Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Québec mal desservi en ponts, selon une étude

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 29 janvier 2022 9 commentaires

Gabriel Béland
La Presse

(Québec) Une étude confidentielle commandée par Ottawa montre que Québec est mal desservi en liens interrives en comparaison des villes similaires, un argument que ne manquera pas de faire valoir le gouvernement de François Legault au moment de demander un financement fédéral pour son troisième lien.

« En analysant des villes similaires, il est clair que la plupart d’entre elles ont plus de trois liaisons fixes avec l’autre côté du cours d’eau », peut-on lire dans l’Étude sur l’impact économique du pont de Québec, document obtenu par La Presse en vertu d’une demande d’accès à l’information.

Le rapport produit par la firme CPCS et daté de mars 2021 a été commandé par Infrastructure Canada. Il conclut que le pont de Québec, qui est en manque criant d’investissements, est un lien essentiel pour la capitale nationale.

La firme a mené un exercice intéressant : elle a analysé des villes similaires en Amérique du Nord, situées sur le bord de cours d’eau d’au moins 500 m de large. Elle a déterminé 10 zones métropolitaines de 300 000 à 2 millions d’habitants (le Grand Québec en compte 800 000). Parmi ces 10 exemples, seuls 3 ont deux liens interrives ou moins. La capitale québécoise en compte deux avec les ponts de Québec et Pierre-Laporte.

Memphis, au Tennessee, ne compte que deux ponts qui enjambent le fleuve Mississippi. Mais l’analyse se presse de préciser que seuls 50 000 habitants résident sur l’une des rives du fleuve (Lévis compte quelque 150 000 habitants).

Une troisième région métropolitaine n’a qu’un pont, Evansville, dans l’Indiana. « Cette région métropolitaine compte 315 000 habitants, soit 2,5 fois moins que la région de Québec », peut-on lire dans le document commandé par Infrastructure Canada.

Mais les sept autres exemples similaires dénichés par les auteurs de l’étude ont plus de deux liens interrives. La plupart en comptent trois, mais Harrisburg en compte cinq, et Davenport ainsi que Louisville en ont quatre.

Les auteurs ont aussi fait l’exercice avec des villes bordées par des cours d’eau de plus de 300 m de large. Le résultat était semblable.

Faut-il sauver le pont de Québec ?

L’Étude sur l’impact économique du pont de Québec n’a toutefois pas été commandée par Ottawa pour conclure sur la nécessité ou non d’un nouveau lien interrive entre Québec et Lévis.

Le rapport a été écrit dans un contexte où le pont de Québec a plus de 100 ans et nécessite des travaux importants. L’ouvrage appartient au CN, mais Ottawa envisage de le racheter.

Ottawa et Québec ne s’entendent toutefois pas sur la part que chacun devra payer pour l’entretien du pont, qui doit coûter plus d’un demi-milliard. Le gouvernement de François Legault s’est déjà engagé à remplacer le tablier au coût de 200 millions.

Se passer du pont de Québec n’est toutefois pas une option, avertissent les auteurs de l’étude. « Ce qui est clair, c’est qu’aucune zone métropolitaine au-delà d’une certaine taille ne dispose que d’un seul pont », peut-on lire.

« Le pont est d’une importance cruciale pour assurer la redondance du pont Pierre-Laporte » en cas de catastrophe naturelle, poursuivent les auteurs.

Le pont de Québec est aussi névralgique pour le transport ferroviaire. CPCS note qu’il est aussi essentiel pour les cyclistes utilitaires, car la seule autre option pour franchir le fleuve est le traversier, à 15 km de là.

La fermeture du pont de Québec, sans son remplacement, créerait des bouchons importants près du pont Pierre-Laporte. Les automobilistes perdraient presque 600 000 heures dans la congestion, selon des modélisations.

« Le pont est un élément essentiel du réseau de transport de la région de Québec en raison de sa capacité multimodale et de sa redondance. C’est également un lien important du réseau de transport national, car il fournit un accès ferroviaire efficace au port de Québec », concluent les auteurs.

L’article

* Merci à un fidèle lecteur

Voir aussi : Projet - Troisième lien, Transport, Transport en commun.


9 commentaires

  1. Charles

    29 janvier 2022 à 14 h 27

    Intéressant. La question n’est pas tant si Québec a autant de ponts que la moyenne, mais si un pont supplémentaire réglerait des problèmes de congestions/mobilité. Est-ce que les villes similaires à Québec avec 3 ou 4 liens ont, grace à cela, aucun problème de trafic? Ce serait intéressant de le savoir. Si la réponse est non, ce serait un peu ridicule de faire la même erreur que d’autres villes, juste pour « rentrer » dans la moyenne… D’où l’importance d’effectuer une analyse de mobilité, et envisager toutes les solutions disponibles. Actuellement, aucune solution ne semble avoir été analysée rationnellement, autrement que par sondages de popularité. Est-ce la meilleure façon de régler une problématique complexe et de déterminer comment dépenser des milliards de fonds publics, que de demander l’opinion à chaud de non-spécialistes anonymes?

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  2. Le lecteur assidu

    29 janvier 2022 à 14 h 35

    😡 « Québec mal desservi en ponts » (sic)…

    👉 Ouais… pis ❓

    🔲 M’étant souvent exprimé sur le projet du 3e lien les lecteurs réguliers savent déjà ce que j’en pense;

    🔲 Conséquemment, je vais vous lire et en rajouterai le cas échéant si je le crois utile au débat.

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  3. Jean-François Gosselin Utilisateur de Québec Urbain

    29 janvier 2022 à 16 h 34

    En même temps, on ne peut pas dire que ces villes sont nécessairement des modèles d’urbanisme et de développement durable…

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  4. PPDaoust

    30 janvier 2022 à 00 h 30

    Il faut construire un nouveau pont en Cantilever large et aux normes. Juste à côté de l’autre, collé à l’ouest.

    Collé collé. Bin oué.

    Le vieux pont est cool, mais on peut en bâtir un autre, tout aussi mémorable, en y intégrant ses parties qu’il faut preserver.

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  5. Le lecteur assidu

    30 janvier 2022 à 08 h 13

    👉 On jase…

    🔲 Où est l’erreur❓

    🔲 Se pourrait-il que nous soyons aveuglés par « l’arbre » ❓

    🔲 Se pourrait-il que nous le soyons au point de reconnaître que nous avons fait fi de nous poser la bonne question, dès le départ❓

    🔲 En langage plus populaire, se pourrait-il que nous soyons à côté de la track❓

    🔲 Tout en faisant attention d’être trop précis ( secret professionnel oblige) vous est-il déjà arrivé de soumettre à quelqu’un une question à résoudre et qu’il en résulte que cette personne doive tout recommencer étant donné qu’elle avait erronément déterminé sa prémisse❓

    🙏 Oui, je sais et j’ajoute que c’est volontaire de ma part, mais de bonne foi; forcer la réflexion en espérant qu’en la soumettant de diverses façons la conclusion s’avère… « inattaquable »❓

    ✳️ À suivre…

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  6. Che

    30 janvier 2022 à 08 h 40

    Étude intéressante. Ma seule réserve est que les États-Unis ne sont pas toujours un modèle à suivre en urbanisme.

    Ceci dit, plus le temps avance, plus l’argument de remplacer le pont de Québec va avoir de la traction. Cette étude vient appuyer cet argument.

    Présentement, il est facile de critique le projet qui est sur la table. C’est un projet très cher et à peine faisable. De plus, la partie TEC est un peu ridicule.

    Je ne vois pas pourquoi la CAQ n’a pas continué la démarche démarrée par les Libéraux, soit d’étudier plusieurs options ainsi que leurs coûts avant de trancher. On est presque 5 ans plus tard et il n’y a pas eu de pelletée de terre. Le fait « d’accélérer » le projet ne va que le ralentir au final.

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    • Luc

      30 janvier 2022 à 09 h 36

      Bingo.

      J’ai toujours aimé l’approche de plusieurs choix permettant d’établir l’endroit adéquat. Je trouve dommage que l’initiative libérale ait été systématiquement évacuée par la CAQ alors qu’elle s’inscrivait dans une démarche structurée.

      En regardant chacun des points qu’on essaie de régler, on en serait venu probablement à la meilleure option. La prise de position sans équivoque pour les deux centre villes continue malheureusement de polariser les opinions ce qui n’est évidement pas à l’avantage d‘un projet d’infrastructure majeur pour la région de Québec.

      Si la CAQ devient minoritaire ou pire…. Perd ses élections, on risque de perdre complètement cet investissement au lieu de le positionner à l’endroit qui convient avec les risques sur la pérennité de nos deux autres infrastructures et les conséquences qui en découleront sur note économie.

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