François Bourque
Le Soleil
CHRONIQUE / La Ville de Québec tiendra une seule soirée de consultation avant d’autoriser le projet du Phare qui va changer pour des générations, le paysage et la ligne d’horizon de la capitale.
Consultation est ici un bien grand mot, puisque l’administration Labeaume a déjà donné son appui au projet et n’est pas liée par ce que pourraient dire les citoyens.
Le promoteur Michel Dallaire a aussi tenu ses propres consultations le printemps dernier.
Le petit soir de «démocratie» prévu par la ville le 21 novembre prochain, contraste avec la vaste consultation qui avait précédé l’adoption en 2012 du Programme particulier d’urbanisme (PPU) du plateau de Sainte-Foy.
Pendant plus d’un an, la ville avait multiplié les rencontres avec des centaines de citoyens, entreprises, institutions et acteurs du secteur.
Il en avait en outre résulté un large consensus pour limiter à 29 étages la hauteur des futurs immeubles du côté Nord du boulevard Laurier.
«Le PPU guidera l’action de la Ville pour les 20 prochaines années», écrivait alors le bras droit du maire Labeaume, François Picard, à la première page du document.
«Il était de notre devoir de mettre en place une démarche complète, sérieuse et rigoureuse qui regroupe le plus de citoyens et d’opinions», avait ajouté M. Picard.
Le PPU de Sainte-Foy a depuis été modifié à deux reprises sans soulever de vagues, car les modifications restaient conformes aux orientations et objectifs de départ.
Le modifier à nouveau pour autoriser 65 étages plutôt que 29 risquait de soulever davantage de controverse, mais l’administration Labeaume estimait ne pas avoir le choix : pour permettre le Phare, une modification au PPU (et au zonage) était nécessaire.
La Ville vient cependant de changer d’idée. On a appris la semaine dernière qu’elle a trouvé un autre moyen légal (article 74.4 de sa Charte) pour forcer l’adoption du projet de Phare sans devoir toucher au zonage ou au PPU.
Cet article permet d’imposer de grands projets privés ou publics sans tenir compte de l’acceptabilité du voisinage.
Sur le fonds, ça ne change rien que la ville prenne un moyen ou l’autre, le résultat étant le même : permettre une tour de 65 étages là où le zonage disait 29.
Pourquoi alors ce changement de stratégie?
Mon hypothèse est que la ville souhaite limiter les dommages de perception.
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