Serge Beaucher
Revue Contact
«À vendre, magnifique bâtisse en pierre taillée, début XXe siècle, située au milieu d’un vaste domaine, avec vue sur fleuve et montagnes; cause, départ à la retraite des propriétaires.»
À quelques variantes près, cette petite annonce fictive pourrait bien être reproduite des centaines de fois au Québec et à Québec, au cours des prochaines années. Couvents, cloîtres et autres établissements religieux déjà à moitié vides seront abandonnés les uns après les autres à mesure que les membres vieillissants des congrégations cesseront d’y habiter.
Qu’adviendra-t-il alors de tout ce patrimoine bâti qui façonne nos villes et raconte notre histoire? Des chercheurs de l’École d’architecture de l’Université Laval réfléchissent activement à la question, tentant notamment de prévenir l’impasse qui point à l’horizon: d’une part, l’État n’est pas disposé à prendre ces actifs en charge, comme il l’a fait pour les écoles et les hôpitaux après s’être approprié les responsabilités de l’éducation et de la santé, au sortir de la Révolution tranquille; d’autre part, le secteur privé n’est plus guère tenté par la conversion de tels bâtiments, qu’il a jugée non rentable lors d’une première vague de transfert de propriétés, dans les années 1970.
Rien qu’à Québec, Tania Martin a recensé près de 300 propriétés de communautés religieuses.