Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Combien ont coûté les écoquartiers de Québec?

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 4 octobre 2020 1 commentaire

Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil

Combien a coûté aux contribuables, jusqu’à maintenant, la création des deux écoquartiers de la Ville de Québec?
L’administration municipale n’a pas jugé pertinent de tenir le compte des millions de dollars dépensés depuis 10 ans, tout en prétendant que l’exercice de revitalisation sera rentable… Le Soleil a obtenu des données en vertu de la Loi sur l’accès aux documents des organismes publics : la facture avoisine 70 millions $, même 85 millions $, et sa croissance se poursuit. Précisions.

En juillet dernier, le maire de Québec Régis Labeaume avait convoqué la presse pour célébrer l’avancement de la transformation des secteurs D’Estimauville et de la Pointe-aux-Lièvres. Nous lui avions demandé une évaluation du coût des deux projets. L’élu n’avait pas en main les montants exacts. Il avait néanmoins évoqué, entre autres, une enveloppe de 15 millions $ pour la décontamination du sol pollué. «On aura le décompte éventuellement», annonçait-il.

Surpris qu’on n’ait pas additionné les factures depuis le lancement de l’aventure des écoquartiers en 2009, nous avons ensuite interpellé l’administration municipale, sans plus de succès : «Considérant la durée dans le temps et la complexité des étapes nécessaires au développement [des écoquartiers] (achat, décontamination, vente, ouverture de rue), il est impossible de fournir aujourd’hui la compilation détaillée des investissements», nous a répondu le chef d’équipe aux communications, David O’Brien. Aucun bilan des débours, donc.

Il nous écrivait tout de même : «Le développement des terrains est […] considéré comme étant rentable pour la Ville, générant à moyen terme plus de revenus par rapport aux investissements.»

Comment pouvoir plaider la rentabilité, si on ne sait pas combien on a décaissé ?

La question est demeurée en suspens.

Des millions et des subventions

Des réponses plus détaillées sont arrivées plus tard, après le dépôt par Le Soleil d’une requête en vertu de la Loi.

Pour résumer : les contribuables ont, jusqu’à maintenant, payé au moins 68,6 millions $ pour la création des deux écoquartiers de la capitale, selon un relevé partiel. Partiel parce qu’il reste des travaux dispendieux de décontamination à effectuer. Partiel aussi parce nous n’avons pas reçu l’ensemble des investissements effectués entre 2009 et aujourd’hui.

De 2009 à 2013, la Ville de Québec comptait sur le privé pour prendre en charge les deux projets d’envergure. Un consortium local piloté par la Société immobilière Leboeuf avait remporté les deux appels d’offres… mais s’était finalement avoué vaincu. Les coûts de développement élevés ne permettaient pas de livrer des habitations à un prix populaire, semble-t-il.

Résultat, la mairie a repris les rênes durant l’été 2013.

Dans l’intervalle, la Ville avait néanmoins dépensé certaines sommes, dont 14,3 millions $ pour rebâtir en neuf l’avenue D’Estimauville. Des sommes qui s’ajoutent aux quelque 70 millions $ recensés.

Le compteur affichant 70 millions $ a donc débuté sa course au milieu de 2013, quand les autorités ont décidé d’acheter elles-mêmes les terrains souillés, de démolir les bâtiments industriels puis de décontaminer le tout avant de revendre des parcelles à plusieurs promoteurs privés.

Ce montant représente l’essentiel des fonds publics décaissés à D’Estimauville et à la Pointe-aux-Lièvres au cours des 7 dernières années.

Ce n’est toutefois pas encore terminé : la Ville a récemment mis la main sur la dernière propriété commerciale de la Pointe-aux-Lièvres, pour 4,2 millions $ (plus les taxes). La démolition des bâtiments et la décontamination du lot s’ajouteront à la facture totale.

L’État aussi a contribué

Les contribuables ont donc déboursé gros pour les écoquartiers de Québec. Mais tout l’argent n’a pas été pris dans la même poche.

Sur les dizaines de millions de dollars dépensés, la Ville s’est fait rembourser environ 26,6 millions $ par l’État. Toute la somme est allée à l’écoquartier de la Pointe-aux-Lièvres, surtout pour la décontamination, aussi pour financer en partie de la passerelle cyclopiétonnière et du pavillon d’accueil en construction dans le parc.

Rentable ?

Alors, seront-ils rentables les écoquartiers ?

Dans les données financières obtenues, nous constatons que la vente de terrains à des développeurs privés a rapporté jusqu’à maintenant presque 14,5 millions $.

La Ville souligne en outre qu’elle a perçu un total d’environ 7,2 millions $ en taxes municipales depuis 2017 (en incluant les sommes à recevoir en 2020) puisque des bâtiments neufs ont été érigés dans les écoquartiers. Un montant appelé à croître au rythme des constructions. Le document ne dit toutefois pas si c’est plus que le montant qui était perçu auprès des industriels avant leur départ.

Pour l’instant, les gains s’élèvent donc à plus ou moins 21,7 millions $; loin du compte.

Il y a cependant d’autres dividendes: «La construction des écoquartiers visait à revitaliser des quartiers industriels et commerciaux afin de créer des milieux de vie exemplaires», fait valoir le porte-parole municipal David O’Brien.

Régis Labeaume ajoute : «On frise les [8000] personnes dans les 2 écoquartiers, alors que jadis, il y a quand même une dizaine d’années, plus personne n’y habitait, que ces terrains-là étaient complètement dévitalisés.»

L’article

Voir aussi : Écoquartier.


Un commentaire

  1. « Le » lecteur assidu

    4 octobre 2020 à 14 h 56

    🔷 La question, …quelle question ❓

    – Lorsque nous sommes venus vivre à « Beauport-les-bains » (ça faisait plus chic dans un salon, plus à l’ouest !) , pour ceux qui n’ont pas connu, il y avait notamment un Woolco, c’est tout dire !

    – Ce « coin de pays » n’était que désolation, et le qualificatif est faible !

    – Pour ceux qui me lisent régulièrement sur Québec Urbain vous savez comment je suis critique de « l’héritage promis » par le maire Labeaume.

    – Maïs pour ce qui concerne la transformation du secteur d’Estimauville, avancée mais quand même encore en processus, je ne peux que féliciter notre maire, même si on réside à quelques kilomètres de là, en l’occurrence dans ce qui était dans les années avant la fusion créant la ville de Beauport, la municipalité de Villeneuve.

    – En conclusion, ce qui est fondamentalement important, ce n’est pas la question mais plutôt la réponse et cette réponse, non seulement elle est là, claire et nette, mais structurante ( un clin d’œil !) à tous égards.

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