
Intéressant, et surtout nécessaire dossier du Soleil à la veille des Fêtes et au lendemain de la Guignolée des médias [billet]. On y dresse par ailleurs, dans l’édition papier, le portrait de personnes qui n’ont pas fait le choix de « tomber » dans la grande misère…
Source: Jean-Simon Gagné, Le Soleil, 7 décembre 2007.
(…) Le Canada connaît une période de prospérité d’une durée sans précédent. Au Québec, le taux de chômage est à son plus bas niveau depuis 33 ans. À l’approche de Noël, les campagnes pour aider les démunis se multiplient comme les brins d’herbe sur la prairie. Pourtant, la pauvreté ne recule pas. Pire, elle fait partie du paysage.
La pauvreté, nous la croisons tous les jours, souvent sans même l’apercevoir. C’est la mère de famille qui élève seule ses deux enfants dans un deux et demi, à Matane. L’ex-toxicomane qui s’accroche à son boulot de caissière, à temps partiel, dans un dépanneur de l’est de Montréal. L’ancien père de famille modèle de Charlesbourg qui a tout perdu après avoir sombré dans la dépression et dans l’alcool. Le vieillard malade qui attend la mort, tout seul dans une petite chambre du quartier Saint-Sauveur. La pauvreté, c’est une famille d’immigrants du Guatemala débarquée au Québec l’été dernier. Ils ne mangeront pas grand chose ce soir, parce qu’il faut bien payer le loyer.
Pour éviter d’apercevoir les mille visages de la pauvreté, on peut regarder ailleurs. Ou se réfugier derrière les statistiques et les définitions. Dans son dernier rapport, le Conseil canadien de développement social évoque l’énergie que les divers gouvernements gaspillent à tenter de définir le fameux «seuil de pauvreté». À Québec, ce dernier varie même d’un ministère à un autre, voire d’une direction à une autre! Reste que peu importe les évaluations, la proportion de pauvres, au Québec et au Canada, constitue un véritable scandale. Elle toucherait, tenez-vous bien, entre 12 et 20 % de la population. (…)
On aurait pu croire que la période actuelle de croissance économique allait faire diminuer la pauvreté. Pour l’instant, elle aurait surtout contribué à creuser l’écart entre les riches et les pauvres. Selon le Conseil canadien du développement social, le revenu des familles les plus riches a augmenté de 35 %, de 1993 à 2003. Pendant ce temps, celui des plus pauvres n’a progressé que de 7 %. Pour expliquer cet écart, le Conseil évoquait les changement survenus au cours des dernières années sur le marché du travail. Les boulots à temps partiel, contractuels ou saisonniers constituent maintenant 37 % de tous les emplois offerts, contre 25 % en 1975. (…)
La suite. À consulter aussi, ce dossier: Le temps des Fêtes et ses diverses manifestations de solidarité (mon billet, signé par mégarde « Francis »!).