Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


La restauration des œuvres d’art publiques extérieures, un défi à Québec

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 31 juillet 2015 8 commentaires

Ici Radio-Canada

Le controversé démantèlement de l’œuvre Dialogue avec l’histoire il y a quelques semaines à Québec, en raison de son état de détérioration avancé, a mis en lumière le phénomène des œuvres d’arts ou monuments extérieurs soumis aux intempéries, hiver comme été.

Dans la capitale, la restauration des œuvres publiques extérieures fait partie de la Vision du développement de l’art public développé par la Ville de Québec il y a quelques années.

Dans le cadre de cette stratégie, l’administration municipale a confié au Centre de conservation du Québec la restauration et l’entretien de 44 œuvres de sa collection extérieure, au coût de près de 180 000 $.

La suite

Guide pour la conservation des oeuvres d’art public Centre de conservation du Québec

L’inventaire des oeuvres d’art public dans la Ville de Québec

* Ajout de ce texte publié dans La Presse + (4 août 2015):

Pour tout l’art du monde

Espérer qu’une oeuvre réalisée pour un espace public puisse faire l’unanimité est une aberration

Luc Boulanger (La Presse)

La démolition de l’Agora de Charles Daudelin au square Viger. La grande roue du collectif BGL à Montréal-Nord. Le projet de Moment Factory d’illuminer le pont Jacques-Cartier.

Décidément, on parle beaucoup d’art public cet été. Ce qui suscite la controverse.

Rien de nouveau sous le soleil, hélas. L’art public, par essence, est un accélérateur de controverses. En matière d’appréciation d’une œuvre d’art, les goûts sont subjectifs et individuels. Alors espérer qu’une œuvre, réalisée pour un espace public, puisse faire l’unanimité est une aberration.

Des colonnes de Daniel Buren plantées dans les jardins du Palais Royal, à Paris, à l’épave d’acier du sculpteur Pierre Bourgault installée sur la promenade Champlain, à Québec, l’histoire de l’art est jalonnée de ce type de polémique.

Chaque fois, le débat autour de la création de ces œuvres s’apparente à deux monologues. L’un élitiste, l’autre populiste. Aux citoyens qui jugent (en 10 secondes) une œuvre pour mieux la rejeter, des experts leur répondent qu’on n’a pas à juger de l’esthétisme. Selon eux, on doit laisser l’art contemporain « dialoguer avec son époque ». Même si c’est toujours un dialogue de sourds ?

André Malraux, le plus important ministre de la Culture de la France, disait que l’art n’est pas la beauté. Les artistes n’ont donc pas à « respecter des règles édictées par quelque sacerdoce ». Malraux ne distinguait pas l’art des autres domaines : science, politique, économie. « La volonté de création artistique ne me semble pas plus s’opposer à la volonté de transformation du monde que la pensée scientifique.

Créer des formes nouvelles, voilà le mantra des créateurs. Pourquoi alors le public s’acharne-t-il toujours sur eux, alors qu’ils laissent les chercheurs créer leurs inventions, les chimistes breveter leurs molécules ?

On nous répondra que la technologie et les médicaments sont plus utiles à l’avancement de la société que l’art. Pourtant, dans la grande échelle de la production terrestre, l’argument utilitaire a ses limites. Le désir de la forme pour la forme fait partie de la sensibilité humaine. Si on avait seulement besoin de ce qui est « nécessaire » dans la vie, ce serait trop simple.

Ensuite, il y a l’argument avec un grand A, celui des fonds publics. Le collègue François Cardinal s’en est indigné dans sa chronique de samedi dernier. On ne s’épanchera pas là-dessus.

Seulement pour dire que ce credo populiste, la démagogie de l’argent public, s’acharne sur l’un des groupes les plus pauvres de la société : les artistes. Dans la plus grande méconnaissance du processus de sélection des œuvres ; du fonctionnement des comités où siègent des élus ET des citoyens ; des plans, budgets et étapes de production.

Si la grogne populaire sévissait avec autant de rapidité et de véhémence pour des enjeux bien plus importants pour notre démocratie, le Québec nagerait en pleine révolution.

Voir aussi : Art urbain.


8 commentaires

  1. André Voyer

    1er août 2015 à 00 h 39

    Au téléjournal de 18h de ce vendredi 31 juillet, on nous informait que la Ville investissait 180 000$ dans la restauration de monuments et d’œuvres d’art public. On nous en a montré certains. Il y en avait pour tous les goûts; de l’art pour «matante» : buste de Louis XIV (7 221$), Sir Wilfrid-Laurier (6 799$) jusqu’au moderne judicieusement intitulé : Sans Titre… (14 389$).

    Ces dernières semaines sur Québec Urbain, il s’est publié beaucoup de commentaires concernant tout spécialement deux événements, soit une démolition et, l’inauguration d’une œuvre hommage.

    Tout le spectre, ou presque, des opinions, le pour et le contre y ont passés. Certaines de ces opinions avaient des allures de jugement définitif. Personnellement, j’ai toujours eu beaucoup de difficultés avec ce type de commentaire, genre : «j’aime, donc c’est bon» «je n’aime pas, ça va aux poubelles.»

    Je crois que c’est Alain Lefèvre qui a dit : « On a le droit et le devoir de ne pas tout aimer» opinion que je partage à 100%. Mi-septuagénaire, à ce jour, jamais je n’ai rencontré une personne possédant de La Vérité; en art, nous avons tous raison et nous avons tous tort.

    Ce que je n’ai pas aimé dans le ton des échanges, c’est le manque de respect. Peut-on exprimer son opinion (désaccord), de manière civilisée; il me semble que ça élèverait le niveau de la discussion.

    P.-S. Pour moi, c’est un retour après ± 10 ans d’absence . Un deuil, ça peut être long.

    P.-S. 2 Francis ou M. Gobeil, pouvez-vous s.v.p. m’écrire en privé, j’ai une ou deux questions. Merci.

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  2. jeanduez

    1er août 2015 à 10 h 26

    Voila un avis empreint de sagesse que je partage complètement.

    Mais en qualifiant la sculpture figurative (le buste de Louis XIV) d’art pour «matante» est-ce que ce n’est pas un peu condescendant ?

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    • André Voyer

      1er août 2015 à 11 h 44

      Condescendant? J’aurais dû souligner que ce n’était qu’une allusion, ironique, à un commentaire comme suite à l’inauguration de l’œuvre hommage aux Sœurs de la Charité. .

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  3. Manu

    1er août 2015 à 16 h 15

    Je dois être «matante» car du haut de mes 32 ans j’adore le buste de Louis XIV et l’œuvre hommage aux Sœurs de la Charité. .

    C’est le genre de commentaire qui enlève tout mérite à votre intervention pour le respect des goûts artistique de chacun.

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    • André Voyer

      1er août 2015 à 17 h 52

      Avez-vous lu ma mise au point publiée à 11h44 ? Sans le vouloir, par un peu d’ironie, j’ai créé une controverse; je m’en excuse. Moi aussi je suis «matante» ou «mononcle», c’est selon… comme tout le monde, j’ai mes goûts et le figuratif en fait partie. Pour bien vous situer, Dialogue avec l’histoire ne me dérangeait pas au point de vouloir le démolir.

      Ayant dessiné les plans d’aménagement de la Place de Paris, plans conçus par Jean Jobin architecte à la Ville, j’ai assisté à l’inauguration de cette place. D’un côté, un couple trouvait que ça ressemblait à de la tuile de salle de bain; de l’autre un autre couple dont la femme trouvait que c’était… c’était… De mémoire, elle n’a pas trouvé ne serait-ce qu’un qualificatif exprimant son admiration face à cette œuvre. Comme quoi, que du premier jour, cette œuvre a suscité le bon et le mauvais.

      Enfin, souvenons-nous de la réception faite aux tableaux impressionnistes. De tout temps, les artistes avant-gardistes ont été dénigrés. Aujourd’hui, qui parmi nous pourrait se payer un Monet, un Gauguin ou un Vincent? Pourtant, la majorité de ces peintres ont crevé de faim.

      J’espère que cette nouvelle, et dernière mise au point saura vous rassurer mon cher Manu.

      Amicalement

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      • urbanoïd

        3 août 2015 à 15 h 49

        J’ai utilisé volontairement le terme matante pour cristaliser le débat suite à la destruction d’une oeuvre moderne que j’aimais bien. Il y a dans la ville assez d’espace de pour de l’art moderne et des oeuvres plus traditionnelles. La destruction me semblait nettement exagérée. Relocaliser aurait été une alternative.

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  4. Insider

    4 août 2015 à 08 h 25

    Pour ma part j’ai utilisé le mot puritains pour qualifier l’atttitude méprisante qu’on eut certains en se réjouissant de la destruction de l’oeuvre. Quel manque de tact et de respect de la part de l’administration de la ville. :-(

    Comme si à Québec on en était encore aux buchers et à la chasse aux sorcières? Et dire que l’on veut construire des buildings de plus en plus hauts afin de montrer que l’on est une grande ville!

    -misère-

    Souhaitons-nous faire partie de villes qui se démarquent?

    Pour alimenter la réflexion, voici un extrait d’un article sur Guide Évasion

    « Par Jean, éditeur fan d’art contemporain

    L’art contemporain s’expose dans le monde entier. Un top 10 des meilleures destinations pour en profiter.

    1. Londres. Londres est l’une des bases de l’art contemporain mondial. Outre des fameux musées comme la Tate Modern ou la Tate Britain, elle concentre un grand nombre de galeries (dont la fameuse Saatchi Gallery) et les plus grandes maisons de vente aux enchères d’art (Sotheby’s ou Christie’s) qui ont depuis essaimé dans le monde entier.

    2. New-York. Le MOMA est sûrement le musée d’art moderne le plus connu au monde. Il présente une collection d’art contemporain au PS1, situé dans le Queens et installé dans une ancienne école. De son côté le Withney Museum s’attache à montrer l’art contemporain américain pendant que le Guggenheim Museum propose ses collections XL. Les galeries new-yorkaises sont parmi les plus prestigieuses du monde : citons en particulier la Gagosian Gallery.

    3. Venise. Tous les deux ans Venise devient la capitale mondiale de l’art contemporain, durant la Biennale d’Art. Une sorte d’expo universelle de l’art contemporain, avec des centaines d’expositions, chaque pays ayant son « pavillon ». On attribue le fameux Lion d’Or à un artiste. Côté musées, Venise a réellement épousé son temps. Le Guggenheim Museum, satellite du musée new-yorkais jouxte le désormais célèbre Palazzo Grassi – Punta della Dogana, ouvert par le patron français François Pinault. Sa collection est parmi les plus riches du monde : Jeff Koons, Cindy Sherman, Richard Prince, Cy Twombly ou Takashi Murakami se côtoient dans un espace pensé et réalisé par Tadao Ando.

    4. Bâle. La Suisse a toujours été un grand pays dans le commerce de l’Art. Bâle possède une place à part dans cette histoire, bien que parfois contestée par Zurich. La grande foire d’art contemporain Art Basel (la plus grande du monde) s’y déroule tous les ans et de nombreuses galeries et fondations se sont établies dans la ville (Fondation Bayeler).

    5. Paris. Même si Paris n’a plus l’importance qu’elle avait au temps de Gertrude Stein, elle reste une place qui compte. La FIAC, foire internationale d’Art contemporain, grandit d’années en années et les nombreuses galeries françaises (Loevenbruck, Kamel Mennour, Emmanuel Perrotin, Yvon Lambert…) en sont les porte-étendards. Côté musée, le Palais de Tokyo, le MAM de la ville de Paris ou le Centre Pompidou participent de cette belle vitalité.

    6. Miami. Miami la latino s’est imposée sur le marché de l’art contemporain de manière assez inattendue. Accueillant désormais la plus grande foire d’art contemporain d’Amérique, Art Basel Miami Beach, elle possède également un tissu dense de galeries, en particulier dans Wynwood District. Les nombreux musées comme le MoCa ou le Miami Art Museum complètent habilement cette offre déjà riche.

    7. Los Angeles. Plus portée sur l’entertainment que sur l’art, L.A. a néanmoins quelques arguments à faire valoir dans ce domaine. La richesse de ses musées y est pour beaucoup : le LACMA, le MOCA et le Getty Museum dynamitent la scène californienne.

    8. Istanbul. Autoproclamée capitale artistique du monde musulman, Istanbul n’en finit plus de surprendre. Dans le sillage de son accession au statut de capitale européenne de la culture 2010, un grand musée d’art contemporain a été créé au bord de la Corne d’Or, le Istanbul Modern. Le quartier de Galata et de Cukurcuma concentrent un grand nombre de galeries (près de 300 !) représentant des artistes venus de tout le monde arabo-musulman.

    9. Shanghai. Shanghai la futuriste a décidé de s’inscrire dans le XXIe siècle : elle est désormais une ville importante de l’art contemporain. Une grande foire de dimension internationale a été créée en 2007 (Shcontemporary). Le MOCA tente de rendre compte des dernières créations locales et internationales et les nombreuses galeries, véritables centres d’arts, se sont installées dans des usines ou des entrepôts (Island6, ShanghART…). Sûrement la ville la plus prometteuse.

    10. Berlin. Berlin, la ville « pauvre mais sexy » comme la définit son maire Klaus Wowereit, attire de nombreux artistes grâce à sa vie peu chère et à la grande liberté qui y règne. À ce titre elle commence à émerger sur le marché mondial de l’art avec une prédilection pour l’art engagé ou alternatif. Le Hamburger Bahnhof, le musée d’art contemporain constitue une belle vitrine. »

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