Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Tramway: pourquoi le gouvernement ne veut pas se rendre à Le Gendre

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 7 décembre 2020 10 commentaires

Olivier Bossé
Le Soleil

Le gouvernement Legault est convaincu que l’extrémité ouest du tracé du tramway porte moins de potentiel de développement que le laisse croire la Ville de Québec. Les prévisions présentées par le maire Labeaume pour le secteur de l’avenue Le Gendre sont jovialistes et les données réelles ne justifient pas d’y installer un tramway, selon le provincial.
Dans leurs projections dévoilées cet automne, les autorités municipales prédisent l’arrivée dans ce secteur d’ici 10 ans de 9000 nouveaux résidents dans 4210 nouveaux logements. Y naîtraient aussi d’ici 2030 quelque 2000 emplois grâce à l’implantation d’entreprises surtout spécialisées en haute technologie.

Sauf qu’aucune compagnie de ce type ne s’est encore engagée à s’implanter dans le coin! révèle au Soleil une source gouvernementale.

Cette source qualifie d’«extrêmement ambitieux» ces chiffres publiés par la Ville de Québec sur le potentiel de développement économique du secteur Chaudière, nommé ainsi parce que traversé par le boulevard de la Chaudière.

Le quadrilatère, où logent les magasins à grande surface IKEA et Décathlon, est délimité par les autoroutes Félix-Leclerc, Duplessis, le boulevard du Versant-Nord et l’avenue Le Gendre, aux limites de Sainte-Foy et de Cap-Rouge.

Cette information va à l’encontre d’un article du Journal de Québec publié samedi, qui affirme que la portion ouest du tracé serait conservée telle quelle. Une annonce officielle à cet effet serait prévue avant les Fêtes.

Totalement faux! atteste pourtant la source du Soleil. Le projet de développement de la Ville pour Le Gendre ne justifie pas l’installation d’un tramway. Pas assez de travailleurs, selon le gouvernement.

Qui base une part de ses arguments sur le rapport IntenCité QC de l’Institut de développement urbain du Québec (IDU) sur le «potentiel de redéveloppement des pôles structurants» Chaudière, Sainte-Foy entrée ouest, Saint-Roch/ExpoCité et Lebourgneuf, produit en juin 2019. L’IDU parle plutôt de 7700 résidents dans 3850 logements et de 1924 emplois. Mais le tout sur un horizon de 20 ans au lieu de 10, soit pour 2040.

Parmi les éléments qui favoriseraient le désenclavement et le développement du secteur Chaudière, le document souligne entre autres «l’opportunité de liaison du pôle avec l’aéroport». Ce qui n’est pas encore au programme de la Ville.

Directeur régional de l’IDU et l’un des auteurs du rapport, Stéphane Dion maintient que le secteur Chaudière recèle «un potentiel extraordinaire pour un premier véritable TOD». Le transit oriented development (TOD) est un concept d’urbanisme où le développement résidentiel et commercial se réalise à moins de 400 mètres des stations de transport en commun, soit cinq minutes à pied.

Organisme représentant de l’industrie immobilière commerciale, l’IDU estime qu’il s’agirait d’une «grosse erreur d’escamoter la ligne de tramway au lieu de partir de Le Gendre», dit M. Dion.

Il attribue le gonflement de 10 % des unités de logement entre le rapport et les prévisions de la Ville au simple transfert d’une part de l’espace de bureaux en espace résidentiel. Les 360 logements de plus ne représentent rien de plus qu’«un bloc», illustre-t-il.

Quant à l’horizon de 2030 au lieu de 2040, donc la moitié moins de temps, M. Dion estime quand même «raisonnable» une période de 10 ans pour la réalisation d’un tel projet.

Des entreprises entretiennent un «grand intérêt» pour s’y installer, assure-t-il. «Mais les tergiversations n’aident pas.»

Développement Roussin, Cominar et Groupe Dallaire sont les principaux promoteurs immobiliers propriétaires de terrains dans le secteur Chaudière. Les trois sont représentés au sein du conseil régional ou du conseil d’administration provincial de l’IDU.

Oui au stationnement incitatif

Au sein des cabinets ministériels, on craint que l’endroit ne se transforme en champ de tours à condos pour retraités. Les clientèles plus enclines à prendre le tramway sont les travailleurs et les familles. On veut éviter d’installer le tramway dans un secteur où les gens ne l’utiliseront pas.

Si le tram s’arrêtait à la Pointe-Sainte-Foy, avenue McCartney, à l’intersection du chemin Sainte-Foy et du boulevard Pie-XII, on coupe environ 2,5 km du tracé.

Reste à trouver un nouvel endroit pour le garage d’entretien des wagons, immense bâtiment de 33 000 mètres carrés. Si la Ville martèle que Le Gendre est le seul secteur sur le tracé où l’on peut installer une aussi grande bâtisse, le gouvernement certifie que d’autres lieux sont possibles.

Le gouvernement retient toutefois l’idée d’un stationnement incitatif dans le secteur Chaudière. Comme à la Ville, on y voit un endroit stratégique pour intercepter les automobilistes arrivant de Saint-Augustin-de-Desmaures, Neuville, Portneuf ou Sainte-Catherine-de-la-Jacques-Cartier. Faudra ensuite les relier à la ligne de tramway par un autre moyen à définir.

Le tracé actuel de 22 km entre dans l’enveloppe imposée de 3,3 milliards $ pour l’ensemble du futur réseau structurant de transport en commun de Québec. Un peu plus de la moitié de la facture, soit 1,8 milliard $, sera acquittée par le gouvernement provincial. Le fédéral s’est engagé à payer 1,2 milliard $ et le municipal, 300 millions $.

L’article

Voir aussi : Projet - Tramway.


10 commentaires

  1. « Le » lecteur assidu

    7 décembre 2020 à 07 h 26

    Non mais…❗️

    On vas-tu finir par finir de savoir où va aboutir l’axe Ouest❓

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    • luc

      7 décembre 2020 à 07 h 41

      Beaucoup de spéculation et de désinformation actuellement. Attendons que tout cela soit terminé et on pourra prendre position sur la mouture finale.

      Pour le moment, tout ce qu’on dit ne sert à rien car tout n’est que supposition.

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  2. Jeff M

    7 décembre 2020 à 08 h 11

    J’ai le présentiment que la CAQ va se tirer dans le pied.
    D’une part, on voudrait une ligne bifurquée vers Lebourgneuf en espérant que les usagers y viendront( oui, car là, disons le franchement, ce secteur est conçu sur mesure pour l’automobile, donc difficile à concurencer par le TEC) et ce malgré qu’à Charlesbourg l’achalandage soit déjà là. Et d’autre part, on crain des foyers de personnes agées dans le secteur chaudière et on doute que la clientèle soit au rendez-vous.
    Il peut bien y avoir des sources contradictoires. Il semble que des gens près du gouvernement n’aient pas la même vision. Et franchement, quand on met les brides d’information bout à bout, ça ressemble à une mauvaise comédie.

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  3. « Le » lecteur assidu

    7 décembre 2020 à 08 h 47

    @ luc

    Sans nier, à prime abord, le bien fondé de votre commentaire, permettez-moi de souligner ce qui suit.

    À ce jour, j’avais pris l’habitude de prendre pour Vérité une information qui, pour moi, est crédible, vu qu’elle est publiée par notamment Le journal de Québec ou Le Soleil et ce, qui plus est, sous la signature d’un journaliste dûment identifié.

    Autrement dit, j’y attachais le même niveau de Vérité et de Crédibilité que lorsque notamment je lis un équivalent dans le Globe and Mail.

    Ne devrais-je pas❓

    Désormais, devrais-je plutôt adopter comme attitude de constamment douter en semblable circonstance et assimiler ces organes de presse à des diffuseurs de FakeNews ❓

    Je ne peux le concevoir et encore moins l’admettre ❗️

    Et je prends sur moi la « lourde responsabilité » d’affirmer que je suis convaincu qu’il en est aussi de même pour vous à cet égard.

    Permettez-moi, Luc, vu les circonstances, d’amender votre dernière phrase à l’effet que :

    – « Pour le moment, tout ce qu’on dit ne sert à rien car tout n’est que supposition. » (sic) pour la suivante .

    ◾️ Pour le moment, tout ce qu’on ..lit..ne sert à rien car tout …risque…de s’avérer…supposition. 😳

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    • PPDaoust

      7 décembre 2020 à 10 h 38

      Exact.

      Les coucous complotistes affirment que les médias nous manipulent. Dans le cas du Tramway, je suis obligé de dire que c’est pas faux.

      D’ailleurs, le rédacteur en chef de La Presse, Éric Trottier, vient de quitter son poste en émettant des réserves sur le travail de certains de ses jeunes homologues.

      Il met en lien les réseaux sociaux et le militantisme. On pourrait faire de même entre les réseaux sociaux et la recherche d’attention.

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      • Che

        7 décembre 2020 à 11 h 30

        Les médias sont constamment en recherche de lecteurs (eyeballs – ou paires de yeux). Ça toujours été le cas à travers l’histoire, mais l’avènement du numérique a empiré la situation.

        Ceci produit des phénomènes assez curieux :

        – Certains articles sont présentées comme des nouvelles, mais quand on les examine, ils sont uniquement basés sur de la spéculation.

        – Certains articles parlent de ce qui se dit dans les réseaux sociaux. La nouvelle est basée uniquement sur le fait que ça se jase sur Twitter. On ne vérifie pas la crédibilité ou l’intérêt public de ce qui se discute…

        – La qualité des « sources » se dégrade. On ne vérifie plus si une source peut être corroborée par une autre.

        – Il y a de plus en plus d’espace réservé aux textes d’opinion.

        – Les conspirations les plus folles sont légitimées par de la couverture par les médias. Autant ceux qui appuient la conspiration que ceux qui affirment vouloir la contrer.

        Disons que le numérique est nouveau pour les médias, et ceux-ci n’ont pas encore maîtrisé l’art de rapporter l’actualité dans ce nouvel environnement. De plus, le numérique vient gruger les profits de ces mêmes médias, alors ils ont de moins en moins les moyens de faire face à ces défis.

        Si vous êtes à l’aise en anglais, je vous suggère le livre « Hate inc. » de Matt Taïbi, ou « Trust Me, I’m Lying » de Ryan Holiday. C’est deux très bons livres sur les dessous de la « business » des médias.

        PS : Je ne suis pas du genre à dire qu’il faut arrêter de croire ce qu’on lit dans les médias. Malheureusement, c’est toujours notre meilleure source d’information. Par contre, il faut (ré) apprendre à « interpréter » l’actualité.

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      • PPDaoust

        7 décembre 2020 à 18 h 10

        Belle analyse.
        Merci Che. Je note vos références.

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      • Insider

        8 décembre 2020 à 07 h 26

        Un départ au journal La Presse nous a rappelé certains de ces travers.

        « Mon opinion n’a pas beaucoup changé sur le métier. Mais si je rencontrais de jeunes journalistes aujourd’hui, je leur dirais de ne pas rêver à devenir columnist et d’écrire au ‘‘je”. Il est important qu’on se distingue des réseaux sociaux. Je sens qu’il y a une dérive vers le militantisme. Le journalisme n’est pas un métier pour les militants, mais pour ceux qui recherchent la vérité.

        [ Éric Trottier, éditeur adjoint de La Presse ] »

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  4. michel

    7 décembre 2020 à 12 h 44

    « Dans leurs projections dévoilées cet automne, les autorités municipales prédisent l’arrivée dans ce secteur d’ici 10 ans de 9000 nouveaux résidents dans 4210 nouveaux logements. Y naîtraient aussi d’ici 2030 quelque 2000 emplois. »

    « L’IDU parle plutôt de 7700 résidents dans 3850 logements et de 1924 emplois. Mais le tout sur un horizon de 20 ans au lieu de 10, soit pour 2040. »

    Bien malin celui qui va réussir à prédire avec exactitude ce qui va réellement se produire à cet endroit dans 10 ou 20 ans.

    Chose certaine, au nouveau CHU de l’Enfant-Jésus, il y aura 5000 employés. Ce méga-hôpital de près de 2 milliards de dollars est en chantier, et devrait être inauguré en 2025.

    « Reste à trouver un nouvel endroit pour le garage d’entretien des wagons, immense bâtiment de 33 000 mètres carrés. Si la Ville martèle que Le Gendre est le seul secteur sur le tracé où l’on peut installer une aussi grande bâtisse, le gouvernement certifie que d’autres lieux sont possibles. »

    Le gouvernement a raison. Il y a au moins un autre lieu qui est possible.

    Voici ce que j’avais écris à cet effet il y a deux jours :

    ** Aux pages 180, 181 et 182 d’un document datant d’août 2020 et s’intitulant « Projet de zone d’innovation Littoral Est », on apprend que les trois terrains du garage municipal qui vont être décontaminés ont les superficies suivantes :

    Terrain no 1 : 45 797 m2
    Terrain no 2 : 14 029 m2
    Terrain no 3 : 25 585 m2

    Ce garage est situé le long du boulevard Henri-Bourassa, immédiatement au sud du chemin de la Canardière où circulerait le tramway, si celui-ci partait de D’Estimauville. **

    Un tramway qui partirait de D’Estimauville faciliterait le développement de la zone d’innovation Littoral Est. Ce projet est déjà en chantier, soit dit en passant. La décontamination des terrains, dont ceux du garage municipal dans Maizerets, est commencée. Avec de l’argent du provincial !

    Pour ce qui est du TOD, il serait plus environnementalement responsable d’en développer un plus près qu’à la périphérie ouest de la ville où il y a présentement un boisé et une zone humide. Genre dans le secteur Fleur-de-Lys/Hamel/Laurentienne.

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  5. Insider

    7 décembre 2020 à 13 h 15

    Si on se répète ça m’ouvre la porte pour le faire moi aussi. ;-)

    « Aux pages 180, 181 et 182 d’un document datant d’août 2020 et s’intitulant « Projet de zone d’innovation Littoral Est », on apprend que les trois terrains du garage municipal qui vont être décontaminés ont les superficies suivantes :

    Terrain no 1 : 45 797 m2
    Terrain no 2 : 14 029 m2
    Terrain no 3 : 25 585 m2 »

    La saga de la décontamination du terrain de l’édifice FX Drolet devrait inspirer la prudence pour choisir l’un de ces sites. Le futur peut réserver de très mauvaises surprises pour l’échéancier et les coûts.

    Quand j’ai écrit que l’on pouvait deviner où habitent les intervenants en lisant ce qu’ils pensent du projet de réseau structurant, votre aveu aujourd’hui vient confirmer ce que je pensais.

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