Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Bourg-Royal: désastre de mise en valeur d’utilisation unique du territoire?

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 11 août 2010 9 commentaires

Voici un long mais très intéressant commentaire de Richard Lamarche, fait dans le billet « Où est passé le Château Bigot? »

Je l’extrais pour en faire un billet en vous donnant deux références pour l’analyser:

Je viens juste de tomber sur cette page web hier soir. C’est complètement renversant cette histoire. J’ai habité au bout de la rue des Thuyas à deux pas de là, de 1985 à 92 et, voilà presque deux ans maintenant, je suis embarqué dans un projet tout à fait de loisir personnel de plonger et découvrir la riche histoire de ce cet espace unique qu’est Charlesbourg et le Québec Métro en général, où j’ai grandi, via Internet de mon domicile actuel à Calgary, et sur le terrain quand je viens en vacances. Pourquoi ce projet d’histoire ? Parce qu’à Québec, paradoxalement la ville la plus historique en Amérique du Nord et dont les banlieues furent les toutes premières seigneuries, on ne nous l’enseigne pas notre histoire locale. Dans n’importe quel autre endroit, les gens de la localité conaissent tous le folklore et les mythes locaux. Mais pas à Québec. Jamais je n’aurais pensé que le quartier Château-Bigot à Charlesbourg recelait une telle légende! J’ai à peu près tout appris ce que je sais maintenant lors de ce projet. Et là cette sordide histoire. Ça alors! Quand j’étais jeune, j’allais des fois me promener en bicycle dans les rues de Château-Bigot pour le fun, et pour monter dans la Montagne des Roches; j’allais à l’accommodation le Polyvalent acheter de la gomme Bazooka Joe et des bonbons; et plus tard j’ai fait mon secondaire à l’école Les Sentiers… sans jamais savoir qu’il y avait là les ruines d’une demeure construite en 1718, en plein régime français!


Cette culture d’ignorance populaire de notre histoire à Québec est alarmante. En fait, c’est celle des autorités, du système d’éducation, de tout garder ces trésors dans l’ombre, enfouis, qui l’est. Et plus encore, l’absence quasi-totale de souci pour en préserver la valeur et l’intégrité pour que les générations futures puissent célébrer cet héritage unique sur ce continent, est dérangeante. Oui ils ont fait une excellente job de restaurer le Moulin des Jésuites à sa gloire de la Nouvelle-France. Mais le plan radial… Ce qu’ils ont fait du plan radial est un sacrilège.

J’en aurais tout un billet à écrire au sujet du plan radial de Charlesbourg, et plus particulièrement de Bourg-Royal. Ce plan radial est l’objet d’une fascination aiguë pour moi. En 1985-86, mon prof de 5e année est la personne par qui j’ai entendu à propos de ce plan radial, et de son unicité au monde, pour la première fois. Non, ça ne faisait pas partie de la matière du cours, c’est simplement que ce prof aimait tant nous glisser à l’occasion une bribe sur les réalités historiques et ancestrales du Québec. Mais, il parlait du plan radial comme si ça avait existé il y a très longtemps, et que ça avait disparu avec la Nouvelle-France elle-même… Ce sujet a donc été refoulé à mes arrière-pensées, songeant un jour en explorer peut-être la réalité pour rassasier ma curiosité sur cette caractéristique captivante du Charlesbourg dans lequel j’ai grandi.

C’est finalement en 2008 que je ressors ça du tiroir, suite à des vacances annuelles dans ma ville natale, où j’amène pour la première fois mon coloc et ami anglophone qui n’était jamais venu à Québec. C’est là que naquit en moi ce désir de découvrir, d’explorer et de documenter les réalités historiques et archéo-géographiques de Québec, de Charlesbourg et de Beauport… et d’aller enfin explorer ce qu’il reste de ce plan radial. Je découvre sur l’image satellite Google Maps actuelle (prise en juin 2007) que le plan radial de Bourg-Royal est encore bien visible, surtout avec son grand champ à l’est qui s’étend jusqu’à la limite du grand carré dans lequel le plan radial est inscrit. Grâce à une image satellite précédente que je retrouve sur un blog sur la ville de Québec, je constate la progression rapide de l’urbanisation sur les anciennes terres radiales dans l’année ou deux qui sépare(nt) ces images successives.

Ce qui alimente particulièrement cette quête passionnée, c’est le fait qu’aux étés 1985 et 86, j’aimais aller vaquer dans les trails sauvages à l’est du boul. Loiret (l’ancien, non pavé), sous les lignes à haute tension et dans les environs. Jamais, à l’époque, je n’ai su que je me promenais en plein sur ces anciennes terres radiales abandonnées, celles du quadrant nord-ouest du grand carré de Bourg-Royal. C’est en 2008 que j’ai allumé. En 2006, j’avais découvert, particulièrement et avec grand désarroi, sur l’image satellite Google Maps, qu’un nouveau développement résidentiel avait ouvert toute une déchirure irréparable en plein sur cet espace de trails sauvages, les effaçant à jamais. Car j’avais toujours été fasciné de voir comment ces trails se profileraient d’en haut. Et là, en cette ère de l’Internet avec enfin les images satellite Google Maps au bout des doigts, il était trop tard. Puis vient 2008 et cette plongée dans l’histoire de ce lieu mentionnée plus haut. Alors à cette fascination s’en ajoute une encore plus importante et profonde : comment les anciennes délimitations de terres radiales se profilaient-elles à cet endroit dans le couvert végétal ? Jonchaient-elles vraiment ces trails que j’avais tant parcourues en bicycle dans mon enfance ? L’irréparable ayant été commis, je ne pouvais hélas que spéculer, et laisser aller mon imagination…

Là je n’irai pas dans les détails, mais grosso modo, ce que j’ai fait ensuite c’est une étude méticuleuse des traces encore visibles de ce plan radial, dont certaines lignes ont été préservées sous forme de divisions entre rangées de cours arrières. Armé d’un plan de la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges tracé en 1754 et d’un rapporteur d’angles, j’ai mesuré les angles que ces lignes radiales faisaient avec l’ave. Bourg-Royal, et j’ai comparé avec ceux des divisions sur ce plan. À ma grande satisfaction, un bon nombre de ces lignes sur le terrain actuel correspondaient, à plus ou moins 1 ou 2 degrés, à des divisions sur le plan de 1754. J’ai ensuite trouvé, sur l’Internet, deux photos aériennes du Carré Tracy datant de la 1re moitié du 20e siècle, sur lesquelles j’ai pu repérer et identifier un bon nombre de ces mêmes lignes radiales. Mais, aucune de ces photos ne montre le quadrant nord-ouest passé le pourtour immédiat du Carré Tracy. Tout ce que j’ai pour me montrer comment l’endroit même où j’allais me promener dans les trails se profilait à l’époque où ces terres radiales étaient encore en cultivation, c’est le décor de cette fameuse photo aérienne oblique du Trait-Carré prise par W. B. Edwards en 1937, qui montre Bourg-Royal au loin.

Les gens à la Société d’histoire de Charlesbourg insistent que le plan radial a adéquatement été préservé. En effet, le pattern des rues s’alignant et s’enveloppant autour du Trait-Carré en est l’évidence : on ne peut pas dire que le plan radial a complètement été jeté au rancart lors du développement urbain de cet endroit. À Bourg-Royal, les nouvelles rues, surtout dans le quadrant nord-ouest, s’enveloppent encore plus intimement dans un pattern d’autant plus radioconcentrique autour du Carré Tracy. D’emblée, à Bourg-Royal, ils ont fait une « meilleure job encore », pourrait-on dire. Mais, avez-vous déjà regardé de plus près ces nouvelles rues à Bourg-Royal ? Des rues soit-disant « radiales », il n’y en a pas une qui vise au vrai centre du Carré Tracy comme les anciennes lignes radiales le faisaient! Allez sur Google Maps/satellite, prenez une règle et voyez-le par vous-mêmes! Ce qui est plus révoltant encore, c’est que, à l’exception des développements plus anciens datant de la fin des années ‘60 et ‘70 qui ont eu soin de respecter quelques anciennes lignes radiales au moyen de divisions entre rangées de cours arrières et de l’alignement d’une rue ou deux juste à l’est de l’école Les Sentiers, un bon nombre de ces lignes radiales se virent complètement effacées, enrayées de la réalité à jamais! Ces divisions radiales de champs vieilles de 3 siècles, remontant au temps de Frontenac, qui avaient été conservées de génération en génération quasi intactes par les cultivateurs jusqu’à nos jours, ont soudainement disparu en l’espace d’une couple de décennies!! Les développeurs urbains n’étaient-ils pas conscients, ou connaissants, de la valeur partimoiniale inestimable de ce qu’ils avaient entre les mains ? Ils ont ainsi substitué un joyau authentique de la Nouvelle-France, dont on avait la chance de disposer encore dans son état quasi original en cette ère post-moderne, par un semblant de plan radial, du factice!! Ça, c’est équivalent à démolir la structure originale du Moulin des Jésuites pour préserver l’addition qu’ils ont faite en 1910! D’un point du vue du patrimoine historique, ce n’est pas qu’insensé, c’est aberrant! C’est donc, contrairement aux apparences d’emblée, à Charlesbourg que le plan radial a été le mieux préservé, où un bon nombre de rues et d’avenues, de délimitations entre rangées de cours arrières, et même le mur arrière du Carrefour Charlesbourg, suivent les lignes radiales d’origine.

C’est à la fin de mes dernières vacances à Québec en mai 2009 que, lors de ma toute première visite au Moulin des Jésuites, je trouve l’objet ultime de ma quête. Sur la page couverture de la brochure Charlesbourg d’hier à aujourd’hui, disponible à cet endroit, je vois une photo aérienne verticale de Charlesbourg et Bourg-Royal datant de 1989, donc à l’époque où les trails que je mentionne plus haut étaient encore intouchées par l’urbanisation. Quand je vois le nombre de lignes radiales qui parcourent le quadrant nord-ouest du grand carré de Bourg-Royal, qui sautent aux yeux, « I shake my head in disbelief », comme ils disent en anglais. Car aussi récemment que cette année-là, ces lignes se profilaient encore en éventail comme sur le plan de la seigneurie de 1754! Je réalise alors que la destruction de ce joyau archéogéographique unique au monde était déjà avancée à l’époque de l’image satellite de 2005 ou 2006, qui comprend encore une couple de lignes qui ne sont plus là sur l’image actuelle. Et ce n’est pas tout. Quel fut mon désarroi lorsque, lors de mon exploration sur le terrain de ce plan radial en disparition accélérée, je découvre que le dernier champ radial dans ce quadrant, qui radie à 45° du coin nord-ouest du Carré Tracy, était en démolition! Ils avaient remué la terre pour la construction des segments manquants des rues concentriques de ce développement que ce champ scindait en deux! Par conséquent, les deux limites de ce champ sont, encore une fois, deux autres belles lignes radiales authentiques du temps de nos ancêtres qui allaient disparaître, effacées du territoire à jamais. Car aujourd’hui ils ne les respectent plus, ils construisent les maisons et plus rien ne marque là où la ligne passait.

C’est ça qu’ils appellent la préservation du plan radial de Charlesbourg, qu’il faut « préserver à tout prix », comme on lit dans le document Étude de caractérisation de l’arrondissement historique de Charlesbourg produit en 2005 par la Commission des biens culturels du Québec ? Le grand problême c’est que, un bon nombre d’exceptions mis à part, le sens du partimoine historique local, du « heritage » comme ils l’appellent en anglais, échappe aux Canadiens-français. Quelles autres banlieues sur ce continent pouvaient se vanter de receler un vestige d’une demeure construite en 1718 ? Ce n’est pas dans les banlieues de Toronto que vous allez trouver ça. Et pourtant, si ça avait été le cas, vous pouvez être sûrs qu’ils n’auraient pas laissé ce vestige s’écrouler jusqu’à ce que la dernière pierre ne disparaisse sous le sol; ce vestige aurait été préservé du mieux qu’ils auraient pu, et célébré, fort probablement par un parc tout autour. En passant, le Château Bigot n’a pas reçu « seconde vie » comme on lit plus haut sur ce fil, par Albert Potvin : il a littéralement été recyclé! Or, laisse-t-on les cadavres des dignitaires exposés aux éléments, pour qu’ils se fassent grignoter par les carnassiers ? Et le plan radial… Puisqu’il fallait absolument y construire un développement résidentiel, qu’est-ce que ça aurait été de faire des avenues sur les lignes radiales mêmes, surtout dans le quadrant nord-ouest, pour y greffer les petites rues, dans un pattern concentrique comme ils l’ont fait ? Ils n’auraient même pas eu besoin d’arpenteurs, ils n’auraient eu qu’à suivre les lignes qui étaient encore là! Comble de la stupidité, deux lignes radiales qui avaient existé sous forme d’une route de ferme sont devenues des divisions entre rangées de cours arrières! Ils ne peuvent pas dire qu’ils n’ont pas eu là l’opportunité d’en faire au moins deux avenues vraiment radiales sans trop de défrichage! Ça, ça aurait été de la préservation pour les générations futures. Et ça aurait été éblouissant sur l’image satellite de Google Maps, même sur une map. Cela aurait constitué une réelle célébration à la hauteur de ce joyau archéogéographique, qui est, soit dit en passant, récemment tombé dans l’oeil de rien de moins prestigieux que la Sorbonne à Paris! Allez lire leur « Lecture archéogéographique d’un faubourg septentrionnal de la ville de Québec (Canada) », c’est intéressant ce que ces Français ont à dire de notre Charlesbourg d’ici (et ils n’ont rien vu de la photo aérienne de 1989!)

Ça a pris, en effet, un des très rares anglophones qui s’adonnent à vivre à Charlesbourg pour créer une oeuvre d’art qui est génialement à la hauteur de l’héritage du plan radial : c’est le tableau Convergences qui est fièrement affiché dans la nouvelle bibliothèque municipale près du Trait-Carré. Là encore, si le plan radial avait existé quelque part dans le Canada anglais, il serait aujourd’hui rien de moins qu’un Site du patrimoine national du Canada (Canadian National Heritage Site). Il y a maintenant des panneaux d’interprétation au Trait-Carré, mais rien à Bourg-Royal; et c’est pourtant à Bourg-Royal qu’ils ont eu une seconde chance de faire quelque chose de vraiment fabuleux, car dans les années ‘80, le squelette du joyau original dont ils disposaient était encore presque entier…

C’est en lisant un autre fil de discussion sur ce site web, au sujet de la redoute de Montcalm à Beauport, juste avant de lire celui-ci, que j’ai eu mon premier vrai sens du pourquoi de la non-préservation de ces joyaux historiques comme aucun autre lieu au Canada ne les regroupe aussi nombreusement : la Ville et les développeurs s’en foutent éperdument. Et là vient l’histoire loufoque du Château Bigot, qui en fournit la confirmation la plus claire et irrévocable.

Enfin sur cette page web, je semble avoir trouvé, disons, la moitié de l’objet de mon autre quête ultime, à savoir comment les champs radiaux se profilaient avant leur abandon en friche dans le quadrant nord-ouest du grand carré de Bourg-Royal, avant que les lignes d’hydro ne passent par là. J’ai très apprécié la photo aérienne verticale de 1948 que M. Roberge a affichée dans son message original de ce fil de discussion. Enfin je vois l’étendue défrichée des champs radiaux et la végétation le long de la limite nord du grand carré au milieu du 20e siècle de directement au-dessus, et même ce qui allait devenir la fin de la rue des Cyprès. Cette photo ne montre cependant que la moitié nord de ce quadrant. Est-ce que ce serait possible de fournir la photo entière (s’il s’agit d’une partie d’une photo plus grande), ou une autre photo du genre à cette époque ou plus tôt dans le 20e siècle, qui montrerait tout le quadrant nord-ouest, s.v.p. ? Ce serait très apprécié. Mes recherches sur Google n’ont pas produit de photos aériennes de cette époque du quadrant nord-ouest. Merci à l’avance!

Voir aussi : Arrondissement Charlesbourg, Histoire.


9 commentaires

  1. davedeux

    11 août 2010 à 12 h 25

    Très captivant comme article. Mais en plus du Château Bigot, il
    existait aussi de nombreuses caves de conservation, comme on
    retrouve tout le long de la côte de Beaupré sur le Chemin Royale.
    Des caves de conservation qui étaient en voute datant sans doute
    du régime français. Il y en a au moins deux qui furent convertis en
    chapelle de rang. Je suis certain qu’ils en reste semi enfouie dans
    certaines arrières-cours de vieilles maisons. C’est coin que je fréquentais dans ma jeunesse.

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  2. Sébastien

    11 août 2010 à 13 h 16

    Le chemin royal sur la CDB, on est également en train de le perdre… ou plutôt de le diluer dans une mer de bungalow en vinyle beige ! Dommage parce que le patrimoine de ce secteur est au moins aussi important que celui de l’île d’Orléans…

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  3. Carol

    11 août 2010 à 15 h 07

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  4. heron23

    12 août 2010 à 09 h 00

    Intéressant témoignage Monsieur Lamarche. Merci Francis !

    Pour mener à bien la suite de vos recherches, il vous faudrait consulter des ressources dans les archives et études-papier car vous semblez avoir épuisé celles du web… Ce dernier est un point de départ qui a ses limites. Je comprends que vous habitiez Calgary mais peut-être que des consultations de documents sont possibles dans vos universités locales, notamment dans leurs départements de cartographie ?

    Quand à la préservation des vestiges urbains anciens et de l’enseignement de l’histoire, voilà des débats sans fin !

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  5. Nicolas Roberge Utilisateur de Québec Urbain

    12 août 2010 à 23 h 07

    On m’a expliqué que les villes investissent dans les arrondissements historiques seulement. Si un site patrimonial est en périphérie, il est traité comme n’importe lequel terrain privé.

    Le site de Montcalm à Beauport, Château Bigot et le Bourg-Royal en sont des exemples. Il y en a beaucoup d’autres. C’est faut de croire que nos ancêtres ne sortait pas de la Cité de Québec. Le patrimoine urbain est aussi présent dans la banlieue.

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  6. Claude Jean

    8 novembre 2010 à 18 h 37

    Le Château Bigot – ou plutôt le Château Bégon
    Il y a dans le 4e arrondissement (Charlesbourg) un secteur connu sous le nom de Château-Bigot, situé au nord de Bourg-Royal. Jadis, à l’angle des actuelles rues de Grandpré et de l’Intendant, s’y trouvait une grande maison en pierre. Selon William Kirby, François Bigot, le dernier intendant de la Nouvelle-France, de 1748 à 1759, y aurait tenu captive la belle Caroline de Saint-Castin, petite-fille d’un chef abénaquis. Angélique des Méloizes, jalouse, aurait voulu se débarrasser de sa rivale et l’aurait empoisonnée avec un bouquet de roses imprégnées d’aqua tofana. Bigot aurait trouvé le corps de l’Amérindienne dans une chambre secrète du château et, éploré, l’aurait inhumé dans une voûte souterraine. Il aurait soupçonné Angélique mais n’aurait pas voulu l’accuser.

    Ce fut dans les années 1890 qu’Arthur Brousseau mit en valeur les ruines du château Bigot et en fit un populaire lieu touristique. De nombreux Américains s’y rendirent voir le lieu de captivité de Caroline. Les romans L’Intendant Bigot, de Joseph Marmette, et The Golden Dog, de Kirby, parus en 1872 et 1877, ont si habilement entrelacé l’imaginaire et la réalité que, dans l’esprit de quelques générations de lecteurs, l’histoire romancée du château Bigot parut véridique.

    La vérité est toute autre. L’intendant Bigot n’a peut-être jamais mis les pieds au château qui portera son nom. Ce fut plutôt Michel Bégon, intendant à Québec de 1712 à 1726, qui se fit construire cette résidence, sur l’arrière-fief dont il était devenu propriétaire en 1718. Cette maison, qui sera connue sous les noms de Beaumanoir et de l’Hermitage, aura plusieurs propriétaires, sera abandonnée vers 1850, puis tombera en ruines. Son dernier mur de pierre sera jeté au sol en 1908 et la propriété fera l’objet de fouilles archéologiques en 1979-80. Dans la mémoire des Québécois, la maison de campagne de Bégon demeurera cependant le château Bigot. Les légendes sont parfois plus solides que les châteaux.

    Jean-Marie Lebel

    http://www.capitale.gouv.qc.ca/produits-services/publications/item-chateau-bigot-ou-plutot-le-chateau.html

    Soldat Sanspareil
    2ème bataillon du régiment de la Sarre
    Vive le Roy!

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  7. Claude Jean

    8 novembre 2010 à 18 h 39

    Château-Bigot
    chemin de Date de dénomination : 15 septembre 1986
    Arrondissement(s) : Charlesbourg
    Système odonymique : Château Bigot
    Ancien(s) toponyme(s) : Bourg-la-Reine, chemin; Château-Bigot, chemin; Rouleau, rue

    Ce toponyme évoque une résidence secondaire construite en 1718 pour l’intendant Bégon (1667-1747), mais qu’un roman populaire attribue à François Bigot (1703-1778), intendant de la Nouvelle-France de 1748 à 1760. Dans The Golden Dog (Le Chien d’or), paru en 1877, le romancier William Kirby fait de la résidence de Bégon le théâtre des amours illicites de l’intendant Bigot. Frappant l’imaginaire, la maison connue sous les noms de château Bégon, Beaumanoir, l’Hermitage et maison de la Montagne devient le « château Bigot ». Elle s’élevait à l’angle de l’avenue du Bourg-la-Reine et de la rue du Vice-Roi. Restée dans la famille Bégon jusqu’en 1753, la demeure a souvent changé de propriétaires par la suite, pour être abandonnée vers 1850. Au tournant du 20e siècle, il n’en reste plus qu’un mur de pierre, démantelé en 1909. Des fouilles archéologiques sont effectuées sur le site en 1979 et 1980. Au moment de la construction du secteur résidentiel de Château-Bigot, une partie de la pierre de l’ancienne résidence est récupérée par le promoteur Albert Potvin et intégrée à sa maison.

    Si le nom « château Bigot » est passé à la postérité au détriment de tous les autres, c’est sans doute à cause de la réputation de François Bigot, séducteur et joueur notoire. Sa vie scandaleuse a inspiré plusieurs romanciers dont William Kirby, qui entremêle faits historiques et fiction pour tracer un portrait de la société de Québec à la fin du Régime français. Dans l’un des épisodes de son roman, la maîtresse de Bigot, Angélique de Méloizes (voir Pompadour), fait empoisonner une jeune Amérindienne dont l’intendant s’était épris et qu’il retenait dans son château. Accablé de chagrin, Bigot enfouit le corps de sa bien-aimée sous une voûte souterraine sans oser confronter sa maîtresse. La légende aidant, les ruines du château Bigot deviendront au cours des années 1890 une attraction touristique, fréquentée notamment par des Américains venus voir le lieu où aurait vécu la malheureuse captive.

    Anciens toponymes
    Au moment de son ouverture, en 1964, le chemin de Château-Bigot portait le nom de chemin Château-Bigot. Le 15 septembre 1986, ce toponyme a remplacé ceux de rue Rouleau et de chemin Bourg-la-Reine. La rue Rouleau avait été nommée ainsi en l’honneur d’Hervé Rouleau, propriétaire terrien, alors que le chemin Bourg-la-Reine rappelait le nom d’un village que l’intendant Jean Talon avait projeté d’établir en 1666.

    http://www4.ville.quebec.qc.ca/toponymie_repertoire/rues/chateau_bigot.shtml

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  8. Claude Jean

    8 novembre 2010 à 18 h 42

    Château-Bigot: quartier de légende
    Agrandir

    Pendant neuf ans, Lucienne Potvin et son mari Albert ont habité cette maison. M. Potvin l’a fait construire en 1979 avec les pierres récupérées des fondations du château Bigot. Mme Potvin habite aujourd’hui la maison voisine.

    Jean-Nicolas Patoine

    Collaboration spéciale, Le Soleil
    L’intendant François Bigot aurait mené «joyeuse vie» dans le secteur qui porte aujourd’hui le nom de son ancien château. Il y aurait tenu captive la petite-fille d’un chef abénaquis dont il était amoureux. Une rivale jalouse aurait alors employé La Corriveau pour empoisonner la malheureuse. Les sons qu’on entend à Château-Bigot sont-ils les lamentations de la pauvre victime?

    À l’entrée du secteur, la rivière des Commissaires se transforme en petite baie explorée par les canards.

    Le château Bigot – appelé Beaumanoir sous le régime français – a été construit au début du XVIIIe siècle. Il s’agissait alors du pavillon d’été de l’intendant Michel Bégon. En 1748, il serait devenu le lieu de «rendez-vous» de François Bigot, jusqu’à ce que celui-ci soit emprisonné à la Bastille en 1759. Il change ensuite plusieurs fois de mains, pour être finalement abandonné au milieu du XIXe siècle.

    On le croit hanté. Apparemment, des bruits venus tout droit de l’enfer envahissent le silence de pierre qui devrait y régner.

    Rapidement, son toit et certains de ses murs s’effondrent, comme si la maison tentait elle-même d’éliminer les fantômes qui l’assaillent.

    En 1913, le dernier mur toujours debout subit les foudres de la population. Par mesure de sécurité, dit-on. Le refuge devient dépotoir.

    Dans les années 40 et 50, Albert Potvin, propriétaire d’une partie du secteur, bâtit des chalets à l’ombre des grands arbres de Château-Bigot. En 1960, toutefois, ce territoire est zoné résidentiel, selon les désirs de la municipalité de Charlesbourg-Est. L’ère des chalets s’achève ; celle des maisons unifamiliales commence. «La ville est venue nous rejoindre, dit Mme Potvin, veuve d’Albert Potvin. Mais on ne s’attendait pas à ce que ça arrive si vite.»

    En 1979, des fouilles archéologiques permettent l’étude des fondations du manoir. À côté de celles-ci, M. Potvin fait construire une maison avec les pierres des ruines.

    Aujourd’hui, Château-Bigot est devenue une banlieue verte et vivante. Rien de disproportionné. Pas de vastes propriétés. Pas de garages quadruples. Juste des jardins soignés, des gens accueillants et des chemins boisés, aux titres nobles. Les rues du Baron, du Comte, les avenues le Duc, Bourg-la-Reine et compagnie rappellent le passé aristocrate du secteur.

    «C’est un quartier familial, explique Jacques Verreault, Châteaubigoteux depuis 24 ans. Les gens fraternisent beaucoup. C’est réellement un quartier adorable.»

    Et qui est près de la nature. Voilà ce qui plaît aux résidants rencontrés par Le Soleil au hasard d’une promenade ponctuée d’inquiétantes plaintes venues de nulle part.

    «Quand ils ont construit, ils ont gardé les arbres indigènes. C’est assez rare. D’habitude, quand un quartier est bâti, on commence par raser tous les arbres», explique André, qui habite Château-Bigot depuis 16 ans.

    Cette verdure appelle aux longues randonnées. «Ça marche beaucoup par ici. J’arrive justement de ma marche», dit Lucienne Potvin, qui aura 81 ans dans quelques jours.

    Ces promeneurs sont attachés à leur univers. Il y a plusieurs jeunes familles qui ont récemment choisi ce secteur, mais une bonne partie de la population de Château-Bigot se compose de «vétérans» qui y vivent depuis 15, 20 ou 25 ans. «Il y a plus de gens fidèles que d’infidèles», constate André. Mais sur quatre rues sélectionnées au hasard, il s’est quand même vendu 20 propriétés depuis cinq ans, selon la Chambre immobilière de Québec.

    Forêt paisible

    Autour du quartier, un réseau de petits sentiers permet d’admirer les forêts du nord de Québec. Un bon endroit pour observer les oiseaux.

    Yvon et Yolande approuvent. «À la fin de la journée, on entend tous les oiseaux. Et (on aime) le silence. On se ressource, ici», disent ces résidants du quartier voisin, Orsainville, qui se promènent souvent du côté de Château-Bigot.

    Même s’il est en pleine nature, le coin n’est pas perdu en plein nulle part. Le circuit 36 du Réseau de transport de la Capitale y circule près de 20 fois par jour et mène directement au centre-ville de Québec. En voiture, une vingtaine de minutes suffisent à se rendre au même endroit.

    Personne n’a parlé au Soleil des obsédants gémissements qui galvanisent l’air ambiant. Parce qu’il n’y en a aucun, vous l’aurez deviné.

    Tuer une légende

    Les légendes ont la couenne dure. Voyons voir les dégâts que la vérité peut leur causer.

    François Bigot n’aurait jamais mis les pieds dans le manoir qui a porté son nom. Les objets découverts lors des fouilles de 1979-1980 n’ont donné aucun signe de décadence. C’était plutôt un endroit de villégiature, de chasse et de pêche.

    En fait, la légende a été amplifiée, voire créée, par William Kirby. Dans Le Chien d’or (The Golden Dog), un roman publié en 1877, il a échafaudé une histoire autour du Beaumanoir. La petite-fille abénakis, La Corriveau, l’empoisonnement… Tout ça émane de l’imagination de l’auteur. «On ne se doute pas de l’importance de ce roman-là, explique l’historien Jean-Marie Lebel. Il y a 20 ans, dans la vieille librairie Garneau du Vieux-Québec, le livre était toujours en vitrine.»

    Bref, contrairement à ce qu’a laissé croire cet article, Château-Bigot n’est pas hanté. Il n’y a ni gémissement, ni plainte d’une jeune femme empoisonnée. Le seul soupir perceptible est celui du vent dans les arbres. «La parution d’une fausseté en histoire, ça peut prendre des générations avant de l’effacer», estime M. Lebel. Mais il en va des légendes comme des châteaux: leur destin est parfois de s’élever pour mieux s’effondrer

    http://montoit.cyberpresse.ca/habitation/200609/12/01-869516-chateau-bigot-quartier-de-legende.php

    Soldat Sanspareil
    2ème bataillon du régiment de la Sarre
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  9. Claude Jean

    8 novembre 2010 à 19 h 10

    Chateau Bigot.

    Pour en savoir plus consulter le lien suivant:

    http://www.ourroots.ca/page.aspx?id=369320&qryID=1298a23d-a68c-490a-a6f8-44aa6b277b37

    Bonne lecture et découvertes.

    Soldat Sanspareil
    2ème bataillon du régiment de la Sarre
    Vive le Roy!

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