenu en public par le maire?  »
    ———————————————————-
    Pour moi il n’y a aucun doute que le Politique doit primer sur des désigners, architectes etc etc NON-ELUS.
    Leur rôle doit être consultatif tel le contrôleur des finances publiques

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    • Pat

      4 mai 2015 à 18 h 35

      Vous dites que le contrôleur des finances publiques a un rôle consultatif?! Vous ne parlez pas du Contrôleur des finances du Québec j’espère, qui lui a un rôle qui dépasse la simple consultation.

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      • JAC

        5 mai 2015 à 00 h 59

        Sur le site du Ministère des finances du Québec , on dit ceci:
        Rôle du Contrôleur des finances:
        « Fournir des services-conseils, de soutien et de formation aux ministères, organismes et entreprises du gouvernement en toute matière relevant de sa compétence. »

        Alors je me suis fié a ce que j’ai lu pour dire que le rôle de la commission d’urbanisme devrait être semblable c’est-a-dire:
         » Fournir des services-conseils, de soutien et de formation EN URBANISME aux ministères, organismes et entreprises MUNICIPALES en toute matière relevant de sa compétence. »

        PS:De toute facon si vous me prouvez que mon exemple n’est pas bon , j’en prendrai un autre pour illustrer mon propos qui est de dire que le role doit etre consultatif.

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  5. Louis M.

    3 mai 2015 à 22 h 51

    Étonnant à quel point au Québec on se fout de l’avis d’experts. C’est encore plus vrai sur des sujets où monsieur-madame-tout-le-monde a l’habitude de donner son avis (architecture, urbanisme, transport, etc.). Quand votre médecin, votre avocat ou un ingénieur donne son avis, vous l’écoutez?

    La Ville de Québec est réputée pour son architecture, son échelle humaine, ses paysages, etc. La commission d’urbanisme est peut-être opaque et rigide, n’empêche qu’elle a fait en sorte que Québec soit une belle ville, contrairement à d’autres villes Québécoises et Nord-Américaine.

    Si Québec modifie sa Charte pour transformer la commission d’urbanisme en conseil consultatif pour faire passer ce projet, c’est un aveu qu’il n’a pas raison d’être! D’autres promoteurs qui se sont vu refuser leur projet par le passé n’ont pas eu droit à ça!

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    • Gérald Gobeil Utilisateur de Québec Urbain

      4 mai 2015 à 07 h 49

      « Étonnant à quel point au Québec on se fout de l’avis d’experts. C’est encore plus vrai sur des sujets où monsieur-madame-tout-le-monde a l’habitude de donner son avis (architecture, urbanisme, transport, etc.). » Que faites-vous alors des auditions publiques des conseils de quartier où, justement, c’est exactement ce qui se produit ? Vous auriez dû entendre les propos qui se sont tenus lors de la consultation publique sur l’agrandissement du IGA situé sur le Chemin Ste-Foy (coin Bourlamarque) …

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      • Louis M.

        5 mai 2015 à 19 h 41

        «Que faites-vous alors des auditions publiques des conseils de quartier où, justement, c’est exactement ce qui se produit ?»
        La Ville de Québec écoute-t-elle réellement les conseils de quartier, surtout lorsqu’il est question de dossiers majeurs? À voir ce qui se passe à Ste-Foy, je suis porté à croire que non.
        Ce qui s’est dit autour du projet en question est un très bon exemple de ce que je soutiens: les architectes, urbanistes et universitaires se sont fait traiter d' »artistes » et leurs avis considérés comme de simples opinions personnelles.
        Pour ce qui est des consultations publiques, la Ville n’a pas à tenir compte de tous les commentaires, alors elle sélectionne parfois ceux qui lui conviennent. Ce fut notamment le cas dans le PPU St-Roch où la majorité des gens qui se sont prononcé souhaitait que le Ville revoit à la baisse ses rêves de hauteur (enjeux central de cette consultation) et la version finale n’en aucunement tenu compte. Je n’ai pas assisté à la consultation dont vous faites mention. Le projet final, par contre, correspond à ce que les urbanistes et architectes essaient de promouvoir pour un tel contexte: densité, mixité, urbanité (à échelle humaine).

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  6. urbanoïd

    4 mai 2015 à 09 h 24

    Cette tour est une horreur. Très grossière et sans aucun raffinement lorsqu’on la compare à tous les projets récents ou à venir.

    Pour un projet d’une telle ampleur, Cominar aurait dû faire un concours et présenter les maquettes à la population comme l’a fait le musée pour l’agrandissement et qui semble avoir bien passé.

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  7. jeand Utilisateur de Québec Urbain

    4 mai 2015 à 10 h 57

    Drôle de citer le musée, évidemment le projet n’est pas terminé mais à chaque fois que je passe devant cette chose gigantesque qui dépasse en porte-à-faux, je me dis que cela vient complémenter l’autre horreur à l’autre bout de la Grande-Allée: Le complexe H aussi conne comme étant le calorifère….

    Bon peut-être que le produit fini sera majestueux mais j’ai de grands doutes!

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  8. jac

    4 mai 2015 à 13 h 02

    http://www.independent.co.uk/news/world/africa/turn-left-at-the-horn-rhino-city-revealed-2056321.html

    A Juba , au Soudan, un « expert » en city-planning était déterminé a rebâtir la ville en forme de rhinocéros …
    Il trouvait son idée géniale mais malheureusement un référendum démocratique lui a barré sa « géniale idée ».

    (Ouf , ils l’ont échappé belle: imaginons un non-élue de québec voulant rebatir la ville en forme d’Orignal )

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