François Bourque
Le Soleil
CHRONIQUE / La CAQ promet de lancer le chantier d’un troisième lien à l’est dans un premier mandat et accuse les libéraux de s’être traîné les pieds.
Le Parti libéral dit tenir à ce troisième lien, mais avoir besoin de temps pour compléter les études. Le PQ reproche à la CAQ et aux libéraux d’aller trop vite en promettant un troisième lien sans avoir ces études.
Québec solidaire promet de mettre fin au projet de troisième lien qui ne servirait dit-il qu’à enrichir les promoteurs de Lévis et aggraver les problèmes de circulation.
La table est mise pour un débat régional animé et il est heureux que tous les points de vue y soient représentés.
À la veille de la campagne, la ministre Véronyque Tremblay a rendu public les faits saillants de l’état des travaux du Bureau du troisième lien.
Ce rapport évoque cinq hypothèses de corridor entre l’île d’Orléans à l’est et Saint-Augustin/Saint-Nicolas à l’ouest (voir carte ci-jointe).
J’en ai tiré mes propres faits saillants.
1. J’ai été ébloui par la carte des déplacements vers la rive nord à l’heure de pointe du matin. J’en ai rarement vu d’aussi éloquente et pertinente. D’un seul coup d’œil, on y comprend toute l’inutilité d’un troisième lien à l’est pour soulager la congestion routière.
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2. La seule raison «logique» à un troisième lien à l’est serait de vouloir urbaniser davantage la rive sud, notamment les terres agricoles dans Bellechasse et Montmagny. Des élus locaux (dont le maire de Lévis) salivent sans doute à la perspective de nouvelles taxes foncières. C’est dans la culture des organisations municipales de vouloir ainsi grossir, toujours et davantage.
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3. Le rapport d’étape de la semaine dernière ne nous a rien appris de nouveau sur les déplacements à Québec. Les données qu’on y trouve, dont la carte, proviennent de l’enquête origine-destination de 2011. On attend avec hâte des chiffres plus récents (enquête 2017). Le ministère des Transports (MTQ) promettait de les livrer cet automne, mais repousse maintenant la date et dit ne pas pouvoir en fixer une nouvelle. Je soupçonne que ce report n’est pas étranger à la campagne électorale. Peut-être veut-on éviter de lancer dans le public des chiffres qui confirmeraient l’inutilité d’un troisième lien à l’est. Ce serait un peu embêtant pour ceux qui en ont fait un moteur de leur campagne régionale.
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4. S’il faut écarter l’est, qu’en est-il des autres «corridors» interrives à l’étude au MTQ? À première vue (et même à la seconde), l’argument du détour limite ici aussi l’intérêt des axes route Lagueux-Saint-Augustin (1), route des Îles/Laurentienne (3) et route Kennedy/D’Estimauville (4). Les détours y seraient moins longs que dans le scénario de l’île d’Orléans (5), mais quand même significatifs et impliqueraient des connexions avec des autoroutes congestionnées. Il faudrait aussi faire la démonstration que malgré les contraintes de pente pour un tunnel, des raccords «intéressants» seraient possibles avec le réseau routier et les lieux de destination. On a beau pouvoir tout faire en ingénierie, il faut voir à quel prix et avec quelle pertinence?
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5. Les scénarios de corridors pour un troisième lien ne doivent pas faire perdre de vue une réalité solidement étayée par la recherche scientifique : l’ajout de voies d’autoroutes ne permet pas de réduire la congestion dans une agglomération. On peut parfois améliorer la fluidité des autoroutes en y corrigeant des anomalies ou problèmes localisés. En faisant disparaître par exemple l’étranglement de l’autoroute Henri-IV.
Québec solidaire mettra fin à la saga du troisième lien Céline Fabries (Le Soleil)



