L’avenir de notre patrimoine, c’est l’affaire de tous
Anne Guérette
Le vendredi 01 juin 2007
Architecte et présidente fondatrice de Coalition Héritage Québec
(Aux citoyens de la ville de Québec) — En plus d’être une ville dynamique et une capitale tournée vers l’avenir, Québec est d’abord et avant tout une ville de nature et de culture qui se distingue particulièrement par sa qualité de vie exceptionnelle.
Le fleuve Saint-Laurent, les plaines d’Abraham, les arrondissements historiques du Vieux-Québec, de Sillery, de Beauport et de Charlesbourg, les multiples maisons historiques ou encore les églises et autres ensembles à caractère religieux, ont tous un point en commun : ils font partie de notre patrimoine; ils sont notre richesse, notre fierté et notre identité.
Compte tenu du phénomène actuel de transition de vie d’une grande majorité de communautés religieuses au Québec, plusieurs d’entre elles entament un processus de vente de leurs propriétés. Sur le territoire de la ville de Québec, on compte pas moins de 56 domaines conventuels à caractère hautement historique, comportant des immeubles et des paysages exceptionnels.
1er juin 2007 Ã 10 h 28
Au risque de me répéter (j’ai déjà fait une intervention en ce sens), la valeur patrimoniale, historique et architecturale de ces ensembles de propriétés religiquese est très faible dans la plupart des cas. Je ne nie pas l’importance de l’Église dans la structuration spatiale, urbaine et architecturale de la ville de Québec, j’étudie des questions similaires et je suis prêt à reconnaître l’influences des paroisses, des églises comme celles de ST-Roch et compagnie.
Seulement, les grands domaines sont des propriétés de communautés expulsées de France suite aux événements de 1871 et n’ont entretenues que peu de rapports avec les Québécois. De plus, leurs bâtisses se trouvaient alors dans des lieux complètement hors de la ville (elle dépassait à peine des érables dans les années 30!!!), c’est donc dire que l’influence de ces domaines est presque nulle dans le développement de la ville!!!!
En mettant tout dans le même panier comme la grange des soeurs du bon pasteur, les églises ou les chapelles désaffectées, les vieilles maisons historiques, ce groupe manque de rigueur et forge une image du patrimoine peu cohérente où identité, histoire et idéologie passéiste cohabitent mal. Il y a déjà des critères qui permettent de classer plusieurs sites importants et il faut surtout s’enlever de la tête que parce que c’est vieux, c’est patrimonial. Un vieux bâtiment peut très bien être laid et n’avoir aucun intérêt historique, l’histoire c’est bien plus qu’une collection de vieux trucs, c’est une interprétation du passé à travers une démarche scientifique qui est ancrée dans un contexte social, intellectuel et politique donné.
Une ville ça bouge, le cadre bâti change constamment et c’est normal, même en Europe, il y a très peu de bâtiments « très anciens », ceux qui restent ont réellement une valeur de symbole et ont la plupart du temps été réinterprétés (ex N.D. de Paris qui est reconstruite sauce XIX, Westminster Abbey où il y a seulement une pierre sur 10 qui est d’époque, le vieux Varsovie reconstruit à neuf après la Guerre…) Cette lettre me semble malheureusement faire la promotion d’un passé architectural que l’on tente de garder en vie artificiellement dans le but de créer une pseudo-identité. Les bretelles de Dufferin reflétaient selon moi bien mieux l’identité actuelle de la ville de Québec que bien des sites en « danger » et on n’en laissera même pas une petite ruine pour en témoigner…
Par contre, je suis tout à fait partisan de l’intégration des citoyens au développement de leur ville, ce genre de démarche participative est souhaitable et enrichissante pour une collectivité. Tout de même, il faudrait vraiment pouvoir expliquer un peu aux gens ce qui est le patrimoine et l’histoire, et surtout dans quel cadre ces traces du passé peuvent être conservées. C’est beau de collectionner les vieux cabanons, les entrepôts et les vieux lieux de cultes que plus personnes ne veux utiliser pour leur fonction primaire (les jeunes savent à peine à quoi ça sert), mais si on l’interprète pas, si il y a rien à en tirer historiquement comme source, ça devient du faux. C’est l’équivalent de mettre un décor de cinéma dont personne ne sait trop ce qu’il fait là à part faire à croire que nous sommes un endroit de patrimoine et induire les gens en erreur au point de penser que les sœurs de Bordeaux ont fait quelque chose pour le Québec ou marqué son histoire et qu’il faut en garder le témoignage…
Désolé c’est un peu long, mais c’est un historien qui en a marre.
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1er juin 2007 Ã 11 h 00
Je me range entièrement derrière les idées de Xavier… rien à ajouter!
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1er juin 2007 Ã 11 h 19
D’accord moi aussi. J’ai parfois l’impression que l’équilibre entre la conservation du passé et l’évolution d’une ville est difficile à faire. Ce qui est certain, c’est qu’on ne vit dans dans un cadre statique.
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1er juin 2007 Ã 11 h 23
Xavier, as-tu pensé envoyer une réponse comme celle-là au journal?
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1er juin 2007 Ã 12 h 58
« Xavier, as-tu pensé envoyer une réponse comme celle-là au journal? »
Effectivement, cela en vaudrait la peine.
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1er juin 2007 Ã 17 h 14
Go Xavier go!
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1er juin 2007 Ã 19 h 29
C.est un tres bon texte de xavier ,,,
je crois aussi qu’il devrait être publié au Soleil pour donner la réplique
La seule réserve que j’ai vis-a -vis du texte est l’exemple des bretelles Dufferin
« …Les bretelles de Dufferin reflétaient selon moi bien mieux l’identité actuelle de la ville de Québec que bien des sites en « danger » et on n’en laissera même pas une petite ruine pour en témoigner… »
A mon avis c’est un contre-exemple tres tres mal choisie;
les bretelles Dufferin ont miné l’identité de la ville de québec en détruisant des quartiers. Elles ont buldozé le COEUR identitaire de la cité
C’est dommage de choisir un si mauvais exemble (car ca vient défaire une argumentation tres brillante)
Les bretelles Dufferin réfletent une idéologie des années 1960 (et non une identité)
« Au pied de la pente douce » de Roger Lemelin représente des valeurs identaires tres forte: il décrit la vie « culturelle » en basse-ville d’avant les bretelles Dufferin qui ont saccagé la basse-ville
Au contrario de ce que dit Xavier, je dirais :
« Honoré-Mercier rénové avec les bretelles détruites va mieux réfléter l’identité actuelle de la ville de québec que bien des sites en « danger » car c,est le coeur de la ville qu’on préserve( et rien n,est plus identitaire qu’un centre-ville)
Désolé si c’est un peu long , mais la géographie urbaine l’exige
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1er juin 2007 Ã 21 h 10
Merci du commentaire Jaco, les bretelles c’était davantage un exemple provocateur, mais je reconnais qu’il n’était pas très réfléchi étant donné les destructions engendrées (remarquez, je trouve dommage qu’on ne garde pas une trace de ce fiasco urbanistique, c’était très caractéristique de la ville ;), peut-être que le projet de Lepage permettra d’y faire un clin d’oeil). De toute façon pour publier ce genre de texte dans un journal, il faut le comprimer considérablement et adopter un style plus « journalistique », je verrai si j’ai le temps mais il faut oublier l’édition du samedi!
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3 juin 2007 Ã 14 h 48
À Xavier, Manu, Jeff, Denis et Jaco,
Je vous invite à consulter notre site internet pour constater l’ensemble de notre argumentation et de nos actions.
Nous vous invitons également à consuter « l’évaluation patrimoniale des couvents, monastères et autres propriétés de communautés religieuses situés sur le territoire de la ville de Québec », qui a été réalisé par un architecte chevronné en patrimoine, en collaboration avec la ville de Québec et le gouvernement. Cette étude permet effectivement de saisir l’ampleur et la valeur exceptionnelle du parc immobllier et paysager que les communautés religieuses sont en train de léguer à notre société.
Ce que nous revendiquons en premier lieu à la Coalition, c’est un moratoire pour arrêter le travail à la pièce et pour prendre le temps de déterminer une démarche globale et concertée, en collaboration avec la collectivité qui est à notre avis concernée au premier chef. Tout ca pour se donner une direction claire et arrêter de se faire balloter au gré des modes et de la pression des promoteurs.
Ce n’est pas plus compliqué que cela. Êtes-vous vraiment en désaccord avec cela ? et est-ce suffisant pour nous accuser de manque de rigueur ? Je ne crois certainement pas.
Le patrimoine, c’est comme les racines d’un arbre; et à force d’en gruger des morceaux, petits et grands, c’est l’arbre qui risque de tomber…
Anne Guérette
Architecte
présidente de Coalition Héritage Québec
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3 juin 2007 Ã 22 h 01
Je ne crois pas que la plupart des gens soient contre un moratoire ni une démarche concertée avec la collectivité. Je d’ailleurs d’accord pour qu’on prenne une pause et qu’on réfléchisse collectivement à toute la question (il existe déjà des critères, semble-t-il, pour définir ce qui est « patrimonial »; cela facilitera les choses…)
Je suis néanmoins d’avis qu’on met parfois, comme le mentionnait Xavier, qu’on met tous les oeufs dans le même panier, à savoir qu’on désigne par « patrimonial » un batîment du simple fait qu’il soit religieux ou anciennement utilisé comme tel.
Par exemple, pour le futur pavillon du Musée national des beaux-arts du Québec, on conservera l’église et le presbytère, qui ont semble-t-il une valeur patrimoniale. Mais la partie qui sera détruite, le « monastère », ne semble pas avoir une architecture hors de l’ordinaire et sa présence, tout comme son utilisation, ne sont pas vraiment liées à l’histoire de la ville et des gens qui y vivent présentement (c’est bien ça qu’on veut dire par « patrimonial », non?).
D’ailleurs, selon le directeur du Musée (d’accord on pourra dire que le discours est biaisé puisqu’il fait partie du dossier, mais ils ont quand même sollicité plusieurs avis) :
« Le monastère a perdu toute son authenticité, à la suite de l’incendie de 1939 et des nombreuses altérations subséquentes. C’est un bâtiment trafiqué qui a perdu son allure originale, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Tous les avis que nous avons sollicités confirment que ce n’est pas un édifice patrimonial »
Il ne s’agit que d’un exemple ou je crois qu’on utilise « patrimonial » à tort plutôt que de dire simplement « religieux » ou « ancien ».
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4 juin 2007 Ã 00 h 56
Madame Guérette, j
e vous envoie ce soir un message à l’adresse de votre site et j’aimerais bien pouvoir discuter plus longuement avec vous puisque le problème de conservation du patrimoine ne me semble pas tant un problème de promoteurs (il avancent tous des projets pour faire des gros sous de toutes façon), mais plutôt un problème de fonction historique, la forme, quand elle n’a plus de rapport avec la fonction semble tout à fait illusoire. Je ne sais si vous avez eu connaissance de la position du conseil des monuments et sites du Québec sur la destruction l’église St-Vincent-de -Paul (qui trône fièrement sur votre site web) mais le constat est que sans une trace de sa fonction, la conserver devient faux, plaqué. Avec tout le respect que je dois à cet organisme, je sui plus modéré et j’admet que le transfère de fonction peut être amusant voire souhaitable et refléter l’évolution de la société, mais je dois reconnaître qu’historiquement, il est insensé de confondre vieux bâtiments et patrimoine et qu’il existe déjà des critères pour faire « classer » les propriétés et bâtiments qui ont une réelle valeure patrimoniale (il y a même des démarches pour les paysages habités en cours, notamment sous l’égide de l’UQUAR si je ne m’abuse, dans le bas du fleuve). Votre démarche alarmiste me semble totalement en dehors de ces efforts louables pour identifier et comprendre le patrimoine bâti urbain de Québec.
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4 juin 2007 Ã 12 h 21
Je suis très désolée d’apprendre de la vente de la ferme du SMA. C’est la même chose pour les terrians qui longent la falaise sur Ch. St. Louis. Par un hazard historique — et heureux — ces terrains ont été gardés hors du marché et maintenant on est rendu à un moment où ils vont bientôt tous se vendre si on agit pas.
Même si les gens qui pourront profiter de ses terrains, (je veux dire les citoyens de la ville, pas les promoteurs), n’ont aucun sens de leur histoire patrimoniale, on doit absolument leur garder pour préserver de la nature à l’intérieur de notre ville, cette nature que par cet hazard heureux n’a pas encore été détruit.
Les champs des Soeurs de la Charité à Beauport doivent devenir une plantation de bois-francs. Imaginez-vous le joyau qu’on laissera à nos enfants, un grand forêt au milieu de la ville! Et pour la falaise, au moins on doit préserver un droit de passage pour les piétons et les vélos. Comme cela on pourra faire un liaison avec le nouveau sentier de la rive, et créer un cercle magnifique.
Pour moi c’est cela qu’on doit demander de notre ville comme cadeau du 400e, et des autres pays qui veulent nous en offrir. Cela sera un cadeau pour nous les citadins, en plus des spectacles destinés à attirer des touristes. Un cadeau qui va durer pour toujours, qu’on peut leguer à nos enfants avec fierté. Un cadeau qui peut parler de la patrimoine religieuse, de la présence anglophone et la construction navire (sur la falaise), si on veut souligner l’histoire. Mais surtout pour que la population puisse en réjouir de la nature en ville, cette nature qui par cet heureux accident d’histoire a été préservée jusqu’à date, pour les générations à venir.
Louisa Blair
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6 juin 2007 Ã 10 h 15
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7 juin 2007 Ã 10 h 35
En réponse à Xavier:
 » Les grands domaines sont des propriétés de communautés expulsées de France et n’ont entretenu que oeu de rapports avec les Québécois. »… leurs bâtisses, dit Xavier, se trouvaientdans des lieux hors de la ville,… elles dépassaient à peine des Érables. »___ Une affirmation fausse.___
Ci-joint un exemple parmi d’autres: les Soeurs de la congrégation de Notre-Dame dont la fondatrice est Marguerite Bourgeoys. Native de Troyes en Chamoagne, elle a traversé l’océan avec maisonneuve pour venir au Canada y fonder une communauté laÃ?que, c’est-à -dire non cloîtrée.
Combien de femmes doivent leur éducation, leur formation intellectuelle
à ces communautés enseignantes. Je me limiterai à Québec dû au fait que Xavier affirme que les communautés n’ont eu aucune influence et ne dépassaient pas la rue des Érables. Il faut savoir qu’elles ont résidé et enseigné dans la Basse-Ville: Saint-Roch – Jacques-Cartier – Saint-Sauveur-Saint-malo – Sacré-Coeur. C’est bien au-delà de la rue des Érables. En montant la côte: Saints-Martyrs – Saint-Sacrement- et plus tard Bellevue, l’unique école privée à Québec. (dans le temps). Elles furent aussi à Sainte-Famille de l’ÃŽle d’Orléans, à beauport, Sainte-Marie de Beauce, Saint-Pascal de Kamouraska.. La liste est longue. Et je ne parle pas des communautés d’hommes qui ont préparé des gens d’affaires et les orienter par la suite à la faculté des Sciences de l’Administration. Que dire du Séminaire de Québec, du Collège des Jésuites – du Séminaire Saint-Vincent-de-Paul ? Ces institutions et leurs professeurs ont préparé plus d’une génération de garçons qui deviendront par la suite avocats – médecins- ingénieurs – comptables etc…
Comment affirmer que l’influence de ces domaines, comme vous les nommez, est presque nulle? Évidemment, si on ne voit que les « vieux cabanons, les entrepôts et vieux lieux de culte, s’il n’y a rien à en tirer historiquement comme source, ça devient du faux. »
Je comprends alors que vous vous présentiez comme « un historien qui en a marre. » Une collection de vieux trucs, est-ce seulement cela que vous retenez de l’histoire du Québec et de Québec?
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7 juin 2007 Ã 11 h 00
Monsieur C. Paquet,
Vous confondez tout, mon argumentation ne porte pas sur l’ensemble des congrégation religieuses et je ne cherche pas à minimiser l’importance du catholiscime au Québec, au contraire! De plus vous me citez mal, c’est la ville qui ne dépassait pas Des Érables. Un peu de sang froid, de rigueur et d’habilité de lecture s’il-vous-plaît! Je parlais principalement des communautés situées sur le chemin Saint-Louis, qui ont souvent construit des bâtiments sur des anciens domaine de marchands britanniques à la fin du XIXe. Ma perception de l’histoire de Québec et du Québec est ma fois plutôt étoffée, en tout cas assez pour ne pas confondre toutes les institutions religieuses telles que le séminaire, les paroisses, les communautés à la tête d’écoles en un tout glorieux du catholiscisme québécois!
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