Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Autoroute du Vallon: Un débat passionné; Le BAPE n’aura pas la tâche facile

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 3 juin 2004 3 commentaires

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement a eu droit, hier, à un débat passionné sur la nécessité de prolonger ou non l’autoroute du Vallon, les citoyens faisant place aux scientifiques pour exprimer leurs points de vue sur ce dossier tant contesté.

D’un côté, les résidants de l’ancien Neufchâtel – qui espèrent l’aménagement de ce boulevard urbain depuis 30 ans-, de l’autre, des gens un peu plus jeunes, obnibulés par les questions environnementales et par la protection du parc de l’Escarpement, dont 2% de la superficie serait traversée par l’éventuel boulevard.

Le BAPE n’aura pas la tâche facile puisque plusieurs, parmi la vingtaine d’intervenants entendus, hier, posaient des conditions quand ils approuvaient le projet.

Vêtu d’un chandail à l’inscription « OUI DU VALLON NOUS L’AURONS », un citoyen de Neufchâtel depuis 1964, Pierre Laterrière a livré un véritable réquisitoire en faveur du projet. Après avoir énuméré les causes qui en ont retardé la construction, l’Expo 67, les Jeux olympiques de 1976, la crise économique des années 80 et les tergiversations sur la nature de la route à construire, « voilà, dit-il, qu’on nous parle du protocole de Kyoto. Des mouvements soi-disant environnementaux crient au massacre et nous disent de prendre l’autobus. »

« Nous sommes tannés d’être pris pour les dindons de la farce, à devoir faire continuellement des détours, à congestionner les quartiers résidentiels avoisinants. Que d’essence gaspillée, que de voitures usées et brisées dans ces chemins résidentiels non conçus pour supporter une telle circulation. »

Il a mis une croix sur l’utilisation du transport en commun. « Nous ne sommes pas des Européens, a-t-il tranché. N’y a-t-il pas eu à Québec une grève du transport en commun qui a duré 9 mois. »

« Nous ne vivons pas en Europe où les gens vivent entassés dans les cités, empilés les uns sur les autres et faisant la queue pour prendre le train de banlieue. Nous avons favorisé l’accès et la propriété privée et nous refusons de vivre dans les centres-villes impersonnels. Nous avons fait un choix de société, soit celui d’habiter une résidence avec terrain, et celui d’être propriétaire d’une voiture, même si cela demande des sacrifices. Nos terrains, nous voulons les aménager à notre goût et il n’appartient pas aux adeptes du transport en commun de nous imposer leur mode de vie. »

A son avis, le parc de l’Escarpement, « ce n’est pas la forêt de Sherwood ». Les animaux qui vivent dans le parc sauront bien s’accommoder, selon lui, des 50 hectares restants.

Habitant ce secteur depuis 1973, une enseignante retraitée, Thérèse Fournier, se montre aussi favorable à l’aménagement du boulevard.

« Nous, les citoyens, nous mettons des énergies et du temps pour la protection de l’environnement, On se perçoit comme des citoyens environnementalistes car nous fabriquons notre propre compost avec des déchets de cuisine, nous laissons l’herbe coupée sur le gazon, nous prenons soin de nos arbres, nous construisons et préparons des mangeoires pour les oiseaux. Chaque maison a son bac de recyclage. »

Elle relate la difficulté, pour les gens du quartier, de choisir une route pour éviter la congestion, chaque fois qu’il leur faut se déplacer.

Le verre est plein

Pour la représentante du Comité des citoyens du secteur Chauveau, Gisèle Thibodeau, « le verre est plein et il déborde. Il faudrait un autre verre et cet autre verre, c’est le prolongement de Du Vallon ». Le club des aînés La Belle Époque, avec l’appui de ses 650 membres, endosse le projet.

Plusieurs ne partagent pas ce point de vue. Alors que le groupe Vivre en ville propose l’accentuation des modes de transport en commun, une amoureuse de la nature, Martine Cloutier, déplore que les personnes âgées préfèrent passer leurs fins de semaine dans les centres commerciaux et dans leur automobile plutôt que de profiter d’un endroit comme le parc de l’Escarpement. Elle se méfie des promoteurs qui seront tentés de développer les abords du boulevard projeté. Au BAPE, elle dit que « c’est le temps de freiner la bêtise humaine. » Favorisant l’utilisation de l’autobus, elle suggère aux employeurs d’encourager l’horaire flexible pour diminuer les effets des heures de pointe sur les grandes artères.

Des groupes, comme le conseil de quartier de Neufchâtel Est/Lebourgneuf, se disent en faveur du projet mais veulent le déplacement du tracé de 50 mètres vers l’ouest à certains endroits. Le Comité de protection de l’environnement de l’Est du Québec le voit, lui, carrément, à l’ouest de la rivière du Berger.

Le Conseil de la nation huronne-wendat s’est déclaré en faveur du prolongement de l’autoroute mais exige un moratoire sur le développement résidentiel dans la zone.

Il appert que quelque 5800 maisons pourraient être construites une fois le boulevard aménagé.


Claude Vaillancourt, 3 juin 2004. Reproduit avec autorisation

Voir aussi : Arrondissement Les Rivières, Environnement, Prolongement de Du Vallon.


3 commentaires

  1. Monmon

    3 juin 2004 à 19 h 06

    J’adore la vision de papy qui rêve de paver d’asphalte l’Amérique. On a choisi de vivre de même le pétrole y’en aura ad vitam aeternam et l’automobile n’a aucune répercution sur l’environnement et ma santé.

    Vrai on a choisi de s’établir où l’on veut, mais faudrait organiser nos déplacements de manière intelligentes. Ce qui signifie ne pas avoir 3 voitures par entrée de cour. Un mélange TEC et une voiture par ménage me semble suffisant.

    En plus ce qui a d’inquiétant c’est la façon dont on bâti nos routes. Ce ne sera pas une belle petite ligne de pavée harmonisée au mieux avec l’espace vitale qu’elle empiète. Bâtissons plus tôt un de ces gros machins qui nécessitent la coupe du plus grand nombre d’arbres possibles et qui fera figure de circatrice dans le portrait.

    Bien sur on est en Amérique, mais ne pas toujours répéter les mêmes erreurs ça fait partie d’un processus qu’on appelle la vie.

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  2. Corinne

    21 septembre 2004 à 10 h 56

    Comme c’est bien de pouvoir franchement dire ce que l’on pense tout haut, librement, encore un droit accordé de par notre statut d’américain(Amérique-américain?)Je réside à Sainte-Madeleine alors, le projet de l’autoroute du Vallon, je peux bien m’en foutre car je n’y vitpas à proximité, d’un autre côté, cela m’affecte car encore une fois, il crée des déchirures. Entre les petites gens(ceux de petite consciences, et ce peuple en déborde)et d’autres qui ont la sensibilité au vif et qui ne souhaite qu’une chose,protéger ce qu’il reste de beau et d’intact car ils savent très bien que si l’on donne de l’avant à ce projet, ce sera une machine de guerre au développement impitoyable rasant tout sur son pasage.Ca fera plaisir au portefeille et laissera de pauvres âmes brisées.

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