Québec Urbain

L’Urbanisme de la ville de Québec en version carnet…


Le jour où le trafic reviendra

Par Envoyer un courriel à l’auteur le 2 juin 2020 8 commentaires

François Bourque
Le Soleil

À l’heure où la peur, le télétravail et le ralentissement économique plombent les appuis au transport en commun et au projet de tramway le conseiller de Démocratie Québec, Jean Rousseau, fonce à contre-courant.
Dans une lettre au premier ministre François Legault, M. Rousseau propose de bonifier l’offre en fusionnant les sociétés de transport de Québec et de Lévis et en dessinant un «nouveau» périphérique dédié au transport collectif, à savoir:

1- un métro sous-fluvial de centre-ville à centre-ville, dans l’axe du troisième lien décrit par le gouvernement de la CAQ.

2- une ligne de trambus qui relierait le pôle d’échange de Ste-Foy à une des stations du métro, dans l’est de Lévis.

On retrouve ici le tracé de tramway-SRB dont les maires de Québec et de Lévis avaient beaucoup vanté les mérites il y a quelques années, jusqu’à ce que les coûts fassent dérailler le projet. Et les relations personnelles entre les deux maires.

Ce tracé empruntait le Pont de Québec, puis le boulevard Guillaume-Couture jusqu’au campus de Desjardins. On parlait aussi d’une antenne du côté de la Route des Rivières, à St-Nicolas.

Les citoyens de Lévis, qui sont de plus en plus nombreux à se déplacer vers l’est ou l’ouest sans traverser sur la rive nord, y auraient trouvé leur compte.

Je pensais à l’époque que c’était une bonne idée.

Je le pense toujours. D’autant plus que l’administration Lehouillier a renoncé depuis à des corridors centraux de transport en commun sur Guillaume-Couture et leur préfère de petits bouts de voies réservées en «latéral». Rien pour stimuler l’attractivité du transport collectif.

La vision que propose le conseiller Rousseau rappelle celle exprimée l’an dernier par le groupe GIRAM sur la rive-sud.

Les environnementalistes proposaient un tramway-métro de centre-ville à centre-ville et une ligne de tramway sur Guillaume-Couture et le Pont de Québec.

Le scénario de M. Rousseau implique l’abandon du volet autoroutier du troisième lien pour n’en conserver que celui du transport collectif pour lequel «les gens ont tous fait wow», se souvient-il.

On voit d’ici la résistance. Cette autoroute fut la promesse phare du gouvernement dans la région de Québec.

(…)

C’est ce qui manque à la proposition de monsieur Rousseau, je trouve. Le conseiller tient par exemple à un métro sous-fluvial qui roulerait sur rail. «Ça ne peut pas être l’autobus», insiste-t-il. Question de «volume et de rapidité».

Il ne m’a pas convaincu. Ce qui donne de la rapidité à un transport public urbain, c’est de rouler dans des corridors exclusifs où il n’est pas ralenti par le trafic ou par des feux de circulation. Il importe peu alors que ce soit un train, un tram ou un autobus.

Quant au volume, il est vrai qu’un tramway (ou un métro) a une plus grande capacité, mais il faudrait ici pouvoir faire la démonstration du besoin.

La dernière enquête Origine-Destination rappelle que les trois quarts des déplacements inter-rives se font actuellement dans l’ouest du territoire. La destination de ces citoyens ne va changer du jour au lendemain, même avec un métro au centre-ville.

M. Rousseau suggère de faire émerger ce métro à Expo-Cité. Pourquoi si loin? Dans l’hypothèse d’une autoroute, on peut comprendre. C’est même une obligation pour ne pas saboter les efforts d’aménagements dans St-Roch.

Mais pour un transport en commun en provenance de Lévis, un tunnel pourrait s’arrêter au centre-ville, ce qui ferait moins de kilomètres à creuser.

La suite

Voir aussi : Projet - Tramway, Projet - Troisième lien, Transport, Transport en commun.


8 commentaires

  1. Che

    2 juin 2020 à 09 h 30

    Belle vision pour la région. Je suis content de voir un parti municipal articuler une vision aussi complète.

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  2. paradiso Utilisateur de Québec Urbain

    2 juin 2020 à 10 h 44

    Chaque fois qu’un incident survient sur les ponts (i.e. chute de glace, accrochage à l’heure de pointe) l’agglomération est coupée en quatre.

    La rive Sud est évidemment coupée de la rive Nord.

    Le tiers ouest est coupé du 2/3 est, car la circulation refoule sur toutes les voies perpendiculaires à Henri IV (ch. Ste-Foy, St-Louis, Quatre-Bourgeois, boul. Hochelaga, Laurier). À tel point qu’un véhicule d’urgence ne pourrait jamais passer.

    Pour ces raisons, je crois qu’il faut un tunnel routier. Celui-ci pourrait être dédié en priorité au TEC, véhicules d’urgences, taxis, avec un péage modulé selon l’heure et la situation pour les automobilistes réguliers.

    En réseautique, on appelle ça la «redondance». Un fournisseur d’accès Internet ne peut se fier à un seul fournisseur de fibre optique. La circulation dans une ville doit être envisagée de la même façon.

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    • Che

      2 juin 2020 à 12 h 03

      Il existe déjà de la redondance : le pont de Québec et le traversier.

      Leur capacité ne suffit pas pour assurer un traffic fluide en cas de fermeture du pont Laporte, mais ça couvre les urgences.

      Puis, lorsque le 3e lien sera ouvert, et que le pont Laporte va être fermé exceptionnellement, le traffic va être aussi pire qu’aujourd’hui. La demande accrue créée (ou induite) par le 3e lien va en être la cause.

      D’autant plus qu’on parle de ne plus entretenir le pont de Québec afin de financer la construction du 3e / 2e lien. Un 4e lien avec ça ?

      De plus, un lien en TEC constitue une redondance. Le but est de transporter des personnes, pas nécessairement des véhicules.

      La redondance est toujours un calcul de coût/bénéfices/risques. Est-ce que ça vaut la peine de dépenser 8 milliards pour offrir une redondance pour deux jours par année (où les gens vont être pris dans un traffic monstre anyway) ?

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    • Omer

      2 juin 2020 à 12 h 06

      Exact, d’autant plus qu’il faudrait que nos autorités réalisent que la Ville de Québec n’est plus seulement Limoilou, Beauport et Charlesbourg et que la construction de résidences dans la CMQ ne diminuera pas. Sans vouloir comparer Québec à Montréal, c’est un peu le même principe qui est en train de se réaliser (« le Grand Montréal »).

      En ce sens, il a toujours été illogique de devoir faire un « détour » par les ponts lorsque l’on souhaite aller de Boischatel jusqu’à Lévis et vice-versa.

      Avec un nouveau lien entre Québec et Lévis, où se situent les centre-villes, il y aurait sans doute des gains pour les travailleurs et les entreprises.

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  3. "Le" lecteur assidu

    2 juin 2020 à 12 h 50

    ⭐️ @ monsieur Jean Rousseau ……et autres parties intéressées.

    – Pour faire court et éviter de répéter, j’invite monsieur Rousseau à extraire de ce site tous mes commentaires concernant le projet du maire Labeaume.

    – J’ose croire que cela contribuera à peaufiner sa position.

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  4. Jeff M

    2 juin 2020 à 17 h 11

    En transport routier, on s’intéresse de moins en moins à la redondance en raison de la demande induite.
    Probablement qu’en informatique certains s’intéresse aussi à ce phénomène. Avec les systèmes plus puissant on fait des logiciels plus gourmands en ressources.

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    • Insider

      3 juin 2020 à 12 h 54

      « Probablement qu’en informatique certains s’intéresse aussi à ce phénomène. Avec les systèmes plus puissant on fait des logiciels plus gourmands en ressources. »

      Disons que l’on ne fait plus beaucoup d’efforts pour optimiser l’utilisation des ressources. Les gestionnaires ont tendance à répondre que ça coûte moins cher d’acheter des ressources supplémentaires que de payer quelqu’un à optimiser.

      Cette vision court terme omet de considérer qu’un jour il faudra payer la facture. Par exemple dans une ville comme New-York, ne serait-ce que pour l’aspect climatisation ils ont fini par frapper un mur et ça a fait mal.

      En conséquence il est très facile de faire preuve de cécité sélective pour la demande induite quand on a une vision à court terme c.-à-d. 6 ans et simplement avec espoir d’être réélu pour un autre mandat.

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  5. Dédé

    3 juin 2020 à 10 h 37

    Entièrement d’accord avec la fusion des deux sociétés de transport. Ces deux petits royaumes vont cesser de se marcher sur les pieds.

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