Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou.
Lors d’un billet précédent, un lecteur (Dominick P) se demandait si le réaménagement de la Place Lucien Borne, prévu en 2018, allait se faire vu les travaux très importants dans ce coin de la Ville l’été prochain.
Réponse obtenue:
Bonjour M. Gobeil,
Le projet de réaménagement du parc Lucien-Borne est suspendu puisque l’école Joseph-François-Perrault projette un agrandissement de son bâtiment. La modification du parc pourra être analysée à nouveau une fois les travaux de l’école terminés.
Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou.
Catherine Lachaussée
Radio-Canada
Soigneusement entreposés dans les tiroirs de BAnQ, ils dormaient depuis peut-être des décennies.
Impossible de savoir quand on avait ressorti ces plans pour la dernière fois. On ne les voit reproduits nulle part au fil des nombreuses recherches menées sur les anciennes patinoires de la ville. Soigneusement entreposés dans les tiroirs de BAnQ (Bibliothèque et Archives nationales du Québec), ils dormaient depuis peut-être des décennies.
Grâce à la complicité du centre d’archives, le président de l’anneau Gaétan Boucher, Benoît Lamarche, et l’architecte André Breton, qui mène le projet de construction d’un nouveau Centre de glaces pour la ville, ont pris plaisir à y jeter un coup d’oeil.
(…)
L’endroit se fera connaître comme le Skating Rink de Grande-Allée. Ou le Rond, tout simplement.
L’auteur des plans, Harry Staveley, était un architecte en vue à l’époque. On lui doit le vieil hôpital Jeffrey Hale de la rue Saint-Olivier, et plusieurs demeures cossues construites pour l’élite anglophone.
(…)
L’emplacement du Skating Rink de Staveley, coincé contre les fortifications et la porte Saint-Louis, paraît invraisemblable aujourd’hui. Déjà, pour Eugène-Étienne Taché, l’architecte occupé à élever le parlement juste en face, l’avoir construit là était une aberration.
Il succédait à un autre, installé sur le site où l’on a construit l’Assemblée nationale, démoli après avoir fini ses jours comme hangar.
Un troisième, inauguré en 1892 de l’autre côté de la rue, sur les Plaines, finit par se retrouver dans les jambes de l’architecte paysagiste responsable de l’aménagement du parc des Champs-de-Bataille. Pour lui, il était clair qu’il encombrait l’entrée naturelle du site.
Il finit par passer au feu, après avoir hébergé l’équipe de hockey des Bulldogs et les avoir vu remporter deux coupes Stanley.
Voir aussi : Anneau de glace, Arrondissement La Cité-Limoilou, Histoire.
Gabriel Béland
La Presse
(Québec) Les façades de pierre et de brique, les corniches sculptées, les portes de chêne massif… Il suffit de mettre les pieds rue Saint-Joseph pour admirer les traces de son passé prospère.
Mais depuis des mois, les pancartes « à louer » se multiplient sur cette artère commerciale emblématique de Québec, qui est depuis des décennies le sujet de bien des débats et symbolise la résistance des commerces « de la ville » contre ceux « de la banlieue ».
La rue a récemment perdu deux importantes enseignes au profit de la périphérie. EQ3 et Artemano ont toutes deux déménagé à Lebourgneuf, non loin des Galeries de la Capitale.
Pendant ce temps, à un jet de pierre de là, l’important local qui accueillait le magasin MEC est toujours inoccupé depuis 2016. La coopérative de plein air a elle aussi déménagé à Lebourgneuf, quartier récent proche des autoroutes et des centres commerciaux.
Le taux d’inoccupation des locaux rue Saint-Joseph est aujourd’hui de 14 %, selon les données les plus récentes obtenues par La Presse, alors qu’il était de 9,4 % en 2018. « C’est moyen, c’est clair. Il y a plus de 10 locaux à louer dans la rue », constate François Gagnon, propriétaire de Déjà Vu, commerce de meubles situé entre les anciens locaux du EQ3 et du Artemano.
« Mais je pense que ce n’est pas seulement Saint-Joseph, on le voit aussi sur Saint-Jean en haute-ville. C’est difficile de rivaliser contre la vente en ligne et tout ce qui s’appelle centres commerciaux avec les stationnements à perte de vue. » François Gagnon, propriétaire de Déjà Vu
La rue Saint-Joseph a un passé prospère, mais compliqué. Au milieu du XIXe siècle, la rue du quartier Saint-Roch est devenue la plus importante artère commerciale de Québec, supplantant celles de la haute-ville. Elle a compté jusqu’à 125 boutiques, dont les enseignes Laliberté, Paquet, Pollack et Le Syndicat de Québec.
Mais le développement de la banlieue après la Seconde Guerre mondiale a fait mal à Saint-Joseph. Les centres commerciaux ont poussé comme des champignons.
La mise en place d’un centre commercial couvert en 1972 n’a pas réussi à stopper le déclin : il a été démantelé en 2007. Les efforts de la Ville pour revitaliser Saint-Roch ont donné un nouveau souffle à la rue, mais les derniers mois ont été difficiles.
« C’est rue Saint-Joseph qu’on trouve les plus grands locaux hors centres commerciaux ou hors power center à Québec », rappelle Éric Courtemanche Baril, propriétaire de l’épicerie Intermarché rue Saint-Joseph et ancien président de la SDC Saint-Roch.
Avec la croissance du commerce en ligne, ces grands magasins auront de plus en plus d’ennuis, croit-il.
L’entreprise immobilière Groupe Mach a acquis de nombreux grands locaux de la rue depuis 2017. Elle possède notamment l’immeuble qui abritait le MEC. Le local vacant, intersection Saint-Joseph et de la Couronne, est toujours inoccupé depuis.
« Sûrement qu’on ne pensait pas qu’il serait encore vacant aujourd’hui. Mais on continue d’acheter dans le secteur, on continue de croire au secteur », assure le conseiller juridique de Mach, Laurent Dionne-Legendre. « Mais l’ancien MEC n’est pas le symbole de ce qui va mal sur Saint-Joseph. C’est une question de temps. »
Le groupe immobilier ne cache pas ses ambitions : ramener le centre-ville à Saint-Roch plutôt qu’à Sainte-Foy ou à Lebourgneuf. « Est-ce qu’on veut que le centre-ville se développe autour d’un boulevard commercial comme Laurier ou est-ce qu’on revient vers Grande-Allée, la basse-ville ? Nous on pense que le centre-ville va revenir ici. »
En attendant, l’entreprise a acquis l’immeuble du magasin Laliberté, la dernière survivante des grandes enseignes de l’âge d’or de la rue. Mach tente de trouver un repreneur pour exploiter le détaillant, qui vend des vêtements. Mais tous les scénarios sont possibles, y compris un changement de vocation.
* Merci à un fidèle lecteur … assidu
Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Commercial.
Alexandre Duval
Radio-Canada
Le domaine de Maizerets, à Québec, sera le terrain d’importants investissements au cours des deux prochaines années. La Ville vient de lancer un premier appel d’offres pour rénover la grange-étable, un bâtiment de 1755 dont l’intérêt patrimonial et archéologique ne fait aucun doute.
La Société du domaine Maizerets caresse cet important projet depuis presque 15 ans. Quant au maire Régis Labeaume, il le promet depuis 2013.
Un premier pas avait été franchi l’automne dernier. La restauration de la grange-étable, évaluée à 4,4 millions de dollars, avait été inscrite au plan quinquennal d’investissement 2020-2024 de la Ville.
Avec l’appel d’offres lancé au début du mois de mars par la municipalité, le projet est désormais sur les rails.
La Ville est à la recherche de services en architecture pour construire des salles multifonctionnelles à l’intérieur de la grange-étable. Elle veut aussi mettre en valeur les éléments archéologiques qu’elle renferme.
Le défi sera de taille. La grange-étable est l’un des rares bâtiments de ferme à avoir traversé l’épreuve du temps sur le domaine de Maizerets. Les éléments architecturaux d’origine devront donc être préservés.
Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Histoire, Patrimoine et lieux historiques.
Baptiste Ricard-Châtelain
Le Soleil
Le propriétaire du Best Western du quartier Saint-Roch donne le coup d’envoi d’un projet immobilier évalué à 32 millions $ qui commencera par la construction de plus de 40 logements ainsi que d’un stationnement souterrain d’une centaine de places.
«Les travaux devraient débuter cet été», annonce au Soleil André Huot, collaborateur de l’hôtelier Joey Thiffault. Mais, déjà, des ouvriers sont à l’ouvrage.
Un grand terrain a été libéré entre les rues de la Salle et de la Reine, dans le quadrilatère coincé entre les rues de la Couronne et Dorchester. C’est là que sera joué le premier acte.
Autorisée par la Ville fin novembre, début décembre, la démolition de deux bâtiments d’habitation de 1920 et 1970 est réalisée. Et les fondations des voisins ont été renforcées.
Ainsi, dès l’été, André Huot pourra lancer la phase 1. «C’est un chantier qui va s’étendre sur un an.»
Que pourra-t-on voir au cours de ce premier tour de piste des développeurs? Le grand rectangle aujourd’hui délimité par des murets de béton temporaires sera d’abord vidé. «Le but de l’exercice, c’est d’avoir des stationnements souterrains pour l’hôtel Best Western existant.» Entre 90 et 120 voitures pourront s’y réfugier.
«Ça fait longtemps que M. Thiffault ne veut plus avoir de stationnements sur sol», observe André Huot. «C’est mieux pour l’environnement immédiat du quartier. C’est plus beau d’avoir un bâtiment que d’avoir un terrain de gravier.»
Justement, sur ledit stationnement érigé sous terre, il y aura des habitations. «Ça implique de la construction résidentielle aussi sur ces terrains-là. […] On construit 40 unités résidentielles locatives.»
«Il y aura deux bâtiments», poursuit M. Huot. «Un qui donne sur la rue de la Salle de quatre étages et un qui donne sur la rue de la Reine de trois étages.» Entre les deux? Il y aura «une cour intérieure agrémentée d’arbres».
«Probablement que ça va être mis en location pour juillet 2021. Les logements varieront de 600 pieds carrés à 1200 pieds carrés, de 3 ½ à 5 ½.»
Voilà pour le chantier de 2020-2021. «Pour cette partie-là, c’est une douzaine de millions [de dollars] au total.»
Phase 2 : jusqu’à 12 étages
Il y a pareillement du mouvement derrière le Best Western dont la devanture borde la rue de la Couronne. Une des compagnies de Joey Thiffault vient finalement de mettre la main sur la petite maison du 355, rue de la Salle. Cette acquisition permet de compléter un grand terrain sur lequel l’homme d’affaires rêve d’une tour de 12 étages.
Ici, il reste plus de fils à attacher avant de commencer l’excavation. «C’est dans un deuxième temps, dans une deuxième phase», insiste d’ailleurs André Huot. «On regarde pour construire, adjacent à l’hôtel existant, un nouveau bâtiment à usage mixte probablement résidentiel et hôtelier.» Il y aurait un stationnement souterrain. «Mais le projet reste à confirmer.»
Cette phase 2 est néanmoins avancée. Déjà en 2012, l’immeuble avait été intégré au plan d’urbanisme de la Ville de Québec, qui est favorable.
Aussi, quoique les détails ne soient toujours pas dessinés, M. Huot certifie que le désir d’aller de l’avant, plus tôt que tard, est bien réel. «On espère 2021. Ce n’est pas remis aux calendes grecques. Ça dépend du marché hôtelier, du marché résidentiel locatif. On va au gré du marché. C’est lui qui décide un peu ce qu’on fait, quand on le fait et comment on le fait.»
«Ce qui est assuré, c’est qu’il y a un bâtiment là avec un zonage d’une douzaine d’étages qui est possible et qu’on veut faire tout en bois massif. Un peu comme la tour Origine [de la Pointe-aux-Lièvres], mais avec une option hôtellerie.»
Le plan toujours à l’étude comporte un agrandissement du Best Western de la même hauteur que l’hôtel actuel, soit six étages. Au-dessus, il y aura des appartements. Reste à déterminer s’ils seront loués ou vendus en copropriétés.
«C’est un investissement qui va être autour de 20 millions $.»
10 ans de préparation
Voilà un bon moment que Joey Thiffault et André Huot préparent ce développement dans le quartier Saint-Roch. Ils ont acheté petit à petit des propriétés du secteur. «Ce sont des terrains qu’on assemble depuis plusieurs années, depuis au moins une dizaine d’années.»
Une entreprise de M. Thiffault possède d’ailleurs quelques autres terrains des alentours.
Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Commercial, Tourisme.
17000 véhicules par jour circulent sur le Chemin Ste-Foy. 13000 sur le boulevard René-Lévesque (circulation moindre à cause des voies réservées). Une artère commerçante très achalandée. Et des travaux importants à faire, dans la continuation de ceux exécutés en 2017. Tout cet ensemble verra un été 2020 qui sera source de complications connues.
C’est lors d’une conférence de presse très courue que la Ville nous a présenté le projet. L’essentiel des inconvénients pour les automobilistes est présenté dans l’image suivante:
En ce qui a trait au transport en commun, nécessairement détourné, il sera de cet ordre:
Pour les personnes habitant le secteur et ayant des vignettes de stationnement pour cette section nord de l’avenue Cartier, la Ville leur donnera l’usage du terrain où est l’ancien Garage Bérubé qui ne fait toujours pas l’objet d’une construction (voir ce billet).
Pour d’autres informations, le communiqué.
* Une rencontre avec les citoyens est également prévue pour le 3 mars 2020, de 19h à 21h, aux Loisirs Montcalm (265 Boul. René-Lévesque), salle Fraser.
Les défis du chantier Cartier-Sainte-Foy Jean-François Néron (Le Soleil)
Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Commercial, Message d'intérêt public.
Mathieu Dessureault
Université Laval
Les quartiers centraux de Québec font l’objet d’une gentrification tandis que la pauvreté s’enracine en banlieue.
Elle est révolue, l’époque où des quartiers comme Saint-Roch ou Saint-Sauveur étaient le fief des familles ouvrières et des gens moins fortunés. Plus que jamais, ces secteurs se refont une beauté et attirent une nouvelle faune composée de professionnels et de jeunes familles. En revanche, plusieurs s’inquiètent des effets négatifs de la gentrification, comme la disparition de logements abordables et le déplacement de la population locale.
Pour mieux comprendre ce phénomène, Louis-Pierre Beaudry effectue une thèse de doctorat sur les dynamiques socioéconomiques dans la région de Québec. D’un quartier à l’autre, il conçoit des cartes en recoupant un lot important de données récoltées de 1971 à 2016: entre autres, la population par secteur, le salaire moyen des résidents, le nombre de logements sociaux, le taux de diplômés universitaires et la proportion de propriétaires et de locataires.
«Pour rendre compte de changements socioéconomiques au-delà des études qualitatives visant un quartier spécifique, aucune recherche n’avait été faite à l’échelle de la région de Québec dans une approche quantitative, souligne Louis-Pierre Beaudry. En analysant les dynamiques de gentrification, j’ai réalisé que les quartiers centraux se sont gentrifiés suivant différentes vagues depuis 1971, tandis que les quartiers de la première couronne, comme Saint-Rodrigue, Vanier et certains secteurs de Sainte-Foy, s’appauvrissent.»
Partout dans la ville, un constat: l’écart persistant entre les riches et les moins nantis. «Le principe est simple: les riches s’installent où ils veulent, les pauvres où ils peuvent. L’exemple le plus marquant est celui du plateau Sainte-Foy. On y trouve un clivage socioéconomique énorme entre ceux qui habitent le long de l’autoroute Maurice-Duplessis et ceux qui vivent au centre du secteur. Les logements denses entourés de stationnements et dénués de verdure servent d’écran à des maisons unifamiliales dans un quartier verdoyant.»
Ce secteur se situe dans la médiane de la région en termes de revenu annuel, avec un salaire moyen de 38 250$. On pourrait donc croire qu’il est composé de ménages de classe moyenne. Or, dans les faits, il accueille des gens qui font partie des 10% les plus pauvres de la population et d’autres qui font partie des 10% les plus riches.
Pendant ce temps, les quartiers ouvriers du centre-ville s’embourgeoisent et font l’objet d’une popularité grandissante. Les terrains vacants, de plus en plus rares, sont pris d’assaut par des promoteurs immobiliers et de nombreux bâtiments d’origine sont restaurés. C’est le cas particulièrement dans Saint-Sauveur, où près de 800 permis de rénovation ont été délivrés par la Ville de Québec depuis mai 2016. «Après une période dans les années 1980 et 1990 où plusieurs bâtiments publics ont été construits sans reproduire la trame typique des faubourgs, nous voici dans une nouvelle phase où n’importe quel petit terrain dans le centre-ville est la cible de constructions neuves. Au-delà des ménages qui choisissent de s’installer en ville, la gentrification est directement encouragée par le marché privé. Des promoteurs font des achats de friches ou de bâtiments désuets pour construire des immeubles avec de plus gros volumes afin de profiter de la valorisation du secteur.»
Des quartiers jadis mal aimés
Après la Seconde Guerre mondiale, le centre-ville se vidait. Avec l’arrivée de la voiture et la construction des autoroutes qui ont permis de connecter les banlieues, de nombreuses personnes ont quitté ces quartiers. De 1941 à 1961, la population de Saint-Roch a chuté de 13 450 à 6 815 résidents. De leur côté, les quartiers Beauport, Giffard, Charlesbourg et Sainte-Foy sont passés de 11 000 à 63 000 habitants.
(…)
Le chercheur observe par ailleurs que la gentrification est beaucoup moins marquée à Limoilou que dans des quartiers montréalais similaires, comme Rosemont. «Mon hypothèse pour expliquer cette différence est l’importance de la pollution environnante. Avec la proximité de l’autoroute Dufferin-Montmorency, d’une papetière et d’un incinérateur, certains ménages qui auraient été autrement attirés par le milieu vont choisir de s’établir ailleurs.»
Dans son ensemble, «la gentrification a évolué de manière modérée à Québec, préservant jusqu’à présent le caractère populaire de plusieurs quartiers, conclut le doctorant. Seuls les secteurs de Sillery et du Vieux-Québec Basse-Ville, qui sont dépourvus de logement social, font exception, comptant maintenant parmi les secteurs les plus aisés de la région.»
* Merci à un fidèle lecteur très … assidu
Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Histoire.
Villes Régions Monde
Claudia Larochelle
Interview avec Étienne Berthold, professeur en géographie à l’Université Laval
Vous avez récemment mené des recherches sur le processus de patrimonialisation. Pourriez-vous nous en dire plus sur la recherche, son contexte et les principaux objectifs ?
Mon objet d’étude est le patrimoine urbain. Je m’intéresse à l’ensemble des processus qui accompagnent les transformations, la requalification des quartiers. Comment un quartier devient-il quartier historique ? Le processus de patrimonialisation est un objet d’étude qui est déjà très bien documenté à l’échelle du bien public. Mais à l’échelle de la propriété privée, je me demande de quelle façon un quartier historique peut devenir patrimonial pour les propriétaires. Autrement dit, comment « une maison » peut-elle devenir un symbole patrimonial ?
Au fil des années, je me suis penché sur les mécanismes qui sous-tendent le déploiement de l’idéologie patrimoniale à l’échelle de la propriété privée. En 2015, nous avons repéré des maisons à travers le Vieux-Québec (Figure 1) qui ont été restaurées par les propriétaires privés. Ensuite, nous avons fait l’analyse du discours des propriétaires à l’égard de cette restauration afin de savoir dans quelle visée celle-ci avait été effectuée. Effectivement, plusieurs de ces maisons ont été restaurées en fonction de l’idéologie patrimoniale, c’est-à-dire pour valoriser la dimension historique du bâtiment.
Il y a un discours voulant que les Québécois soient dépossédés de leurs biens par les propriétaires non-résidents (les absentee owners) dans le Vieux-Québec, nommément les Américains. L’objectif de la recherche était de se demander comment ce discours a pu se construire ? Et est-ce qu’il fait du sens par rapport à la réalité ? Qui sont ces propriétaires étrangers ? De quelle façon les discours se sont construits autour des propriétaires non-résidents dans le Vieux-Québec ? Qu’est-ce que ces discours cherchent à nous dire ? Est-ce que ces discours disent la vérité sur le phénomène des propriétaires non-résidents ? Voilà des questions qui animent mes plus récents efforts de recherche.
(…)
Est-ce que vous avez des résultats ? Quels seraient les premiers résultats que vous tirez de cette enquête de terrain ?
Une des premières choses qui nous a surpris, c’est que la proportion d’Américains est extrêmement basse : 90% des propriétaires non-résidents sont des Québécois qui vivent dans un rayon de 3 km2. Autrement dit, l’idée – largement répandue – que l’augmentation du nombre de propriétaires américains soit reliée à une hausse des valeurs immobilières n’est pas une équation à systématiser, même si cela peut arriver en fonction de la demande. Il y a plusieurs sens à la notion de spéculation, mais dans le cas du Vieux-Québec, le constat est qu’il n’y a pas de grands propriétaires qui possèdent des grands ensembles. Le phénomène en cours correspond plutôt à de la petite spéculation, à l’échelle individuelle.
Au niveau théorique, le constat est que nous sommes en présence d’une pratique discursive, qui s’est immiscée dans l’espace public et qui ne correspond pas complètement à la réalité. En tant que chercheur en histoire culturelle, je cherche à comprendre comment ce discours s’est construit et le comparer avec la réalité effective. En ce sens, les collaborations avec des collègues ayant développé des approches méthodologiques qualitatives et quantitatives offriront un contexte de recherche pluridisciplinaire nécessaire à la compréhension du phénomène des propriétaires non-résidents.
Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Tourisme.
Patrice Laroche
Le Soleil
La démolition de l’église Saint-François d’Assise progresse. Il ne restera bientôt plus rien du lieu de culte situé au coin de la 1re Avenue et de la rue De L’Espinay. Acero, Groupe Immobilier, commencera en avril la construction d’un immeuble locatif de quatre à sept étages de 90 unités, dont 12 maisons de ville, en plus de trois commerces.
Et des photos de notre collaborateur Martin Otis:
Voir aussi : Arrondissement La Cité-Limoilou, Histoire, Logement locatif ou social.