François Bourque
Le Soleil
CHRONIQUE / Aucune épidémie, tragédie ou attentat terroriste n’a fait disparaître le besoin de se regrouper dans les villes pour y vivre, y travailler et s’y divertir.
Mais une des questions qui va se poser au sortir de la pandémie est celle de la densification.
Les grosses villes du monde ont été plus durement touchées par le virus que les régions plus petites ou éloignées.
Ce n’est peut-être qu’une question de temps avant que toutes soient atteintes aussi. Mais il tombe sous le sens qu’une densité forte est un vecteur de contagion plus lourd que des milieux de vie aérés.
Les principes de développement durable nous ont poussés depuis quelques décennies à mieux occuper l’espace des villes desservies par les services publics. Cela a mené à une densification souvent intense. Trop parfois.
Des enjeux de santé publique pourraient cependant inciter à revoir ce modèle. Pour affronter de nouvelles pandémies, devrait-on envisager des villes et des quartiers avec davantage de «distanciation» naturelle?
Comme dans les banlieues nord-américaines de l’après-guerre à une époque où l’étalement des villes n’était pas une préoccupation.
Un retour vers l’étalement urbain?
«On a dit ça au début de l’informatisation, au début des années 80», se souvient François DesRosiers, professeur au département de finance, assurance et immobilier à l’Université Laval.
«On avait prévu une baisse de l’intérêt pour des localisations centrales et plus d’intérêt pour la périphérie».
Ça ne s’est pas produit.
(…)
À défaut de pouvoir empêcher le virus de se répandre, on veut éviter que tout le monde l’attrape en même temps, ce qui forcerait des hospitalisations au-delà de la capacité d’accueil des hôpitaux.
La stratégie vaut aussi pour la lutte à la congestion sur les routes.
Aplatir la courbe des déplacements et l’étaler dans le temps.
On n’empêchera pas toute circulation le matin et le soir. Mais on peut essayer d’aplatir l’heure de pointe pour que tout le monde n’arrive pas sur le pont ou sur l’autoroute en même temps.
Moins de déplacements en même temps, cela signifie moins de congestion. Et moins de besoins pour un troisième lien et autres nouvelles infrastructures routières.
Ça adonne bien. On pourrait avoir besoin de ces milliards de dollars pour payer la facture de la pandémie.