Qu’on aime ou pas, Québec est une ville de magasineux. Des magasineux de centres commerciaux, surtout. C’est que c’est pratique, ces ramassis de magasins, avec le stationnement, le chauffage et pas de gadoue. Mais il y a dans la ville, quelque part, un centre d’achats mal aimé.
Je pourrais bien faire durer le suspense en faisant une inutile énumération de ces temples de la consommation, fort pratiques au demeurant, disséminés aux quatre coins de la ville. Je pourrais vous donner des indices, concocter une devinette, une charade. J’irai droit au but. Je donne votre langue au chat.
Place Québec.
Vous ne savez peut-être même pas il est où, le vilain petit canard des centres commerciaux. Il est en plein centre-ville, avenue Honoré-Mercier, entre René-Lévesque et Saint-Joachim. L’endroit a tout d’un vrai centre commercial : chauffé, un stationnement – payant – en dessous, des boutiques, une halte-bouffe et tout. Et presque personne dedans, sauf les midis de semaine quand le ventre des travailleurs du coin crie famine.
Pour une raison que je n’arrive pas à saisir – je ne demande qu’à étancher cette soif de savoir – , ça ne se bouscule à peu près jamais au portillon des négoces qui y ont pignon sur corridor. Au mieux, les travailleurs affamés ou rassasiés butinent autour des présentoirs que les commerçants installent à l’extérieur de leur boutique, pour appâter les rares passants, comme des pêcheurs désespérés sur un lac en manque de poissons.
Pour avoir une meilleure idée de l’ampleur du mal qui gruge Place Québec, j’y suis passée le 23 décembre, le jour national du magasinage. J’ai fait quelques boutiques. Pas de bousculades. Pas de courses folles. Pas d’embouteillages. Je me suis sentie comme à l’urgence de Jeffrey Hale ces temps-ci, quand les urgences débordent de tous bords tous côtés partout. Comme si l’épidémie du magasinage ne s’était pas rendue jusque-là.
Pour une fille comme moi qui n’aime pas le magasinage, Place Québec pourrait être un paradis. Sauf que ça ne fait pas rouler l’économie, des gens comme ça. Si vous aviez tous cette aversion pour le shopping, comme disent nos cousins français, il y aurait de l’écho et des locaux à louer à Place Laurier.
Ce n’est pas ça qui manque à Place Québec, les locaux à louer. De plus en plus. Même le Laura Secord a fermé boutique récemment, sans même attendre la Saint-Valentin, après des années à se dire que ça allait passer. Mais ça ne passe pas.
Ça empire.
Depuis la quinzaine d’années que j’habite le quartier Saint-Jean-Baptiste, il s’en est ouvert et fermé, des boutiques. Et il s’en ferme de plus en plus. Tellement que je me surprends à parier avec moi-même combien de temps dureront ceux qui y tentent encore leur chance, envers et contre tous.
Contrairement à Laura Secord, je veux croire qu’il n’est pas trop tard pour Place Québec. Pour autant que quelqu’un se donne la peine de faire quelque chose pour conjurer le mauvais sort, pour juguler l’hémorragie.
Pas besoin de tout mettre à terre pour ça. Un bon pinceau, quelques décorateurs créatifs et ça serait déjà ça de gagné. Et aussi changer les grandes enseignes qui indiquent encore la défunte autoroute Dufferin, avenue Honoré-Mercier de son nouveau nom, et qui conduisent toujours au cinéma, mort depuis belle lurette.
J’ai d’ailleurs surpris des quidams entre Noël et le jour de l’An, des touristes j’imagine, qui se demandaient bien à quoi rimait tout ça, cherchant le cinoche en vain, en suivant les vieilles affiches datant des années disco.
Combien de fois on a parlé de le faire revivre, le cinéma. Mort-né chaque fois. Vous voyez bien qu’il y a quelque chose qui cloche, un centre d’achats qui se meurt et un cinéma incapable de renaître de ses cendres dans une ville dont les habitants n’en ont que pour le shopping et pour les vues.
En fait, c’est de volonté qu’il manque surtout pour ressusciter l’endroit. Je ne vois pas autre chose. On fait des miracles partout autour et là, rien. Si on a fait revivre Saint-Roch, vous ne me ferez pas croire qu’on ne peut rien pour un centre commercial, dans la capitale mondiale du magasinage.

Mylène Moisan, 9 janvier 2004. Reproduit avec autorisation



10 janvier 2005 à 13 h 24
Les gens qui vont en ville aiment déambuler sur Saint-Jean, Saint-Joseph ou le Vieux-Québec. Quand ils ont une rage de magasinage, ils ont déjà le choix des centre commerciaux ailleurs. Et les gens du quartier semblent complètement ignorer Place Québec. Peut-être que lui donner un attrait passe par l’inédit, quelque chose qu’on ne trouve pas ailleurs. Des commerces exclusifs, du divertissement, des endroits pour le sport et s’entraîner, etc. Et mettre des affiches plus claires et une entrée apparente sur le boulevard René-Lévesque, histoire d’attirer les piétons du coin qui veulent se mettre à l’abri des intempéries ou éviter les côtes en prenant les escaliers roulants!
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10 janvier 2005 à 13 h 29
Place quoi???
Hahahaha!
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10 janvier 2005 à 15 h 31
L’arrimage urbain, ça vous dit quelque chose ?
Place Québec est à 200 mètres de la rue Saint-Jean et pourtant, il y a entre les deux une enclave qui s’appelle un environnement urbain hostile.
On a mis plusieurs millions pour refaire le petit bout de l’autoroute Dufferin-Montmorency entre René-Lévesque et la falaise, mais tous ces millions n’ont servi qu’à poser des pots à fleurs au centre de cette autoroute (qu’on a rebaptisé boulevard je ne sais trop qui).
Pour aller de la rue Saint-Jean à l’entrée inférieure de Place Québec, il y a une autoroute à longer, une large intersection à traverser avec trois minutes d’attente pour avoir le petit bonhomme blanc, un trottoir en pente, glissant en hiver et même en été quand il pleut, et des vents à rendre rentable un parc d’éoliennes, mais à vous enlever votre tuque de sur la tête.
Avec tous ces millions investis dans le renouvellement de l’asphalte et l’ajout de pots à fleurs là où personne ne va, on aurait pu, avec un peu d’imagination, un peu d’audace et une politique urbaine davantage axée sur le piéton et non sur l’automobile ou le kodak des touristes, créer un lien convivial et invitant entre la rue Saint-Jean et Place Québec, mais on ne l’a pas fait.
Place Québec, c’était l’enfant d’une autre époque, d’une autre administration municipale surtout, et il ne fallait pas qu’elle réussisse – de crainte de faire peur à Saint-Roch. L’administration municipale actuelle n’a jamais eu l’intention d’aider Place Québec à survivre : ce n’était pas son joujou, son monument.
Alors, oubliez pour l’instant la réouverture des cinémas, de Laura Secord : vous verrez plutôt les dernières boutiques fermer les unes derrière les autres.
Il ne faut pas par ailleurs que les clients des hôtels situés au-dessus fréquentent les boutiques de Place Québec : il faut les forcer à sortir et les diriger sur Saint-Roch.
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10 janvier 2005 à 18 h 56
Il faut que les commerces de Place Québec aillent pignon sur rue pour inciter les gens à se diriger vers cet amas de béton entre le parlement et la rue Saint-Jean.
Il faut augmenter les plantations le long du trottoir pour donner une qualité de vie au piéton, donner l’impression qu’on l’isole du trafic.
Il faut également revoir tout l’aménagement du terre-plein au centre de Honoré-Mercier et y inclure des arbres matures. On a oublié de penser au bien-être des piétons dans notre allégorie de bateau.
Il faut réduire la vitesse de la circulation entre le parlement et la côte d’Abraham.
Un cinéma repertoire dans les locaux serait intéressant compte tenu de la clientèle bohémienne de Saint-Jean-Baptiste/Vieux-Québec/Montcalm. La minuscule salle du « Cinéma » Cartier ne tient pas la route.
Il faut aussi avoir une vue d’ensemble et créer des liens intéressants pour le piéton: l’autre côté de Honoré-Mercier face au Hilton ainsi que le tronçon sans-intéret derriere le Palais Montcalm entre Honoré-Mercier et la Porte Kent.
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10 janvier 2005 à 19 h 18
J’ai la conviction que Place Québec est le résultat d’un pari manqué: réussir à vivre grace à la manne des travailleurs de l’édifice, et grace aux conférenciers à l’instar de certains édifices du centre-ville de Montréal. Très risqué si l’on considère la proximité du Vieux-Québec et de la Grande-Allée, environnements de choix pour déambuler sur l’heure du midi ou lors d’une pause de conférence…
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10 janvier 2005 à 21 h 50
« Un cinéma repertoire dans les locaux serait intéressant compte tenu de la clientèle bohémienne de Saint-Jean-Baptiste/Vieux-Québec/Montcalm. La minuscule salle du « Cinéma » Cartier ne tient pas la route. »
La minuscule salle du cinéma Cartier ? Si elle est si minuscule, pourquoi ne s’emplit-elle que rarement ? Il s’agit pourtant d’un cinéma de répertoire (dont le seul handicap est de se limiter à la projection numérique).
La salle du cinéma Parallèle à Montréal n’est pas plus grande que celle du Cinéma Cartier. Elle est même plus petite, ayant moins de 100 places contre 118 au Cartier.
Il existe deux ou trois autres cinémas de répertoire à Montréal et dans tous les cas, ce sont de petites salles, pas des stades olympiques. Montréal est une ville beaucoup plus culturelle que Québec et elle n’affiche pas le besoin d’avoir des grandes salles de cinéma de répertoire. Alors, il est normal que Québec n’arrive qu’à faire vivoter le Cartier – et il ne saurait en aucun temps remplir les anciennes salles de Place Québec avec ce type de programmation.
Alors, pourquoi vouloir tuer le Cartier ? Parce qu’il n’est pas dans Saint-Roch ou dans Saint-Jean-Baptiste ? Parce que l’avenue Cartier est out ?
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11 janvier 2005 à 00 h 20
Aucun des commerces n’a vitrine sur rue, ce qui rend donc la présence d’espaces commerciaux si anonyme, faisant en sorte que les gens ne se sentent pas interpellés au passage. On dirait simplement un édifice à bureaux. De plus, la diversité des magasins (pour les habitués des centres d’achats) n’est pas assez grande pour pouvoir compléter une « opération shopping ».
Son stationnement a le défaut d’être souvent complet (achalandage lié au centre des congrès pour une bonne part) et d’être payant, contrairement aux autres centres d’achat ou aux « power center ».
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11 janvier 2005 à 21 h 01
Je reviens à l’affirmation en vogue: « Québec, ville de magasinneux ». Ce n’est pas faux. Mais lorsque je vais à Montréal, les centres d’achats ne sont pas déserts, vraiment. Ça grouille tout autant qu’ici!
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11 janvier 2005 à 23 h 24
Y a des limites à inciter les gens à consommer! Le centre-ville regorge de boutiques sur St-Jean (intra et extra-muros), ainsi que dans St-Roch maintenant!
La clientèle du coin n’a de toute façon pas la culture des grands centres commerciaux! Quant aux banlieusards, ne leurs demandez surtout pas de se déplacer au centre-ville!
Place Québec est morte de sa belle mort, trouvons lui donc une autre vocation, d’abord en ressucitant le cinéma en y présentant des films internationaux et de répertoire style « Le Clap »! Ça sera un succès assuré! Quant aux locaux, ce pourrait être des studios de musique (la demande existe) ou de cinéma, de télé; des bureaux, etc…! Mais pitié, qu’on laisse les consommateurs souffler un peu!!
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12 janvier 2005 à 11 h 17
Place Québec a ses vis-à-vis montréalais. Je pense surtout à Place Dupuis et à Place Bonaventure, deux édifices montréalais qui ont connu des moments creux.
Prenons surtout le cas de Place Bonaventure. Il y avait, il n’y a pas si longtemps, des salles de cinéma à cet endroit. Elles ont été fermées et jamais on ne penserait à les réouvrir : elles ne seraient pas viables.
La seule chose qui ait empêché Place Bonaventure des descendre aussi bas que Place Québec, c’est sa situation (à côté de la gare, d’une station de métro, et reliée par le réseau intérieur à des immeubles très achalandés). Or, Place Québec n’est pas aussi bien placée : pas de gare à proximité, deux ou trois arrêts d’autobus où au mieux, on peut y voir une trentaine de personnes à l’heure de la sortie des fonctionnaires…
Bref, c’est le constat qui s’impose : Place Québec est morte (et le cinéma de Place Québec est mort – en fait, il n’a jamais été très populaire et rappelons qu’avant de penser à le ressusciter, que le cinéma de Place Sainte-Foy est également mort depuis longtemps, même si l’achalandage de ce centre commercial dépasse de loin ce qu’on retrouve dans Saint-Jean-Baptiste et Saint-Roch réunis).
Les hôtels et le centre des congrès sont encore vivants. Alors, qu’importe qu’il y ait trois ou quatre locaux vides au sous-sol, désertés par les commerçants ! Ce n’est pas dramatique. On peut les louer comme locaux d’affaires.
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13 janvier 2005 à 00 h 59
Hmmm… posons l’hypothèse quasi-totologique que Place Québec est morte. Ça nous fait deux ou trois étages vide sous autre chose qui fonctionne assez bien. Un gros trou à boucher, avec deux magnifique murs de ciment, sur René-Lévesque et Honoré Mercier. Honnêtement, à part certaines petites contraintes structurelles, j’vois vraiment pas qu’est-ce qui limite notre imagination.
On pourrait ouvrir sur Honoré-Mercier, faire un gros pub avec une terasse (pour prendre une bière l’été sur une terasse, y en a toujours qui sont prêts à ignorer bien du traffic). Et pourquoi pas une piscine publique? un mini-putt intérieur? ou simplement agrandir « par en-dedans » le centre des congrès avec de nouvelles salles plus modernes. On ne souhaitait pas des salles plus modernes d’ailleurs?
J’pourrais y passer la nuit… même si ce que je dis peu sembler farfelu, ça peut difficilement être pire que ce qu’il y a là présentement…
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26 janvier 2005 à 09 h 48
J’abonde dans le sens d’un changement complet de vocation. En fait, un véritable centre sportif diversifié et complet proposant de multiples activités et équipements répondrait certainement à un besoin car, il ne faut pas l’oublier, le centre-ville de Québec est plutôt mal équipé côté sport et loisir. Le peu d’endroits (ex.: le centre Lucien-Borne) offrant des service de ce type sont généralement saturés et la diversité des services sportifs est plutôt limité. Malgré la petitesse du centre-ville de Québec, il reste que la plus grande concentration de population se situe au centre et il serait plus qu’opportun d’offrir un centre sportif à cette majorité. En tant que résident du centre et sans voiture, je n’aime pas vraiment devoir aller au PEPS ou au Roc-Gym ou aller faire du tennis dans Limoilou ou Charlesbourg, etc. Disons que lorsque qu’on a peu de temps libre, le déplacement obligé pour se rendre à son lieu d’activités physiques peut faire la différence entre poursuivre son sport préféré à long terme ou lâcher après quelques semaines. Au PEPS, je ne serai pas en mesure de maintenir ma discipline considérant que je doive réserver à l’avance, prendre l’autobus après ma journée de travail, apporter ma logistique vestimentaire (plus l’habit de ski-doo en hiver)… Bref, le PEPS, c’est pour les universitaires qui demeurent en résidence ou dans les appartements excécrables en carton entourant l’université ou pour les Foyens. Mais pour les gens du centre, dépêche-toi de réserver une heure de badmington, c’est ta seule chance.
Mais il demeure une question. Est-ce que Place Québec possède suffisamment d’espace en longueur, largeur et hauteur pour y faire un centre sportif intégré et diversifié?
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19 juillet 2005 à 17 h 17
Offrez les locaux a La Maison Simons avec une vitrine sur rue… Je suis sur qu’un gros nom pourrait aider la place. J’ai reste 3 ans dans St-Jean Bapt. et je n’ai jamais mis les pieds. Ce sont des collegues qui m’ont appris qu’un A&W y avait lieu, le seul dans le vieux-quebec.
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15 janvier 2009 à 11 h 35
C’est facile. Remettre la salle de cinéma avec les films version originale anglaise en marche. Juste cela entrainera une parodie de personnes à Place Québec et fera du même coup découvrir qu’à cet endroit on y retrouve pas seulement un hotel ou un centre de congrès mais également des restaurants, des commerces diversifiés (linges, chaussures, lingerie/bas, voyages, bar, centre de conditionnement physique, etc…
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