Isabelle Paré
Le Devoir
On maugrée sur Montréal à longueur de jour. On peste contre la collusion, les nids-de-poule, le métro en panne, les comptes de taxes qui partent en vrille. La présente campagne électorale en est l’illustration flagrante. Montréal, la sale, la corrompue, est le déversoir de la grogne quotidienne de Monsieur Madame tout le monde et le bouc émissaire des radios poubelle. Jamais un mot sur la banlieue, sauf quand l’UPAC s’avise de débarquer chez des maires qui jouent aux gangsters.
Et pourtant. Au-delà des lamentations répétées, Montréal, pas l’administration, mais l’entité urbaine, se tire mieux de la crise que la plupart des banlieues. À Montréal, comme dans bien des villes américaines, on observe un retour vers les centres-villes au détriment de la périphérie.
Une statistique, comme ça. Des chiffres obtenus de la Fédération des chambres immobilières du Québec (FCIQ) sur la fluctuation des valeurs depuis la crise de 2008 démontrent que le prix moyen des maisons a bondi de 37% sur l’île de Montréal. Pendant la même période, les prix ont cru de 29% à Laval, et de 26% sur la Rive-Nord et la Rive-Sud. Si le prix des maisons monte en flèche, c’est que la demande est de plus en plus forte.
«On dit toujours que 20 000 Montréalais quittent l’île vers les banlieues limitrophes, mais on oublie qu’il y a 33 000 immigrants qui arrivent à Montréal chaque année, dont 4000 résidants non permanents qui cherchent à s’installer, notamment des étudiants universitaires», explique Paul Cardinal, directeur analyse du marché à la FCIQ.
Le dernier baromètre des ventes de maisons annonce un recul de ventes de 8% sur la Rive-Nord, de 2% à Laval, alors que l’île de Montréal s’en tire avec une hausse de 2%.
Évidemment, les chiffres ne disent pas tout. Si on regarde de plus près, ce vaste «Montréal» défini par Statistique Canada ne témoigne pas vraiment de l’effervescence que connaissent les quartiers centraux.
* Un historien me disait récemment que la migration des gens de Québec vers la banlieue depuis les années 60 commence à voir un certain retour au centre de la nouvelle Ville de Québec