Le Musée national des beaux-arts du Québec étouffe dans des locaux d’exposition trop petits et bute sur toutes sortes de difficultés avec ses projets d’agrandissement.
Après avoir abandonné, récemment, l’idée de construire un nouveau bâtiment dans Saint-Roch, jugé trop loin de la maison mère, la direction de l’établissement culturel des Plaines s’est fait souffler, l’automne dernier, le site du couvent des Dominicains sur la Grande Allée.
Le Musée envisageait de raser le couvent, sauf la façade
d’inspiration gothique, pour ériger une bâtisse imposante qui aurait occupé tout le terrain disponible. Les plus récents projets, qui visent un agrandissement sur les Plaines elles-mêmes, pourraient se révéler tout aussi problématiques.
Le Musée national des beaux-arts a besoin d’environ 8000 mètres carrés supplémentaires pour mettre en valeur ses collections permanentes et les expositions itinérantes, indique en entrevue Marc Delaunay, directeur de l’administration et des communications de l’institution culturelle. Le musée compte 12 salles, mais la moitié, situées dans le pavillon Charles-Baillairgé (l’ancienne prison), sont plutôt petites. De sorte qu’à l’heure actuelle, à peine 2 % des collections peuvent sortir des entrepôts de conservation, alors que cela devrait plutôt être 20 %.
Le projet des Dominicains était intéressant, ajoute ce porte-parole, car il aurait pu être relié à la maison mère par un tunnel ou une passerelle. Le couvent pouvait être démoli car il ne présente pas de valeur patrimoniale, dit-on.
Les pères dominicains ont mis fin, l’automne dernier, à des négociations qui duraient depuis un an, lorsque l’équipe pastorale a reçu le mandat de former les novices de toute la communauté. Il y a de trois à cinq nouveaux candidats par année, selon le prieur local François Pouliot. Il sera plus facile de les loger dans une partie du couvent que de chercher ailleurs, expliquait au SOLEIL le prieur de 43 ans, qui est aussi médecin et conseiller en éthique de la recherche à l’hôpital Saint-Sacrement. Le projet de vente a alors été réduit à l’aile sud du couvent, où huit maisons de ville seront aménagées.
Il ne reste donc plus, à la direction du Musée, comme possibilité d’agrandissement que l’option de construire sur son stationnement ou en empiétant sur le territoire fédéral des plaines d’Abraham.
Le conseil d’administration de la Commission du Parc des Champs de bataille est au courant de l’intérêt du Musée à obtenir un lopin de terrain, confirme le directeur général Michel Leullier. Des échanges verbaux auraient eu lieu entre les parties, mais aucune demande officielle n’est parvenue à l’administration fédérale, qui rappelle que son mandat premier est de protéger le grand parc public, tout en collaborant, dans la mesure du possible, avec les autres instances publiques.
Le dossier n’en est visiblement qu’à ses premiers balbutiements car le secrétaire général du Parc se demandait tout haut, en entrevue téléphonique, de quelle façon l’étude de ce dossier devrait être faite. Faudrait-il tenir, par exemple, une consultation publique ? M. Leullier rappelait que des échanges de terrains ont été faits entre les deux gouvernements au moment où l’ancienne prison est devenue une annexe du Musée. Mais cette fois-ci, le Musée manquerait de terrain à troquer pour obtenir une extension de son enclave.
Comme aucune piste n’a encore dépassé le stade exploratoire, les autorités de l’institution culturelle n’ont pas présenté de demande de financement au gouvernement du Québec, disait M. Delaunay.
Le gouvernement a cependant été informé que le Musée était à l’étroit dans ses locaux actuels.

Marie Caouette, 3 juin 2004. Reproduit avec autorisation


