Jean-Luc Lavallée
Journal de Québec
La Ville de Québec et les autres municipalités de la province viennent d’obtenir les outils légaux qu’elles réclamaient depuis plusieurs années afin d’exproprier les propriétaires délinquants qui laissent leur immeuble à l’abandon.
Le projet de loi 155, qui aura pour effet de modifier plusieurs lois dans le monde municipal, a été adopté sans tambour ni trompette par les députés provinciaux mercredi.
En chambre, le ministre des Affaires municipales Martin Coiteux a confirmé cette semaine que les villes auront désormais le droit d’exproprier «un immeuble délabré lorsqu’il y a refus ou incapacité réitérés du propriétaire de faire les travaux nécessaires et que l’immeuble est vacant depuis une période prolongée, c’est-à-dire depuis au moins un an».
La notion litigieuse de «risque pour la santé ou la sécurité des personnes», difficile à prouver selon les municipalités, semble avoir été évacuée. Il n’a toutefois été possible de le vérifier puisque le texte de loi n’était pas accessible en fin de journée, vendredi, sur le site web de l’Assemblée Nationale.
Jointe par Le Journal, l’attachée de presse du ministre des Affaires municipales Martin Coiteux assure que cette fois-ci, c’est la bonne. «Monsieur Labeaume a eu les pouvoirs qu’il souhaitait. On a répondu à ses demandes», a indiqué Marie-Ève Pelletier. Une première tentative de renforcer la loi en matière d’expropriation avait échoué en juin 2017, au grand dam du maire de Québec.Méfiant en point de presse, vendredi après-midi, Régis Labeaume n’était pas encore prêt à célébrer. Il a rappelé que le gouvernement lui avait déjà joué un tour l’an dernier en retirant les dispositions recherchées du projet de loi 122 dans la version finale du texte de loi.
Le ministre Martin Coiteux disait alors craindre les abus. «On voulait faire preuve d’une certaine prudence pour éviter l’exagération dans l’utilisation de ces pouvoirs-là», avait-il déclaré à l’époque.
«Moi, j’ai lu les derniers changements mais chat échaudé craint l’eau froide. On va faire une dernière lecture là-dessus pour savoir si c’est conforme à ce qui nous a été dit parce que la dernière fois, il y avait eu des petits changements alors permettez-moi de refaire une petite lecture avant de répondre», a réagi M. Labeaume.
Ce dernier, un brin optimiste, a néanmoins évoqué le cas de la Maison Pollack qui pourrait enfin se régler. «Là, si tout va bien, on aurait plus de latitude. Alors on avance. Pour les bâtiments possédés par les voyous de l’immobilier, c’est toujours compliqué mais on avance… Si on vivait un cas similaire à la boucherie Bégin, ça pourrait aller vite», a-t-il également observé, réservant toutefois ses commentaires finaux pour un prochain point de presse.