Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Normand Provencher:

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 15 mars 2005 2 commentaires

Ok, je vous l’accorde, la situation n’a rien à voir avec ce qui se passe ailleurs, dans les grandes villes du monde, mais ce n’est pas une raison pour ne pas faire une petite montée de lait. Québec n’est pas Montréal, Los Angeles ou Rio de Janeiro, et ne le sera jamais, tant mieux ou tant pis, c’est selon, mais rien ne nous empêche de déplorer la place de plus en plus grande que prend l’automobile dans la vie urbaine de la capitale.

Ici comme ailleurs, vous l’avez remarqué comme moi, le nombre de véhicules augmente de façon exponentielle. Suffit de se promener dans les banlieues pour observer que chaque maison ou presque compte deux automobiles, quand ce n’est pas une troisième pour l’ado qui fréquente le cégep ou l’université. A plusieurs endroits, au centre-ville par exemple, la gestion du stationnement est devenue un véritable casse-tête.

Plus que jamais, la notion de liberté est associée à la possibilité de pouvoir sauter dans sa bagnole n’importe quand afin de se rendre n’importe où. Le but est légitime et bien de son temps, mais il a des conséquences sociales et environnementales dont on commence à payer le prix.

Devant la prolifération des véhicules, les autres moyens de transport ont du mal à garder la route. Les irréductibles du transport en commun sont presque considérés comme une espèce en voie d’extinction. Les adeptes du vélo ont, pour leur part, l’impression d’être de trop. Par la plus belle des ironies, les automobilistes leur disent d’aller jouer dans le trafic, ce qu’ils ne peuvent faire puisqu’ils y sont déjà.

Le printemps sera bientôt là, alléluia, jouez hautbois et résonnez musettes. Or, devinez ce qui se passera lors de la première fin de semaine de beau temps ? La Grande Allée, le Vieux-Québec, les environs de l’Assemblée nationale et le Vieux-Port seront littéralement pris d’assaut par les automobilistes. Tout le monde sera à la recherche du Saint-Graal, c’est-à-dire une place de stationnement, sans parcomètre si possible, juste en face de la terrasse où l’on désire prendre un verre. Pas question de marcher ou de prendre l’autobus après avoir laissé son véhicule plus loin, dans un endroit moins achalandé, no way, notre bière, c’est en auto qu’on ira la prendre, ma chérie, et pas d’une autre façon.

Sur la question de la circulation automobile au centre-ville, pardonnez-moi, mais je suis une sorte d’intégriste. Par exemple, durant certaines fins de semaine de la belle saison, je serais pour l’interdiction de la circulation automobile dans tout le Vieux-Québec, sauf pour les résidants, les livreurs et les navettes de touristes.

Imaginez le plaisir de déambuler en toute quiétude, dans les petites rues, sans avoir à se taper le bruit de moteurs ni respirer l’odeur des pots d’échappement, surtout ceux des autocars.

Loin de faire fuir les visiteurs, comme le craignent les commerçants, cette mesure pourrait contribuer à les attirer. A Londres, la catastrophe appréhendée n’a jamais eu lieu lorsque les autorités ont décidé de faire payer les automobilistes pour l’accès au centre-ville ; pourquoi en serait-il autrement à Québec ? Paris a aussi l’intention de restreindre, voire d’interdire les automobilistes dans certains coins de la ville. Avec un peu de volonté politique et de l’organisation, tout est possible.

Soyons réaliste, le bonheur est peut-être dans le pré, il n’est pas nécessairement dans l’interdiction totale de l’automobile. N’empêche, il reste du chemin à faire pour gérer de façon plus efficace la circulation. Prenez seulement les autoroutes, il y a des trucs qui dépassent l’entendement. Comme l’accès de l’autoroute du Vallon, direction nord, via le boulevard Charest Ouest. Aux heures de pointe, le bouchon s’étire à n’en plus finir. Il va falloir que les ingénieurs du ministère des Transports trouvent un moyen de corriger et vite cette aberration.

En ville, ici et là, la gestion du trafic routier et des feux de circulation n’est guère plus rose. Un effort a été accompli avec la circulation synchronisée des feux sur le boulevard Laurier, mais il demeure des endroits où les automobilistes s’arrachent littéralement les cheveux.

Si vous empruntez l’avenue Holland, direction nord, le feu de circulation reste au vert le temps d’un clignement de paupière, à l’intersection du boulevard René-Lévesque. A peine deux ou trois automobiles ont le temps de passer que le feu retombe au rouge. Le matin ou en fin de journée, il faut apporter de quoi lire pour passer le temps, car on en a pour un bon moment à avancer à pas de tortue.

Ce n’est pas le seul endroit en ville qui cause problème. Les automobilistes qui empruntent l’avenue Belvédère passeront au compte-gouttes sur le feu de circulation de René-Lévesque et chemin Sainte-Foy. Ne parlons même pas du feu de circulation le plus long en ville, celui à l’angle de route de l’Église et Hochelaga, dans l’arrondissement Sainte-Foy. In-ter-mi-na-ble.

Un expert de Seattle, interrogé dans le cahier Auto de La Presse, hier, expliquait que l’usage des feux de circulation synchronisés aux endroits appropriés, selon les heures de la journée, pouvait réduire la durée du trafic de 25 %. « Pour une circulation plus fluide et plus rapide, ce ne sont pas seulement quelques artères principales qui ont besoin de feux synchronisés, mais toutes », soutient John Niles.

Il serait grand temps que la Ville commence à s’occuper du problème, avant qu’il ne devienne un véritable bourbier. Québec n’est pas Montréal, Los Angeles ou Rio de Janeiro, ce n’est pas une raison pour attendre que ça se gâche davantage.


Normand Provencher, 15 mars 2005. Reproduit avec autorisation

Voir aussi : Message d'intérêt public.


2 commentaires

  1. Jean

    15 mars 2005 à 20 h 37

    « Un effort a été accompli avec la circulation synchronisée des feux sur le boulevard Laurier »

    Visiblement, monsieur Provencher, vous êtes un automobiliste. La synchronisation des feux sur le boulevard Laurier que vous applaudissez, elle a fait en sorte que les autobus se les tapent tous au rouge, prolongeant le temps de parcours de façon sensible.

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  2. |KeKuN|

    16 mars 2005 à 17 h 40

    Aucun rapport avec l’article, mais dans le flux RDF, il y a un caractère non imprimable, soit un retour de chariot. Juste à le supprimer et le problème se corrige.

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