
Annie Morin
Le Soleil
L’implantation d’un tramway dans une ville change complètement les patrons de circulation et il faut du temps et de nouveaux aménagements pour que les usagers de la route refassent leurs repères.
Le Français Fabrice Magnier en connaît un bout sur la question. Le chef du Centre d’ingénierie et de gestion du trafic (CIGT) de Bordeaux Métropole, conférencier au colloque sur la sécurité routière organisé par la Ville de Québec, a vu l’agglomération de Bordeaux s’adapter au tramway. Chaque année depuis 2003, le rail y gagne du terrain: le réseau compte désormais 80 kilomètres.
«Certains itinéraires qui étaient employés par les usagers tous les jours pour aller à leur travail, maintenant qu’ils se retrouvent face à un tramway qui est prioritaire et qui a une fréquence assez élevée, ça devient des points assez difficiles à traverser», raconte M. Magnier en entrevue téléphonique au Soleil.
Alors que Québec tente d’installer un tramway en retranchant un minimum de voies de circulation aux automobiles, Bordeaux n’a pas hésité à réduire l’espace dévolu aux voitures, même sur des artères très fréquentées. Pour M. Magnier, c’est une évidence: «Si on avait gardé autant de place pour les voitures, les usagers n’auraient pas pris le transport en commun», dit-il.
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À Québec, le maire Régis Labeaume plaide que les véhicules suivant le tramway profiteront de la priorité aux feux de circulation et qu’il y aura autrement très peu de changements pour les automobilistes. Quand le tram roulera sur une plate-forme réservée au centre de la chaussée, le virage à gauche sera interdit.
Si la nouvelle donne dans l’agglomération de Bordeaux a convaincu plusieurs navetteurs de sauter dans le tram, elle a aussi stimulé la créativité de certains automobilistes. «On a eu quelques difficultés sur les petites rues adjacentes où il y avait un trafic de transit», reconnaît M. Magnier.
Pour y faire échec, des rues ont été transformées en «sens unique» ou pensées en «tête bêche», c’est-à-dire que des tronçons vont dans un sens, puis dans l’autre, pour empêcher une circulation en ligne droite. À la grande satisfaction des résidents, mais au déplaisir des automobilistes.
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