Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Posséder une auto ? Tellement XXe siècle… 

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 4 février 2018 10 commentaires

François Cardinal
La Presse+
4 février 2018

On a beaucoup entendu parler de la baisse de popularité du permis de conduire auprès des jeunes, une dynamique qui se confirme un peu plus chaque année au Québec. 

Mais ce phénomène en cache un autre beaucoup plus significatif : le désintérêt grandissant des 16-24 ans pour l’achat d’une voiture. Un phénomène majeur, qui est appelé à transformer la ville telle qu’on la connaît. 

Pas sorcier, les jeunes ne voient tout simplement plus l’auto comme un objet de désir et de liberté.
Et ils n’en ont plus besoin pour marquer l’entrée dans la vie adulte puisque le cellulaire joue ce rôle. 
Les milléniaux considèrent ainsi la voiture comme une dépendance plutôt que l’inverse. Ils ne veulent pas payer pour un produit dont ils ne se servent que 5 % du temps. Ils refusent d’être pris à la gorge par les mensualités, l’immatriculation et les assurances qui viennent avec la possession d’un véhicule. 
Ils veulent leur liberté, autrement dit, non pas un symbole de liberté. 

Or ce désintérêt pour l’achat (qui se manifeste aussi dans l’immobilier d’ailleurs) touche bien plus que les habitudes de consommation d’une génération qui fait les choses à sa manière. Il est appelé à bouleverser la ville, surtout qu’il s’observe parallèlement à un autre phénomène : l’essor de la voiture électrique, branchée, partagée… et autonome. Suffit de se rappeler que les milieux urbains sont aménagés depuis 60 ans autour de la voiture pour avoir une petite idée des perturbations à venir avec tous ces jeunes qui, déjà, optent en nombre grandissant pour les transports en commun, l’autopartage et le covoiturage urbain. 

Ajoutez le fait que les véhicules autonomes risquent d’accélérer le phénomène, et vous comprendrez qu’il y a de fortes chances que dans quelques années à peine… plus rien ne soit pareil. 

Parmi les 100 idées pour améliorer la mobilité, il faut donc compter celle-ci : se préparer dès aujourd’hui aux bouleversements urbains à venir. 

Des bouleversements auxquels nous commençons tardivement à nous intéresser, ici au pays. « Le Canada n’est pas prêt à affronter l’évolution fulgurante des transports », a conclu un rapport du Sénat canadien cette semaine. 

Les gouvernements ne sont pas prêts, le Québec n’est pas prêt, et les villes ne sont certainement pas prêtes. Alors que des voitures autonomes circulent dans les rues de Toronto, Montréal tarde par exemple à accepter les essais et projets-pilotes, qui sont pourtant nécessaires dans des conditions hivernales difficiles. 

Et pourtant, l’évolution se pointe déjà le bout du pare-choc dans nos rues. Prenez Car2Go et le service Auto-mobile : les quelque 1000 véhicules en libre-service qu’ils offrent sont archipopulaires à Montréal. Et ce, malgré tous les bâtons que l’administration Coderre leur a mis dans les roues ces dernières années. 

En parallèle, Communauto prépare le lancement d’une nouvelle offre dans les prochains mois, à l’image de la plateforme de location Turo :  un service qui permet de louer la voiture de parfaits inconnus. 

Autre indice qui ne trompe pas : tous les grands constructeurs d’autos se sont lancés récemment dans l’autopartage, comme General Motors avec son service Maven, BMW avec DriveNow et Peugeot, qui a investi dans notre Communauto québécoise. 

Même des entreprises qui ne se sont jamais intéressées à la mobilité tentent maintenant d’y faire une incursion, comme LG et Bosh. 

Pas compliqué, tout le monde se prépare, car « nous approchons de la fin de l’ère automobile », a affirmé l’ancien vice-président de GM Bob Lutz. 

L’avenir, en effet, est à la mobilité, non pas à l’autosolo. Les usagers remplaceront tranquillement les automobilistes.

L’emprunt supplantera l’achat. Et la voiture deviendra un service, non plus un objet inerte qui passe son temps stationné. 

Cela risque de transformer autant la ville que nos habitudes, si l’on se fie aux diverses études sur la question. On fait valoir une réduction du coût individuel du transport ainsi qu’une hausse du temps libre avec la fin de la conduite auto. On évoque la mise en disponibilité de milliers de cases de stationnement et la création de toutes sortes de services autonomes. On prédit une réduction de la pollution et même, la disparition des accidents de la route. 

Imaginez le bouleversement : les enfants qui naissent cette année pourraient ne jamais avoir à apprendre à conduire ! 

Tous ces changements (qui pourraient survenir ou pas) ne sont pas de la science-fiction : on les annonce pour demain. D’où l’importance pour les villes et gouvernements de se préparer dès aujourd’hui.

Voir aussi : Message d'intérêt public.


10 commentaires

  1. AndreGil

    4 février 2018 à 15 h 04

    Les 16-24 ne s’intéressent pas à l’auto car ils sont en majorité des tanguy qui ont à leur disposition l’auto de papa et maman soit pour se faire reconduire ou bien l’emprunter.

    Pourquoi alors avoir une auto à soi, c’est superflu.

    Attendez…quand ils vont avoir des responsabilités, ils vont aller chercher les enfants à la garderie à vélo? Ils vont faire leur Costco en Métrobus? Ou bien transporter leur gros meuble de chez IKEA avec Communauto ? Ben voyons donc!

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    • jay_urb

      4 février 2018 à 23 h 35

      Il est certain que le choix du mode de transport va de paire avec le choix du lieu de résidence. Je conviens avec vous que il est impératif d’avoir une automobile (ou deux ou trois) lorsque votre choix de localisation est à Sainte-Brigitte-de-Laval, Saint-Émile ou même Lebourgneuf.

      Par contre, quand on fait le choix d’habiter dans un quartier qui est assez dense pour offrir des services de proximité, l’automobile n’est qu’une option de transport parmi d’autres. À Québec, en choisissant Limoilou, Saint-Sauveur, Montcalm, Saint-Jean-Baptiste, etc, il est possible de ne pas posséder d’automobile et d’accomplir l’exploit des activités suivantes:
      -Acheter de la nourriture en quantité suffisante pour une famille. Oui oui, l’humain est en mesure de transporter des sacs d’épicerie sur une distance de plus de 100m.
      -Acheter des vêtements pour vêtir sa famille (pas juste des vêtements en chanvre là) –­­­» même se rendre dans les grands centres commerciaux (quelle aventure).
      -Aller mener ses enfants à la garderie le matin et même aller les chercher le soir! Même chose pour l’école primaire aussi à distance de marche.
      -Aller à la pharmacie pour ses médicaments. Une foule de personnes âgées sont assez fous pour marcher pour se rendre à la phamarcie (quelle audace).
      -Aller au Centre Videotron pour un show de Motley Crue et quitter sans attendre 1h dans la parking.
      -Aller à son institution financière pour se faire conseiller pour placer tout l’argent qu’on ne dépense pas sur les paiements d’une automobile.
      -Faire du bénévolat.
      -Aller à la bibliothèque pour l’heure des contes pour les enfants (et oui, les citoyens urbain peuvent aussi apprendre à lire).
      -Sortir dans des débits de boisson et rentrer à la maison sans perdre son permis de conduire.
      -Sortir en famille au parc.
      -Louer un véhicule de grande taille (un gros 40$ pour la journée) pour transporter nos nouveaux achats: TV OLED de 70 pouces de chez Tanguay et notre nouveau divan de chez IKEA. Parce que nous savons tous que nous avons à transporter de gros objets à chaque semaine. Finalement, je peux faire livrer tout ça, c’est plus simple.
      -Même faire un tour au bureau d’arrondissement pour m’acheter une vignette de stationnement au cas où je m’achèterais un véhicule.
      -Aller chez le médecin, optométriste, dentiste, boucher, coiffeur, bijoutier, agent d’immeuble, cours de yoga, avocat, notaire, tailleur, nettoyeur, ébéniste, fleuriste, etc.

      Ouf, juste à penser à toutes les activités que je peux faire à pied, à vélo ou en transport en commun à partir de mon quartier central, je dois avouer que ma vie de citoyen urbain est vraiment limitée… Je cherche toujours les responsabilités que je ne suis pas capable d’assumer en tant que piéton, cycliste ou même pauvre utilisateur de transport en commun.

      L’obligation automobile est liée à ses propres choix. Votre commentaire, M. AndréGil, est seulement le reflet de votre réalité personnelle où l’automobile est le centre de votre mobilité. Des milliers d’autres citoyens de Québec ont fait des choix différents.

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      • christian

        6 février 2018 à 11 h 07

        Vous soulevez des points intéressants sur la vie urbaine, mais la condescendance qui se dégage de vos exemples n’aidera sûrement pas à rétablir les ponts (sans jeu de mot) entre les deux solitudes.

        Un « banlieusard » pourrait faire la même chose que vous, opposer les avantages de la vie de banlieue versus les désavantages de la vie urbaine. Malheureusement, d’un côté comme de l’autre, c’est de mauvaise foi et ça mène à rien.

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      • Insider

        6 février 2018 à 12 h 17

        @ christian

        La réponse de jay_urb est excellente. À tout le moins pour le début:

        « Il est certain que le choix du mode de transport va de paire avec le choix du lieu de résidence. Je conviens avec vous que il est impératif d’avoir une automobile (ou deux ou trois) lorsque votre choix de localisation est à Sainte-Brigitte-de-Laval, Saint-Émile ou même Lebourgneuf.

        Par contre, quand on fait le choix d’habiter dans un quartier qui est assez dense pour offrir des services de proximité, l’automobile n’est qu’une option de transport parmi d’autres. »

        Pour la suite ce n’est pas plus condescendant que ce qu’a écrit AndreGil. Et en ce qui me concerne ça a au moins le mérite de contenir beaucoup moins de préjugés et amalgames.

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      • jay_urb

        6 février 2018 à 12 h 42

        @christian

        Mon message ne fait qu’énumérer (avec une pointe d’humour) les services auxquels le citoyen urbain a accès sans avoir obligatoirement recours à l’automobile.

        Ce n’est pas une énumération des avantages de la ville puisque tous ces services sont aussi accessibles en banlieue (souvent en auto). Ces services sont parfois même accessibles plus facilement en banlieue avec son véhicule (temps de parcours, effort, etc.).

        La longue énumération était principalement une réponse à l’affirmation hilarante que les individus qui ont des responsabilités doivent absolument avoir un véhicule. Comme si les milliers citoyens de Québec (et des autres villes sur terre) qui n’ont pas de véhicule n’ont pas de responsabilité ou n’assument pas leurs responsabilités!

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      • Christian Drolet

        6 février 2018 à 14 h 44

        « …affirmation hilarante que les individus qui ont des responsabilités doivent absolument avoir un véhicule… »

        C’est hilarant effectivement, parce que tous les membres du conseil municipal qui ne prennent pas le transport en commun ont comme excuse leurs « responsabilités »…

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    • urbanoïd

      5 février 2018 à 08 h 23

      mes collègues viennent au travail en autobus, vélo ou à pieds. ils ne sont pas des tanguy car leurs parents vivent trop loin. Ils consomment uniquement sur internet. Tous les jours nous recevrons au travail, leurs achats par la poste. Le costco les laisse indifférents. Lorsque les enfants sont malades, ou que la garderie est fermée, ils travaillent de la maison. Ils utilisent uber à l’occasion. L’argent économisé par le stationnement, la voiture, le carburant, l’entretien, les assurances et la perte de temps dans les déplacements est investi dans les voyages, l’habitation.
      Dans leur cas, l’automobile est vraiment un objet inutile.

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  2. laeR

    4 février 2018 à 19 h 50

    Vous m’avez bien fait rire ! M. Paradigme en personne. Comme si il n’y avait aucun être humain sans voiture dans la situation que vous décrivez. Vous avez le droit à votre confort et votre mode vie banlieusard mais svp, ne sous-estimez pas des dizaines de millions d’êtres humains sans voiture au moment où j’écris ces lignes.Voiture voiture quand tu me tiens…

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    • Insider

      4 février 2018 à 20 h 27

      « Comme si il n’y avait aucun être humain sans voiture dans la situation que vous décrivez. »

      Ça fait je ne sais combien de dizaines de fois que j’entends ce discours. « Vous verrez quand ils auront des enfants, ça va changer. ». Les même personnes qui désirent jouer à la ville gonflable avec Montréal. La plupart du temps ces personnes préfèrent être condescendantes envers les 16-24 ans au lieu de se renseigner sur les raisons qui guident leur décision.

      J’ai plusieurs couples dans mon entourage qui ont survécus avec 2 dans un cas et 4 dans l’autre. L’achat d’une voiture pour l’un des 2 couples s’est fait en même temps que l’achat d’un bungalow au Nord de Charlesbourg.

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  3. AndreGil

    5 février 2018 à 11 h 19

    Justement ce matin dans le journal de Québec il y un article « Costco veut ouvrir trois nouveaux magasins-entrepôts au Québec » avec en plus de l’essencerie. Ce n’est pas pour moi, car je n’y vais pas au Costco, pas plus qu’au IKEA.

    Il ne faut se fermer les yeux, car il y a bien une clientèle qui est en augmentation pour ces types de commerce avec de grands parkings.

    De plus, j’encourage les commerçants locaux et non le commerce en ligne qui provient le plus souvent de l’extérieur du Québec.

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