Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Coup de barre attendu dans le projet de tramway

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 22 janvier 2020 9 commentaires

François Bourque
Le Soleil

CHRONIQUE / Le projet de tramway de Québec vient de prendre un virage important qui devrait permettre d’améliorer l’acceptabilité sociale et de calmer certaines critiques.

Il était temps.

Le «déclic» s’est fait à la mi-décembre, lors du dépôt de l’étude d’impact sur l’environnement. La réflexion s’est poursuivie ensuite pendant le temps des Fêtes, rapporte le directeur du projet, Daniel Genest.

On en mesure depuis quelques jours les premiers résultats tangibles : sorties média de M. Genest pour expliquer le projet; relocalisation probable du pôle d’échange du Phare; mot d’ordre donné à l’interne de «mettre l’emphase sur le confort» des stations.

La commande est venue d’en haut : «Mieux communiquer». Cela se traduira par une plus grande disponibilité du bureau de projet à répondre aux questions des médias et des citoyens.

Ce changement (non officiel) de porte-parole est bienvenu après les ratés de la dernière année.

Si la tendance annoncée se maintient, on devrait sentir plus d’assiduité à répondre, moins d’exaspération devant les questions, plus empathie pour les citoyens et plus de cohérence dans les explications.

Québec va par ailleurs former quatre comités de «bon voisinage» pour suivre le projet. Un pour chaque grand tronçon du tramway soit Charlesbourg–Saint-Roch, Saint-Roch–colline Parlementaire, Montcalm–Université Laval et Université–rue Le Gendre.

Ces comités de 12 à 15 personnes vont réunir des élus, des citoyens, des gens d’affaires, des groupes communautaires et des membres du bureau de projet.

On aurait pu imaginer que le maire voudrait lui-même donner le ton à cette ère nouvelle de communications lors de sa première sortie publique au retour des fêtes en marge du conseil municipal.

Ce fut exactement le contraire. Régis Labeaume a préféré envoyer promener les collègues journalistes qui l’ont questionné sur le récent sondage montrant un recul de l’appui au projet de tramway. Un spectacle désolant. «La bête est comme ça.» Je reprends ici l’expression que lui-même utilise pour se décrire.

M. Genest a révélé cette semaine que la localisation du pôle d’échange du Phare est désormais remise en question. Pas complètement écarté encore, mais il y a maintenant cinq scénarios sur la table, tous entre la rue Lavigerie et la route de l’Église.

L’objectif premier d’un tel pôle est d’assurer l’efficacité des échanges intermodaux (tramway-autobus).

Un pôle d’échange plus près de la route de l’Église permettrait un trajet de tramway plus direct vers le nord; serait moins compliqué à construire; permettrait de raccourcir le tunnel et peut-être l’éliminer, ce qui serait beaucoup moins coûteux.

Déplacer le pôle d’échange éviterait aussi d’ajouter aux problèmes de circulation à l’entrée des échangeurs des ponts.

J’avais soulevé ces enjeux au début de l’automne dernier dans une série de textes et j’ai reposé la question quelques fois depuis. Pas plus tard qu’il y a deux semaines encore.

(…)

AFFRONTER L’HIVER

Russie, Japon, Finlande, France, etc. Il y a d’innombrables exemples de tramways anciens et modernes qui roulent dans des villes d’hiver.

Toutes n’ont pas le climat de Québec avec ses froids, sa neige et ses épisodes de verglas, mais le directeur de projet de tramway de Québec, Daniel Genest, ne s’inquiète pas.

Avec une fréquence de tramway aux quatre minutes en heure de pointe, la neige n’aura pas le temps de s’accumuler sur les voies. Les trams vont balayer la neige à mesure ou presque. Et lorsqu’on annoncera de fortes précipitations de neige ou de verglas hors des heures de service, il explique qu’on fera circuler des véhicules la nuit au besoin.

Ça ne veut pas dire qu’il n’y aura jamais de déneigement à faire sur les voies, mais il y a peu de crainte de voir les tramways s’enliser.

J’ai trouvé sur YouTube une petite vidéo montrant l’avancée d’un vieux tramway dans les rues de Sapporo après une importante chute de neige.

J’en ai retenu plusieurs choses intéressantes :

1- Les tramways avancent même sur des voies enneigées.

2- Le tram de Sapporo est lent parce que toujours arrêté aux feux de circulation. Québec a fait le choix de donner au tramway une priorité absolue aux feux (sauf pour les véhicules d’urgence). C’est une très bonne idée. Essentielle même pour espérer un peu d’efficacité.

3- Les trams de Sapporo partagent la chaussée avec les voitures, ce qui les force à ralentir et accroît les risques d’accrochage et d’accident. Le tram de Québec sera à l’abri sur une plate-forme exclusive (sauf pour deux courts tronçons). Une autre bonne idée.

Le texte intégral de l’article

Voir aussi : Projet - Tramway.


9 commentaires

  1. Che

    22 janvier 2020 à 08 h 10

    François Bourque nous montre encore comment critiquer le projet de manière constructive.

    « S’il était possible de revenir en arrière dans le temps, Daniel Genest s’arrangerait pour évacuer plus tôt le débat sur le choix du «bon mode» de transport. »

    « L’étude sur le choix du bon mode de transport a été livrée tard à l’automne »

    Et cette étude n’a aucunement permis de convaincre les fans du « jamais dans ma voie » (ie fans du métro). Ils ont remis en question la légitimité de la firme, les hypothèses de l’étude et tous les chiffres. Il y a une partie de la population qui ne sera jamais convaincue. C’est le reste qu’il faut convaincre.

    « On aurait pu imaginer que le maire voudrait lui-même donner le ton à cette ère nouvelle de communications lors de sa première sortie publique au retour des fêtes en marge du conseil municipal. Ce fut exactement le contraire. Régis Labeaume a préféré envoyer promener les collègues journalistes qui l’ont questionné sur le récent sondage montrant un recul de l’appui au projet de tramway.  »

    Les gens ne se rendent pas compte à quel point ce projet est un compromis pour le maire. Il n’a jamais cru à un tel projet, jusqu’à ce que les deux paliers de gouvernement arrivent avec 3G$ d’argent à investir dans la ville. À ce point, il aurait été très irresponsable de refuser.

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  2. Jeff M

    22 janvier 2020 à 08 h 28

    Ce n’est pas à la mode de dire ça, mais j’ai le plus grand respect pour le maire Labaume. Il aurait pu choisir une voie beaucoup plus facile pour lui, politiquement. Il a confronté la radio poubelle. Il sais que le tout à l’auto ça ne marche pas. Alors il est aller de l’avant. Peu importe ce qu’il aurait mis de l’avant, il y aurait eu un concert de critique. Damn if you do. Damn if you don’t.
    Il n’y a pas de consensus sur une alternative au projet actuel, les opposants voguant entre un statut quo et un métro écourté. Les deux ont de gros points faibles. Il est difficile de voir de toute façon comment les choses vont reculer. Il faudrait un processus appel d’offre qui s’étende au delà de la prochaine élection municipale, avec Jean-François Gosselin à la mairie, le gars passé maître à dire des clownneires. Ça fait beaucoup de si.

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  3. michel

    22 janvier 2020 à 09 h 20

    Après avoir lu la chronique de monsieur Bourque ce matin, j’ai eu le goût de rire. J’ai donc écris « tramway stuck in snow » dans Youtube.
    Finlande, Allemagne, Norvège…

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    • D.

      23 janvier 2020 à 20 h 50

      Je vous invite à écrire « Bus stuck in snow » dans Youtube, vous allez bien rire également… (oh et est-ce que ça veut dire qu’il faut bannir les bus de notre climat nordique?? ;))

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      • michel

        24 janvier 2020 à 09 h 52

        Il serait ridicule de les bannir étant donné les dizaines de millions que cela nous a coûtés pour les acquérir et qu’ils offrent en plus un assez bon service. Or le verbe « bannir » ne s’applique pas dans le cas du tramway à Québec. Il n’est pas encore trop tard pour faire un autre choix.

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  4. urbanoïd

    22 janvier 2020 à 09 h 21

    @Daniel Genest Pouvez-vous rendre public tous les documents d’analyse que vous avez utilisé pour évaluer le métro léger ? Pourquoi cacher ces documents ?

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    • michel

      22 janvier 2020 à 09 h 27

      Des documents d’analyse qui démontreraient qu’il en coûterait 650 millions du kilomètre pour avoir un métro léger à Québec ? Ne retenez pas votre souffle…

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  5. urbanoïd

    22 janvier 2020 à 23 h 02

    Wow! Quelle farce! Je n’avais pas réalisé que le tramway serait sur une plateforme interdisant de traverser 148 intersections dans la ville et 58 interdictions de tourner à gauche en tout temps. Je comprend maintenant ce que les gens voulaient dire par couper la ville en deux.

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    • Insider

      23 janvier 2020 à 18 h 07

      « Wow! »

      En effet wow!

      Selon vous il y a moins d’intersections où le virage à gauche serait interdit qu’il n’y aurait d’intersection où il y a une plateforme « interdisant » (sic) de traverser la dite intersection?

      Je suis pantois! lol

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