Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


L’avenue du tramway – Chapitre 1: Le déménagement

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 7 mai 2011 10 commentaires

Je vous propose ce matin le premier des six chapitres des souvenirs de jeunesse de Gilles Néron. Enfant, monsieur Néron déménage sur la première Avenue et découvre le tramway, qui sera le fil conducteur de ce récit de sa jeunesse. Un incroyable témoignage que j’ai dévoré d’un bout à l’autre.

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Un Ding Ding sonore se fit entendre quand la famille est arrivée dans son nouveau logement de la 1ère Avenue. C’était le premier jour du mois de mai, jour des déménagements pour toute la ville de Québec en ce temps-là. Aussitôt je regarde par la fenêtre du salon et je vois une drôle de machine équipée d’une perche qui circule au centre de la rue en branlant d’un bord à l’autre. Maman voyant ma surprise me dit sans attendre ma question que c’était le tramway qui passait. Mais c’est quoi un tramway?. Elle répond que c’est comme un autobus sur des rails. Ma réaction est alors de vouloir faire un tour dans ce véhicule qui ressemblait à un wagon de train sans locomotive. Pas aujourd’hui, dit-elle sèchement. Dès cet instant, j’ai eu une haute idée de l’endroit où nous allions demeurer; l’avenue du tramway me semblait une rue à part, une rue où habitaient des gens riches.

Cette impression favorable s’est accrue quand des hommes de magasins sont venus déposer les quelques meubles que mon père venait d’acheter chez Woodhouse, lits, ensemble de cuisine et fauteuils de salon. Un visite plus détaillée de la place accentua ce sentiment de m’élever dans l’échelle sociale. Plus question de grimper trois étages pour rejoindre notre logis comme dans le meublé de la rue Dupont. Le logement était au rez-de-chaussée avec seulement trois marches à franchir pour accéder à la galerie de la porte avant. De plus, l’appartement me sembla très vaste avec ses quatre pièces, sa salle de toilette dotée d’un lavabo et d’un bain et sa galerie arrière qui donnait sur une grande cour clôturée. Tout était si différent du petit trois pièces que nous avions quitté le matin même. Il y avait une pièce nouvelle pour nous, soit un salon comme chez grand-papa Nous avions aussi une cuisine fermée avec un gros poêle Bélanger déjà installé, et derrière une porte, un escalier qui descendait vers une cave aux mille mystères. Je faisais déjà des projets de jeux dans cet espace obscure sans savoir à ce moment que j’allais utiliser cet l’escalier plus souvent pour aller quérir le bois que le poêle engloutissait à un rythme effarant les jours d’hiver que pour y aller jouer. J’entends encore la phrase de maman, tous les soirs après souper des mois de froidure : Gilles as-tu monté le bois?

Pourtant c’était facile de voir que je ne l’avais pas fait, la boîte à bois était à cette heure du jour toujours vide. Mais, il ne me venait pas à l’esprit de faire la chose de mon propre mouvement, j’attendais l’ordre d’en haut. C’est ce qu’on appelle la soumission institutionnelle comme dans tout groupe organisé.

Pour revenir à la nouvelle demeure, nous ressentions, mon frère Alain et moi, une grande joie du fait d’habiter une maison bien à nous. Un logis débarrassé des voisins qu’on entendait parler au travers des murs minces comme du carton et qui se montraient curieux de tout ce qui nous faisions et sans les corridors mornes qui nous avertissaient du passage des gens comme des souris. De plus, la cour arrière nous invitait comme elle était entièrement à notre disposition, ce qui fut rapidement le cas, car nous y avons régné en maîtres absolus durant tout notre séjour à cette adresse.

Demain: Chapitre 2: la machine à perche et la 1ere avenue

Voir aussi : Témoignage, Voyage dans le temps.


10 commentaires

  1. Frédéric Marcil

    7 mai 2011 à 12 h 14

    Merci de partager vos beaux souvenirs Mr.Néron !!

    La mémoire urbaine d’une ville est toujours très intéressante à lire. Votre récit est si bien imagé que je n’ai pas eu de difficulté à m’imaginer m’installer dans votre 4 et demie de la 1ère Avenue!!!

    En quelle année se passe votre récit ? (Dans ma tête, ce sont les fabulous 40’s)!

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  2. fernand Utilisateur de Québec Urbain

    7 mai 2011 à 13 h 03

    J’ai bien aimé ce tableau du passé. Ca ressasse des souvenirs…

    Ceci démontre aussi que le tramway est une nostalgie latente du passé, pas nécessairement une voie d’avenir et d’innovation…

    S’ils ont disparu c’était pour laisser place au progrès…

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    • KarlDerGroß

      7 mai 2011 à 14 h 10

      À l’époque, le progrès c’était la voiture. Ce à quoi le tramway a fait place. Maintenant, avec la voiture on progresse toujours! On progresse vers des bouchons de circulations, des ilots de chaleur, de la pollution, etc.

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    • Louis M.

      8 mai 2011 à 09 h 08

      Il n’y a que les fou qui ne change pas d’idée!

      Le progrès le progrès le progrès… un discours des années 50!

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  3. fernand Utilisateur de Québec Urbain

    7 mai 2011 à 16 h 37

    Et on progresse avec la voiture hybride qui est de moins en moins polluante et bientôt l’électrique. En 2012, les voitures munies de moteurs roue électriques vont faire leur apparition.

    http://www.ledevoir.com/environnement/actualites-sur-l-environnement/320427/automobile-le-moteur-roue-japonais-passe-en-tete

    On arrête pas le progrès et le tramweay comme le TGV feront place au monorail comme celui-ci

    http://www.youtube.com/watch?v=FmzoUdXFFi0

    Vraiment la nostalgie du passé refait surface

    http://www.youtube.com/watch?v=nijXElTgNcU

    Pourquoi ramener cette technologie maintenant dépassée

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  4. Goldoche Utilisateur de Québec Urbain

    7 mai 2011 à 19 h 16

    Honnêtement, je suis un peu tanné qu’on intercepte les fils de discussion pour y ramener constamment le sujet du tramway. Pour ce fil-ci c’est compréhensible, mais pour les autres, c’est quoi le rapport?

    Le tramway n’est pas chose faite, et avec le gouvernement conservateur qui est à Ottawa je doute que celui-ci soit tenté à financer le tramway. Donc je propose qu’on ne parle du tramway que dans les fils pertinents.

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  5. Gilles 098 Utilisateur de Québec Urbain

    8 mai 2011 à 06 h 07

    Réponse à M. Marcil

    Effectivement, c’était en 194, j’avais 7 ans.

    Gilles Néron

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  6. Gilles 098 Utilisateur de Québec Urbain

    8 mai 2011 à 06 h 08

    Il faut lire1941

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  7. KarlDerGroß

    8 mai 2011 à 19 h 32

    @ Fernand, c’est vrai que toute l’énergie nécessaire à l’alimentation électrique du parc automobile québécois entier tombe du ciel. Déjà qu’il ne faut pas utiliser les électroménagers à certains moments en hiver, j’ose pas imaginer quand des dizaines de millier d’autos seront en train de charger.

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