Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Fermer des voies et le trafic s’évapore!

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 26 mars 2022 11 commentaires

François Bourque
Le Soleil

Le projet d’une rue partagée sur René-Lévesque pour faciliter le passage du tramway près de la rue Cartier a mis le feu aux poudres des relations entre le maire de Québec et le gouvernement Legault.
Les élus de la CAQ s’y opposent et en font désormais une condition de leur appui au tramway.

La sortie de Bruno Marchand cette semaine avait le ton et la vigueur de celles parfois du maire Labeaume. Il reproche au gouvernement de s’ingérer dans un champ de compétence et d’expertise de la Ville.

«Laissez-nous travailler, c’est nous qui sommes les pros», a-t-il plaidé en parlant de l’aménagement du centre-ville.

L’Union des municipalités du Québec, qui représente les grandes villes du Québec, appuie M. Marchand et dénonce elle aussi «l’ingérence».

Sous le précédent gouvernement, l’idée de l’autonomie municipale avait beaucoup progressé. Les villes y étaient saluées comme des «gouvernements de proximité», avec le respect et la latitude qui viennent avec.

Cette façon de s’immiscer dans le détail du projet de tramway de Québec à grands coups de poing sur la table est en rupture avec ce courant.

On note ici que le gouvernement Legault s’est gardé d’intervenir à Montréal, bien que le projet de REM de l’Est soulève aussi un problème d’acceptabilité. Et, à la différence de Québec, pas juste pour une partie des citoyens, mais pour tous les élus municipaux concernés.

Ce nouveau bras de fer pour le «contrôle politique» de la région de Québec à la veille des élections provinciales de l’automne a fait débat toute la semaine à l’Assemblée nationale et au-delà.

Rien pour faire progresser l’acceptabilité et la connaissance du projet.

Il est à souhaiter qu’après les coups de gueule, les esprits vont se calmer et qu’une discussion plus éclairée pourra s’engager.

Le gouvernement Legault tient pour acquis que le projet de rue partagée va provoquer une hausse intenable de la congestion dans l’axe Grande Allée-Laurier menant aux ponts.

Les «modélisations» préliminaires suggèrent en effet que les temps de déplacement vont s’allonger sur Grande Allée à l’heure de pointe de l’après-midi.

Des citoyens qui votent en périphérie et sur la rive sud pourraient en souffrir, craint la CAQ.

À l’inverse, d’autres artères et rues de la haute-ville profiteront par moments d’une baisse de la circulation, dit l’étude.

À quel point peut-on se fier à cette étude de trafic par qui le scandale vient d’arriver?

(…)

Les auteurs avaient alors passé en revue 150 sources scientifiques, dont plus d’une soixantaine d’études de cas sur des fermetures de routes ou de ponts en Europe et en Amérique.

Ils notaient que les études de modélisations de trafic s’appuient toujours sur la prémisse que lors d’une fermeture de route, tous les véhicules vont se déplacer vers une autre artère.

La conclusion est que cela va provoquer un niveau de congestion inacceptable sur d’autres routes et qu’il va en résulter un «traffic chaos». Cette perception est parfois si forte qu’elle a empêché de procéder au changement projeté, notent les auteurs de l’étude.

On croirait les entendre parler du projet de tramway de Québec. Ici aussi, l’étude de modélisation tient pour acquis que tout le trafic détourné de René-Lévesque se retrouvera ailleurs.

Ces modèles de simulation échouent à prendre en compte les comportements humains, décrivent Frederic Héran et Paul Lecroart de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme d’Ile-de-France.(2)

La suite

Voir aussi : Projet - Tramway, Rue partagée, Transport, Transport en commun.


11 commentaires

  1. PPDaoust

    26 mars 2022 à 12 h 18

    Je n’ai pas vraiment de pitié pour les automobilistes. Je vois comme tous le monde le jeu de la CAQ. N’en demeure pas moins que cette idée de rue partagée, c’est franchement tiré par les cheveux. On sait pas vraiment où on se dirige avec ça.

    C’est encore une solution compliquée et hasardeuse à un problème très simple, soit le non-sens de faire passer, sur un plateau saturé et peu densément peuplée d’un km de large à peine, un mode de transport sur rail. Des Trambus bi-articulés entre les pôles d’échange St-Roch et Sainte-Foy, c’est la vrai solution rationnelle aux problèmes actuels.

    Revenons au Tracé du SRB, et prenons les centaines de millions économisés pour construire des ascenseurs le long de Charest, une antenne vers la Rive-Sud, et de nouveaux bus biarticulés pour nos 800. Pour 4G, on pourra se dire qu’on aura fait le maximum, dans une perspective plus inclusive.

    Habituez-vous à cette idée parce que je pense que de la façon que ça se dessine, on s’en va là. C’est pas compliqué. Si le gouvernement, qui sera réélu en octobre, ne veut pas d’une solution (rue partagée) dont on connait mal les externalités, le Tram ne passera jamais sur R-L. Qui plus est, je sais depuis longtemps que le MTQ a toujours préféré le tracé du SRB, comme on en a eu la preuve avec l’abandon de Charlebourg au profit d’Estimeauville.

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    • Jeff M

      26 mars 2022 à 12 h 44

      Revenir au tracé de Charest… Je dirais pas que c’est l’idéal, entk.
      Ce qui me rend plus perplexe, c’est que le gouvernement a déjà dit, du temps de Labeaume, que la seule portion du tracé avec laquelle il est d’accord, c’est celle entre Ste-Foy et Québec. Vont-ils vraiment se payer une autre volte-face?
      On est devenu habitué de voir projet subir les aléas des humeurs politiques. Les alternatives sont devenus des faux-fuyants.
      La voie partagée, est ce vraiment si pire? Pour les usagés du tram, c’est peut être 3 minutes de plus. Je n’aime pas trop, mais peut être moins pire que le détour vers Charest. Pour les autos, tout a été dit plus haut.

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    • julien

      26 mars 2022 à 13 h 19

      Des métrobus plus longs ne règleront en rien les problèmes de congestion et de manque de fiabilité de la voie réservée actuelle. Même en envoyant une partie du transit sur Charest. C’est une solution à court terme seulement.

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      • PPDaoust

        26 mars 2022 à 15 h 11

        La génie du réseau structurant, c’est la présence du pôle d’échange St-Roch, ce qui fera diminuer très sensiblement le nombre de bus grimpant en haute-ville. Donc si vous parliez de congestion d’autobus en haute-ville, et bien juste ça aidera énormément. Allez lire les specs du CNG 24 Hyprid de Vanhool.

        C’est sans parler de la fiabilité. Un trambus du pôle St-Roch à celui de Ste-Foy sur voie dédiée avec feux syncros, je pense qu’on peut ainsi faire un sacré gain sur la qualité et la fréquence du service. Et contrairement au Tramway, un bus ça se déplace en cas de panne, parce que pannes il y aura, forcément.

        Revenons à la congestion. Si vous faisiez allusion à la congestion automobile, et bien là pas de doute qu’un Tramway sur Charest, beaucoup plus rapide, deviendrait plus compétitif avec la voiture. Je vous invite aussi à imaginer l’impact sur les ponts si une antenne se rendait à St-Romuald.

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      • Insdr

        26 mars 2022 à 17 h 02

        Ce qu’il y a de bien avec vottre théorie c’est qu’elle ne tient pas compte de la demande induite. Peu importe les specs du véhicule que vous suggérer si c’est pour se retourver pris dans la congestion avec de nouvelles voitures solos que la demande induite apportera parce qu’il est devenu plus facile de circuler du pôle vers la haute-ville ce sera au mieu 4 trentes sous pour une piasse.

        Il faut aussi que le nombre de voitures solo diminue en plus du nombre d’autobus si on suggère une solution sans site propre à la haute-ville.

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      • PPDaoust

        26 mars 2022 à 19 h 00

        Ma théorie implique quand-même la suppression de 2 voies automobiles sur R-L et 2 voies automobiles sur Charest, sans oublier 2 autres voies sur le pont de Québec.

        J’émets aussi l’hypothèse que le soulagement sur le pont Pierre-Laporte aux heures de pointe pourrait être tel qu’on puisse enfin confondre les partisans aveugles du tunnel électoral caquiste et, inversement, leur mettre au visage les innombrables vertus d’un investissement public de 4 milliards dans un réseau de TEC, moderne, rapide, efficace, et dont le monde possible profite.

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      • Jeff M

        26 mars 2022 à 21 h 47

        La colline parlementaire, qui est une générateur de déplacement majeur, mérite un parcours direct. Avec le moins de transfert possible, ça aussi c’est un élément à considérer dans le choix des tracés.
        Un parcours sur Charest ne relierait sûrement pas le pôle St-Roch et nous priverait de capter le rabattement des parcours de bus du nord et de l’est. À moins qu’on revienne à l’idée d’une seconde ligne du nord au sud comme à l’époque du SRB, mais c’est un transfert supplémentaire pour ceux qui vont et qui viennent de Ste-Foy. Ce choix à l’époque devait surtout se motiver pour limiter les dépenses, au détriment du service.

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      • Che

        27 mars 2022 à 10 h 43

        @PPDaoust :

        Vous proposez peut-être une solution qui a bien de l’allure (on peut en débattre, mais j’en vois les mérites), mais le principal obstacle, c’est que plusieurs politiciens n’ont pas tellement le goût de ressusciter un projet qui a déjà été rejeté.

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      • PPDaoust

        27 mars 2022 à 11 h 36

        « Un parcours sur Charest ne relierait sûrement pas le pôle St-Roch »

        Ma proposition repose essentiellement sur la même configuration de tracé que le projet actuel, c’est juste les matériels roulants qui sont permuté. Entre de le pôle St-Roch et l’UL, c’est le tramway en bas qui passe sur de la Couronne mais avec virage à l’ouest sur Charest. Tramway sur Charest plutôt que Métrobus. Entre St-Roch et l’UL par en haut, Trambus (plutôt que Tramway) sur le parcours actuel (Dorchester/d’Abraham/H-Mercier/R-Lévesque), mais sur voies dédiées en béton (pour le confort)+ feux syncros (pour la fiabilité).

        Tellement moins cher et moins compliqué.

        « La colline parlementaire, qui est une générateur de déplacement majeur, mérite un parcours direct. »

        Pour le monde au nord et l’est, un petit transfert au pôle St-Roch du type station de métro Lionel-Groulx, ça se fait comme un charme. Je rappelle aussi que plusieurs Express de l’est vont continuer à monter en haute-ville par Dufferin.

        En bref, si on peut ici se passer d’un tunnel, éviter les écueils d’insertion en haute-ville, et qu’en échange du milliard économisé on demande aux usagers du nord de traverser un quai couvert et chauffé, je pense que le jeu en vaut la chandelle, surtout quand ton objectif officiel c’est de construire un vrai grand réseau de transport public compétitif avec la voiture.

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    • Le lecteur assidu

      26 mars 2022 à 14 h 07

      @ PPDaoust

      👉🏿 + 1❤️

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  2. Che

    28 mars 2022 à 08 h 45

    @PPDaoust

    « éviter les écueils d’insertion en haute-ville »

    Vous allez probablement vous buter au même problème. Je ne crois pas qu’il y a pas assez d’espace pour des voies en site propre, même si on change pour un SRB.

    Le problème plus profond : on refuse catégoriquement d’enlever la moindre capacité automobile pour le transport en commun. Ça va toujours être un combat. J’entendais exactement les mêmes récriminations pour le SRB (on prévoyait enlever des voies sur Charest et sur le pont de Québec).

    Si on passe par la haute-ville (sans tunnel), comment va se faire la montée en haute-ville ? Côte d’Abraham ? Si on veut un service en site propre, cela va nécessiter de couper des voies aux autos…

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