Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Un vent contraire pour le tramway

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 16 janvier 2020 7 commentaires

François Bourque
Le Soleil

CHRONIQUE / L’appui au projet de tramway de Québec a chuté à 46 % selon un sondage CROP mené en décembre pour le parti d’opposition Québec 21.

Ce n’est pas très étonnant. L’administration Labeaume n’a pas été bonne à «vendre» son projet. Elle a tardé à répondre aux questions et inquiétudes.

A mal expliqué certains choix. La plateforme surélevée pour le tramway par exemple, qui vise une meilleure efficacité, mais fut perçue par des opposants comme une mesure «vexatoire» pour écœurer les automobilistes.

On a laissé s’installer le doute et la méfiance. Sur la localisation du pôle d’échange sous Le Phare, par exemple.

Un emplacement excentrique et exigu, alors qu’il y a plus de place près de la route de l’Église. Pourquoi ne pas expliquer ce choix?

Plusieurs réponses ont commencé à venir avec les études déposées à l’automne (bruit, choix du métro-tramway, impact sur la circulation, etc.), mais le mal était fait.

La grogne s’était répandue, stimulée par des voix d’opposition fortes, notamment à la radio privée.

Le sondage CROP suggère que 14 % des citoyens ont changé d’avis dans la dernière année.

Les 18-34 ans (20 %) furent à cet égard les plus nombreux. Curieusement, c’est cette même cohorte des 18-34 ans qui a le moins suivi dans l’actualité les discussions sur le projet de tramway (63 %).

Inversement, les plus de 55 ans, qui ont moins changé d’idée (11 %), sont ceux qui ont le plus suivi les débats d’actualité (78 %).

En autres mots, moins on s’informe et s’intéresse au débat, plus on change d’idée. Il y a ici un beau sujet de recherche sociologique.

Le sondage mené du 16 au 26 décembre dernier auprès de 500 répondants sur le Web fait apparaître d’étonnants écarts entre les hommes et les femmes, entre les groupes d’âge et entre les arrondissements.

Les 35-54 ans sont les moins favorables au projet (29 %), alors que les plus jeunes (53 %) et les plus âgés (54 %) sont majoritairement d’accord. Les hommes (52 %) y sont plus favorables que les femmes (41 %). L’appui est plus fort au centre qu’en périphérie.

Mon hypothèse : les jeunes familles et les travailleurs les plus pressés (35-54 ans) appuient moins le tramway parce qu’ils n’y voient pas une solution pratique aux urgences du quotidien qui les font courir entre la maison, la garderie, le travail, l’épicerie, les cours et les devoirs des enfants, etc.

Ma seconde hypothèse : ce sont davantage les femmes que les hommes qui assument la responsabilité de cette course quotidienne.

***

Pour plusieurs des questions soulevées par les citoyens (et par des opposants), le projet n’est pas suffisamment avancé encore pour avoir toutes les réponses.

Sur la relation avec l’hiver par exemple.

Il est vrai qu’attendre un tramway au frette (même dans un coton ouaté) est moins intéressant qu’attendre un métro au chaud.

La suite

Une entrevue à Radio-Canada avec le chef de Québec 21

Une analyse du sondage sur Twitter

Voir aussi : Projet - Tramway.


7 commentaires

  1. Arthur

    16 janvier 2020 à 09 h 33

    On ne pourrait pas aussi commander un sondage sur l’insatisfaction des automobilistes quant au trafic, au temps perdu en auto, aux nids de poule, aux feux non synchronisés, aux piétons qui traversent un boulevard dix mètres avant le feux de circulation? On verrait que le taux de satisfaction est tout aussi sinon plus négatif.

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  2. michel

    16 janvier 2020 à 10 h 59

    Aujourd’hui, voilà qu’on se démerde tant bien que mal à vouloir réparer les pots cassés :

    « J’ai d’ailleurs reçu beaucoup de réactions sur mon texte de samedi dernier décrivant les limites du tramway de Bordeaux.
    Beaucoup d’opposants y ont vu (avec plaisir) un plaidoyer contre le projet de Québec.
    C’est sans doute un peu ma faute. J’ai en effet attiré l’attention sur les limites et critiques de ce tramway (il y en a). Et peut-être pas assez sur ses réussites et succès.
    Cela dit, j’ai constaté avec le temps que les lecteurs lisent souvent ce qu’ils ont envie de lire, plutôt que ce qui est écrit.
    Cela s’appelle un «biais de confirmation» : on privilégie les informations qui confirment nos idées préconçues et on banalise celles qui vont à contresens de ce qu’on pense. Vous voilà prévenus : méfiez-vous de vous. J’en ferai autant. »

    Vérité no 1 : Rien dans le texte de samedi dernier démontrait que ça pourrait être malgré tout une bonne idée pour Québec d’aller de l’avant avec un tramway. Absolument rien !
    Vérité no 2 : L’auteur de ce texte ne nous a pas indiqué non plus qu’il demeurait toujours favorable au projet de tramway.
    Vérité no 3 : Plusieurs des personnes qui ont lu ce texte ont aussi lu ses chroniques antérieures sur le sujet.
    Vérité no 4 : Plusieurs opposants au tramway qui, comme moi, ont lu le texte de samedi dernier ainsi que les autres chroniques de l’auteur portant sur le tramway savaient très bien que celui-ci était par le passé, c’est-à-dire jusqu’à la publication du texte de samedi dernier, un partisan du tramway à Québec.
    Vérité no 5 : Il n’y a par conséquent pas de « biais de confirmation » pour ces opposants. Prétendre le contraire est insultant.
    Vérité no 6 : Les dommages qui ont été causés samedi dernier au projet de tramway à Québec expliquent probablement et en partie les résultats du sondage d’hier.
    Vérité no 7 : Je fais partie de ceux et celles qui sont aujourd’hui surpris de constater la dérobade de l’auteur…

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  3. Che

    16 janvier 2020 à 17 h 45

    J’apprécie toujours les articles de M. Bourque sur le sujet. Je le rejoins sur le point : « L’administration Labeaume n’a pas été bonne à «vendre» son projet.  »

    Je constate que la ville a fait plusieurs démarches de communication et conférences de presse.

    PAR CONTRE, je n’ai jamais entendu quelqu’un de la ville ou du RTC donner des entrevues à la radio pour défendre le projet**. Ma perception c’est qu’on semble vouloir éviter les médias en faveur des séances d’information, des conférences de presse et des médias sociaux.

    C’est bien beau, mais il faut rejoindre les gens où ils sont. Et les radios, qu’on les aime ou pas, sont un des endroits où plusieurs personnes de la région obtiennent leurs nouvelles.

    Il faut que Régis Labeaume, Rémy Normand et plusieurs autres personnalités en faveur du projet donnent des entrevues. Oui ça risque de brasser, mais il faut bien présenter le projet à la population. Sinon on a le résultat actuel.

    **J’ai demandé à plusieurs personnes de mon entourage s’il y a quelqu’un qui est venu défendre le projet sur les radios d’opinion car je n’écoute que Radio-Canada. On m’a répondu que non. Vous pouvez me corriger au besoin.

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  4. Lord Catzorz Utilisateur de Québec Urbain

    17 janvier 2020 à 13 h 10

    @urbanoid

    Annoncer qu’en 2021 vous aller annoncer un plan pour améliorer le transport plus rapidement.

    Si on pense que rapidement veux dire « dans mon mandat de 4 ans », on a un plan qui fini en 2025. Le RSTC est supposé être prêt pour 2026…

    De ce que j’ai compris, le 2million supplémentaire investie dans la mise-à-jour du réseau Beauport/Maizerets est un montant récurrent annuellement. Si on est pour faire plus de parcours direct & fréquent, va falloir que le compte de taxe augmente.

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