Jean-Luc Lavallée
Journal de Québec
S’il se réalise un jour, le tunnel Québec-Lévis pourrait forcer les usagers du transport collectif à descendre jusqu’à une profondeur record de 80 mètres pour prendre l’autobus. Ceux qui voudront traverser le fleuve à bord d’un autobus électrique, via le « troisième lien », pourront le faire à partir des quais de la station « Colline Parlementaire » située à une profondeur inouïe, soit l’équivalent d’une vingtaine d’étages sous terre.
À titre comparatif, la profondeur moyenne des stations du métro de Montréal est de 15 mètres. La plus profonde est la station Charlevoix, située à 29,6 m sous terre.
La plus profonde au Canada sera bientôt la station Édouard-Montpetit du REM (Réseau express métropolitain). Avec ses rails à 72 mètres sous terre, il s’agira même de l’une des plus profondes du monde.
Jusqu’à 80 mètres sous terre
La capitale risque toutefois de détrôner Montréal avec le tunnel Québec-Lévis. La station de la colline Parlementaire, voisine du Complexe G, atteindra une profondeur approximative de « 70 à 80 mètres », a confirmé le MTQ à notre Bureau d’enquête. Impossible d’être plus précis à ce stade-ci.
Deux composantes du Réseau express de la Capitale (REC) y convergeront, chacune dans son tunnel respectif : l’autobus électrique du tunnel et le tramway de la Ville de Québec qui passera également en tunnel au centre-ville à une profondeur entre 15 et 40 mètres.
L’architecte à la retraite Pierre Brisset, qui a étudié les cartes topographiques du secteur, croit que la station située à proximité de l’Assemblée nationale sera encore plus profonde que ne le prétend le MTQ. La colline parlementaire est située sur un plateau rocheux à environ 85 mètres au-dessus du niveau du fleuve, observe-t-il.
Des pentes de 5 % à 6 % dans le tunnel
M. Brisset souligne aussi l’ampleur des défis liés à la construction du tunnel sous-fluvial — évalué entre 6 G$ et 10 G$ — en raison des pentes, notamment. Les pentes les plus abruptes « seront de l’ordre de 5 à 6 % », nous a confirmé le ministère.
« 150 mètres de dénivellation, pour ce type de structure, je n’ai vu ça nulle part ailleurs sur la planète. », relève l’architecte retraité, suggérant que la construction d’un pont réservé au transport collectif entre les deux centres-villes et deux autres ponts routiers à l’est, via l’île d’Orléans, permettraient des économies de plusieurs milliards.
Le gouvernement Legault, qui n’a dévoilé à ce jour aucune étude au sujet des autres options analysées, maintient de son côté que le tunnel de 8,3 km entre les deux centres-villes est la meilleure solution.
Les pentes abruptes ne poseront pas problème, assure-t-on, ajoutant qu’elles sont « comparables à ce que l’on retrouve sur l’autoroute Henri-IV » entre Charest et Hochelaga. Les camionneurs n’auront pas accès au tunnel aux heures de pointe, précise-t-on, afin d’assurer la fluidité du trafic.