Stéphanie Martin
Journal de Québec
Avec l’avènement du tramway, la moitié des usagers du transport collectif à Québec devront effectuer au moins un transfert pour se rendre à destination. C’est deux fois plus que dans un scénario sans tramway.
On apprend cette information dans une réponse donnée au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Ce dernier voulait connaître l’impact de l’arrivée du tramway dans la réorganisation du service actuel en ce qui concerne les correspondances, c’est-à-dire les transferts que les usagers doivent effectuer entre le départ de leur domicile et leur arrivée à destination.
Le Bureau de projet du réseau structurant a comparé deux scénarios à l’horizon de 2026 : un avec tramway, un sans tramway.
Dans un scénario où on conserve le système de transport en commun actuel, il y aurait, aux heures de pointe du matin, le quart des usagers du transport collectif (9900 sur 38 500 usagers) qui devraient prendre au moins une correspondance dans leur déplacement matinal. Avec l’arrivée du tramway, dès l’an un, cette proportion passera du simple au double (28 200 sur 54 900).
Pour Fanny Tremblay-Racicot, professeure à l’École nationale d’administration publique, et Marie-Hélène Vandersmissen, directrice du département de géographie à l’Université Laval et spécialisée en aménagement du territoire et en développement régional, ce scénario pourrait réduire l’attrait du transport en commun.
Tracé non « optimal »
Pour Mme Tremblay-Racicot, la nécessité d’effectuer un transfert est un « irritant » et « risque même d’engendrer une perte d’usagers des transports collectifs ». Cela « témoigne que le tracé du tramway (et ses lignes de rabattement) n’est pas optimal, car il relie moins efficacement les lieux d’origine et de destination ».
« Il est possible effectivement que pour certains usagers, le fait d’avoir deux ou plus de deux correspondances soit un inconvénient qui ne soit pas compensé par le confort, la fiabilité et la rapidité du tramway », indique Mme Vandersmissen. « Cela dépendra beaucoup du délai d’attente entre chaque correspondance et de la communication de ce temps d’attente aux usagers. »
Les banlieues perdantes
Les usagers des banlieues seront les principaux perdants dans ce scénario, car ils perdront leur express, selon les deux chercheuses.
Mme Vandersmissen souligne tout de même que le rabattement « leur donnera accès à l’ensemble du réseau, et donc à un éventail plus grand de lieux de destination, ainsi qu’à une plus grande fréquence de service ».
Le Bureau de projet explique cette nouvelle réalité par le « rabattement plus intensif, principalement aux pôles d’échanges, pour une correspondance du bus vers le tramway et vice-versa ».
Le Bureau insiste sur le fait que le réseau structurant de transport en commun apportera des gains de temps, et que « l’utilisateur aura le choix d’effectuer un trajet qui minimise les correspondances s’il le souhaite ».
La suite